Effectivement. Et il s'est largement implanté en Neustrie, entre la Loire et l'Escaut, aux VIIe et VIIIe siècle, sous la férule des abbés et des monastères. Source : Dietrich Lohrmann, Moulins à Eau dans le cadre de l’économie rurale de la Neustrie (VIIe – IXe siècle).
Le moulin à eau tel que nous le connaissons a d'ailleurs fait son apparition au Proche Orient vers le Ier siècle avant notre ère (ce qui ne signifie pas qu'il n'y avait pas de moulins avant, seulement qu'ils n'étaient pas conçus de cette façon-là, les techniques de broyage sur meule étant de toute façon connue depuis la fin du Paléolithique). L'architecte Vitruve, dans De Architectura, en donne une description très précise, en particulier de la roue verticale qui entraîne les meules par renvois d'angle (ne me demandez pas des précisions techniques, ça me dépasse totalement). A cette époque, le moulin à eau est désigné sous le nom de "hydraletes". En France, cette technique arrive au IIe ou IIIe siècle de notre ère, les plus anciennes traces de moulins hydrauliques se situant à Barbegal, près d'Arles (13). Vu le site, la technique est largement maîtrisée (voir page Wikipédia pour plus de précisions).
A présent, voici ce que j'ai sur les moulins à vent :
Les moulins à vent apparaissent au cours du XIIe siècle. Leur technique aurait été, dit-on, rapportée d’Orient par les Croisés. Au XVe siècle, ils étaient encore couramment désignés sous le terme de "moulins turquoys", ce qui accréditerait leur origine orientale. Toutefois, cette hypothèse est aujourd’hui sérieusement remise en doute.
La Perse aurait utilisé des moulins à vent dès le VIIe siècle, notamment dans la province du Seistan. Ces moulins orientaux sont cependant très différents : ils n’ont pas d’ailes. Ce sont de hauts bâtiments robustes, pourvus de hautes meurtrières destinées à concentrer l’action des vents sur de grandes roues verticales installées à l’intérieur et à les faire tourner. Ces moulins semblent se répandre au XIIe siècle, d’une part en Afghanistan, en Inde et en Chine, d’autre part dans le monde musulman. Une autre théorie veut qu’ils soient originaires de Chine.
Le moulin à vent à conception "occidentale" (avec des ailes qui, en tournant, entraînent les mécanismes) semble originaire de l’est de la Méditerranée. Il y en avait, en tout cas, sur les îles de la Mer Egée. En Occident, les plus anciens documents relatifs à des moulins à vent sont tous issus sans exception des côtes de Normandie et d’Angleterre. Le plus ancien moulin à vent attesté en France est celui de Saint-Martin-de-Varreville (50), vers 1180. De là, cette technique, peut-être ramenée effectivement de Méditerranée par les ducs de Normandie et rois d’Angleterre, s’épand le long des littoraux du nord-ouest, puis en Bretagne et le long de la façade Atlantique. Ils sont attestés en Saintonge dès la seconde moitié du XIIIe siècle. Ils atteignent ensuite le midi languedocien. Le moulin à vent connaît aussi une expansion à l’intérieur des terres : 1269 à Saint-Philibert-sous-Gevray (21), 1297 à Paris. Le premier moulin à vent de Beauce est attesté à Lancé (41) en 1263.
Je vous fais grâce de la suite qui est orientée, pour les besoins de mon article, spécialement sur le Loir-et-Cher. Il semble que j'ai fait ce we une légère confusion entre la Crète et les îles de la Mer Egée. Ceci étant, géographiquement, ce n'est pas si tiré par les cheveux.
Source : -Anne-Marie Bautier, Les plus anciennes mentions de moulins hydrauliques industriels et de moulins à vent, in Bulletin Philologique et Historique (jusqu’en 1610) du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques (1960) (entre autres).
En fait, il est beaucoup plus facile de trouver de la doc sur les moulins à eau, bien plus répandus (dès qu'il y a un peu de tirant d'eau sur le moindre rû, on construit un moulin), que sur les moulins à vent, plus capricieux et plus... périssables, beaucoup ayant été construits en bois. Le moulin à vent, sous forme de tour de pierre, n'apparaissent en effet qu'au cours des XIVe et XVe siècles.
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