Oui, j'ai une source (qui vaut ce qu'elle vaut) :
Mémorial de la Météorologie National, par M. Garnier (1967)
Inutile de chercher le bouquin, tout est là :
http://www.alertes-meteo.com/vague_de_froid/vague_de_froid_sommaire_generale.htmDans la colonne à droite, tout en bas, il y a six documents téléchargeables sur les "grands hivers" (mais pas que) de - 51 à 2000. Evidemment, la partie la plus ancienne n'est pas documentée avec la même précision qu'à compter du Bas Moyen Âge où les observations sont plus nombreuses... L'auteur ne mentionne pas toujours explicitement ses sources mais, apparemment, il a épluché pas mal de chroniques et de récits divers pour établir cette liste.
Il y a eu, semble-t-il, un hiver exceptionnel en 761 - 762 (à peu près comparable à celui de 1709). Et en 763 - 764 également. Les années suivantes ont aussi connu des hivers rudes. En revanche, il place "une peste" en 800 - 801 suite à un hiver doux... mais s'agit-il de la peste dont nous parlons, ça, c'est autre chose. Il peut s'agir de n'importe quelle maladie épidémique. Pour le IXe siècle, il y a pléthore d'hivers rudes.
Je n'ai pas mon Leroy-Ladurie sous le coude, mais il me semble que l'optimum climatique médiéval commence plus tard, vers la fin du XIe siècle, et qu'elle correspond peu ou prou à l'expansion du gothique flamboyant. C'est une période relativement "courte", environ deux siècles, je crois, juste le temps que la mémoire humaine oublie qu'avant, ça pouvait être autrement, et qui s'achève (selon Leroy-Ladurie) au tout début du XIVe, vers 1304 / 1305. Pour autant, cet optimum n'a pas été exempt d'hivers froids qui ne sont pas néfastes, sauf rigueurs exceptionnelles, aux cultures.
Les dérèglements climatiques se signaleraient plutôt par des successions d'hivers dits "pourris" (doux et humides) et d'étés pluvieux qui nuisent bien davantage aux cycles des récoltes, voire les anéantissent totalement en gâtant les semences et en empêchant le mûrissement des blés, engendrant des famines apocalyptiques. Les famines engendrent les épidémies liées à la faim et à la malnutrition (les gens affamés mangeant n'importe quoi, cadavres d'animaux, charognes pleines de vers, seigle ergoté, même l'herbe dans les prés). En général, la guerre se greffe là-dessus et n'arrange rien (c'est le cas au XIVe siècle, c'est le cas également durant la grande famine de 1693 / 1694 qui a tué un Français sur sept). Sur un tel terrain, la peste ne peut débarquer qu'en conquérante... La famine, la peste et la guerre, une triade qui a profondément imprégné les esprits du XIVe siècle à la presque fin de l'Ancien Régime.
Pour la peste justinienne, il faudrait savoir aussi dans quel état est ce qui correspond actuellement à la France à l'époque où elle fait son apparition. Les différents royaumes sont quasi toujours en lutte les uns contre les autres, il me semble. Ce qui ne doit guère favoriser l'agriculture et la bonne santé des populations.