Les temps mérovingiens constituent une époque plutôt obscure, au cours de laquelle le rôle des femmes nobles, apparentées aux têtes couronnées ou reines elles-même, a été plus ou moins négligé par les chroniqueurs.
Nous connaissons tous la brutalité des souverains d'alors, et le sort qui était réservé aux victimes de leurs calculs politiques. Mais qu'en était-il des reines ? Quel traitement leur était-il réservé au cours des règlements de comptes familiaux ?
Il faut savoir que la reine mérovingienne joue un rôle primordial au sein de la famille royale, puisqu'elle garantit la pureté de sa lignée. Elle est donc l'objet de toutes les attentions, et si les rois ne se privaient pas d'entretenir une multitude de concubines, ils prenaient toujours soin de conserver une reine de premier rang, une reine officielle, à leur côté. Celle-ci, mère des enfants légitimes du roi, avait la responsabilité des domaines royaux, avec la domesticité qui leur était rattachée, et paradait aux côtés de son époux au cours des cérémonies officielles ou religieuses. Au sein de sa famille, la reine était donc toute-puissante.
Mais en cas de crise, tout peut basculer. Si son époux est amené à mourir, la reine est la première à souffrir des attaques destinées à ruiner la dignité de sa famille. Trois cas de figure s'offrent alors :
1) Dans les cas les plus heureux, la reine est assignée à résidence, ou enfermée dans un monastère, et ses biens sont confisqués. Les reines Ultrogothe (épouse de Childebert Ier) et Bathilde (femme de Clovis II) subiront ce sort.
2) Le nouveau souverain désire s'approprier, outre son territoire, la descendance du feu roi son prédécesseur. Il opte alors pour une union politique, et épouse la veuve du défunt. Avec elle, il obtient le droit de disposer librement de ses enfants, avec la possibilité de les éliminer s'il le souhaite. Guntheuca, veuve du roi d'Orléans Clodomir, sera ainsi épousée par son beau-frère Clotaire Ier, et ses fils...assassinés.
3) Pour ruiner la pureté de la lignée du souverain défunt, la nouveau roi décide d'éliminer son épouse, garante de cette dignité sacrée. L'exécution est alors de mise : sur ordre de son beau-frère Gondebaud, la mère de sainte Clotilde est jetée dans un fleuve avec une pierre attachée au cou...Brunehaut, reine d'Austrasie, est liée à la queue d'un cheval fougueux qui, dans sa course folle, lui brise les membres...
Les reines franques ne se contonnent donc pas seulement au rang de simples génitrices. Epouses et mères de rois, elles sont garantes de la pureté de leur lignée, et détiennent de ce fait une autorité incontestable. A l'inverse des reines des dynasties suivantes, elles pouvaient être supprimées sur simple décision. Plus que jamais, elles vécurent dans la crainte du lendemain.
Je trouve donc étrange que presque aucun historien n'ait pris la peine de leur consacrer une étude. On a pourtant connu moins passionnant !
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