Bonjour,
On ne peut pas comprendre l'époque si on ne se replonge pas un tant soit peu dans le contexte. Charlemagne n'avait aucune raison d'apprendre à écrire lui-même, parce qu'il avait un chancellier et un atelier de copistes dont c'était le travail. S'il s'est amusé à tracer des lettres, tant mieux pour lui, à chacun ses plaisirs solitaires, mais ce détail n'avance à rien concernant sa culture artistique. Ce qui importe c'est qu'effectivement il ait fait mettre par écrit de vieux chants et des lois germaniques, qu'il ait favorisé et fait venir à sa cour des intellectuels de toute l'Europe (Alcuin de Grande-Bretagne, Théodulfe d'Espagne, Paul Diacre et Paulin d'Aquilée d'Italie...), qu'il se soit préoccupé de théologie, qu'il ait promulgué de nombreuses lois... Et j'en oublie sans doute. Quant à l'Université, il s'agissait d'un cercle de lettrés (on trouvera à la source les détails dans Eginhard, et sinon dans n'importe quel livre sur Charlemagne). Il faut savoir que depuis les Mérovingiens, la cour royale accueillait, sous la responsabilité du maire du palais, une école ("scola") où étaient élevés les enfants des grands du royaume ("scolare", ou "nutriti", parce qu'ils étaient nourris par le roi) à partir de leur adolescence, qui avaient au préalable reçu une instruction élementaire soit chez leurs parents au sens large, soit auprès de l'évêque. A la cour, ils recevaient une instruction plus poussée, mais, à ce qu'on peut savoir, essentiellement axée sur les matières pratiques, administratives, leur permettant à l'avenir d'exercer un rôle dans le royaume. L'Académie Palatine de Charlemagne a pu effectivement être vue comme une université dans le sens où l'enseignement qui y était dispensé était d'un autre ordre de ce que l'on apprenait à la scola. On a vu en Charlemagne le créateur de l'Université, mais aussi l'inventeur de l'école... On sait ce qu'on doit en penser, et merci au père de France Gall pour sa merveilleuse et culturelle chanson...
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