Pour le moment, je n'ai lu qu'une chose là dessus ( cf Persée, "Documents financiers de Saint-Martin de Tours de l'époque
mérovingienne", Journal des savants. 1970, N°2, par Pierre Gasnault)
"En 1703, dom Bernard de Montfaucon découvrit dans la bibliothèque de
l'abbaye Saint-Martin de Tours des fragments d'un manuscrit grec sur papyrus
écrit en lettres onciales. Ces fragments réunis à des feuillets de parchemin,
servaient de reliure à un manuscrit du commentaire latin du livre de Job
attribué au prêtre Philippe, disciple de saint Jérôme.
[...]
« La couverture de ce ms. est de plusieurs feuillets et lambeaux recollez
ensemble d'anciens livres de cens, où l'on voit sur plusieurs colonnes en
écriture cursive mérovingienne des noms de censitaires avec leurs redevances
en bleds, en argent. Le relieur avoit mis entre deux pour faire corps des
lambeaux et feuillets d'un très beau ms. de papier d'Egypte, dont l'écriture est en
capitales grecques. On en lit encore quelques mots bien conservés. » ""
" Les textes conservés sur ces documents sont disposés en colonnes dont
le nombre varie, suivant les feuillets, entre une et cinq. Sur treize feuillets
les colonnes sont séparées par un trait ; celui-ci est rarement rectiligne et
parallèle au bord du parchemin, mais le plus souvent il contourne les mots
extrêmes de la colonne de gauche.
Dans le coin supérieur gauche de deux parchemins se remarque le dessin
mutilé d'un chrisme.
L'écriture est une minuscule cursive de l'époque mérovingienne datable
de la seconde moitié du vne ou du début du vine siècle. On y reconnaît
plusieurs mains, mais il ne semble pas possible d'établir une chronologie relative
entre elles.""
""Quel est le contenu de ces documents ? Ils sont essentiellement occupés
par des listes de noms de personne, eux-mêmes regroupés sous une localisation
topographique. Celle-ci comprend deux termes : un substantif et un toponyme,
par exemple, coloneca Varinnas, coloneca Calviacus, coloneca Derciaco, domus
Milciacus 20. Le substantif qui revient le plus fréquemment est celui de coloneca,
parfois écrit en toutes lettres, le plus souvent abrégé col. ; il désigne la tenure
exploitée par un colon ou plutôt, comme on peut le constater dans ces
documents, par un groupe de colons. Dans un document apparaît le terme
de satium (sat h Talsiniaco) que l'on définit comme le centre d'exploitation
d'une tenure. Sur plusieurs feuillets se rencontre le terme plus général de
domus et, au moins une fois, celui de villa.
Il est donc vraisemblable que les personnes dont les noms sont énumérés
jouissaient de la qualité de colons. Leur nombre dépasse le chiffre de neuf cents.
La très grande majorité d'entre elles portent des noms issus du germanique
[...]
Chaque nom est suivi de l'indication des redevances auxquelles son
possesseur était tenu. Ces redevances sont constituées par des prestations en
nature. Les fruits de la terre exigés sont surtout des céréales : froment
(triticum), seigle, orge, avoine, toujours énumérées, sauf de très rares
exceptions, dans cet ordre. Plus rarement sont mentionnées d'autres céréales
[...]
L'article suivant Authelm[us] de meta mod[ia] duo concerne
sans doute lui aussi une redevance en céréales. Six feuillets font état de
redevances en bois ;
[...]
Enfin, à neuf reprises dans le même document est mentionnée une
redevance mystérieuse écrite tantôt bris caria, tantôt briscario. Faut-il rapprocher
ce mot qu'ignorent tous les dictionnaires de la langue latine de la forme
brisca (en ancien français brèche), à savoir le rayon de miel ? Il s'agirait
alors d'une redevance soit en miel, soit en cire, mais les quantités exigées
qui varient entre un demi-muid et deux muids paraissent très importantes.
[...]
Dix feuillets présentent au bas d'une colonne un total récapitulatif :
total des muids de blé, de seigle, d'orge, d'avoine, de bois et total général.
[...]
Au terme de cette description il semble que l'on puisse définir ces docu
ments comme des fragments de comptes de perception de redevances payées
par des hommes jouissant du statut de colon pour acquitter certains droits
et spécialement X agrarium et le lignaticum 25- II reste néanmoins une difficulté.
Sur presque tous les parchemins le montant des redevances a été annulé
par un trait horizontal, parfois même le nom du tenancier a été rayé. Nous
ne nous en expliquons pas bien la raison. Le document aurait-il été établi
avant la perception et modifié, le cas échéant, au cours des opérations de
recouvrement : les noms étant rayés au fur et à mesure que les tenanciers
s'acquittaient de leurs redevances ? Ou bien le compte d'une année aurait-il
servi de brouillon au compte d'un exercice suivant, les parties annulées corre
spondant aux modifications intervenues entre temps ?
En raison même des circonstances de leur découverte, il existe une forte
présomption pour que ces comptes concernent l'abbaye Saint-Martin de Tours.
Mais il y a plus. On sait, en effet, que vers l'année 730 l'abbé Autlandus
avait affecté aux besoins des frères de Saint-Martin un certain nombre de
villae dont les revenus devaient leur être versés chaque mois [...] ""
(désolé pour la longueur, mais des extraits choisis parlent mieux qu'un résumé personnel
)
L'autre exemple que je connais, et qui est plus hypothético-déductif, est celui de petites concentrations de guerriers avec à leur tête un homme plus riche, et une petite balance.
On pense qu'il s'agit d'un "chef douanier" en quelque sortes, qui, avec ses petites forces, rognerai des morceaux de métaux, afin de contrôler en poids les passages commerciaux ( et engranger des recettes pour l'Etat?) depuis l'outre manche ( je parle ici de tombes habillées retrouvées dans le Ponthieu.)
Voila, je ne peux malheureusement pas plus aider..