Cette histoire m'a un peu pris la tête et j'ai trouvé un petit texte sur un site "à la découverte des dialectes francique"
http://projetbabel.org/francique/per_franque.php3qui m'a l'air de bien résumé l'évolution des langues francique en Lorraine :
Citer :
Il faut noter que les territoires qui ont le terme "franc" dans leur nom ne sont pas forcément les plus francs de langue et de culture (France, Franconie)! Le mot francique est, en français, plus récent pour désigner la famille linguistique par rapport à l'époque historique des Francs. Ce n'est pas une invention a posteriori, on lit déjà dans les textes en vieux francique le mot "frénkisg", chez Otfried de Wissembourg par exemple: "in frénkisga zungun" (en langue francique). Ce serait même une réhabilitation du mot juste dans un pays qui a parfois un peu tendance à oublier que les Francs étaient germaniques. En allemand, il désigne spontanément la langue de Franconie (Fränkisch). Pour les autres régions, seules les linguistes continuaient d'utiliser le terme "francique" pour désigner la grande famille dialectale de l'ouest, sur le terrain on disait hessois, sarrois, palatin, kölsch ou luxembourgeois.
En Moselle, c'est encore plus récent, on peut parler également d'une prise de conscience, d'un juste retour des choses. Le retour à un sens communautaire francique ne peut en aucun nuire à l'image identitaire des dialectophones de Moselle.
Être Franc est en conséquence une vraie identité pour les gens qui appartiennent à cette communauté. Elle semble tangible à l'époque carolingienne pour qu'on puisse réclamer la prédication et l'instruction du peuple dans sa langue francique, tant l'hérésie est énorme selon les dires des observateurs contemporains de Charlemagne.
De la même manière, dans les écrits en vieux haut allemand, on reconnaît un sentiment d'appartenance à un "thiot", mot germanique pour "peuple". Appartenir au "thioda" c'est être thiodisk, en langue latine "theodiscus", en français médiéval "tudesque", en allemand médiéval "diutisch", puis "deutsch", en néerlandais moderne "duits".
Dans un monde régi par la loi romaine, la vie intellectuelle et spirituelle romaine, les populations sur le terrain n'ont pas grand mal à savoir à quel bord ils appartiennent: à la "natio" romaine ou au "thiot" germanique? Comme les Francs étaient quelque peu dominants à l'époque, on peut même se douter que, pour certains auteurs, thiodisk et frénkisg se recoupaient.
Même quand on parle de la langue néerlandaise actuelle (De Nederlandse taal), personne ne nie que cette langue était à l'origine " Duits der neederen Landen" ou on lit aussi dans les textes "De duitse taal der nederen Landen" ou même "Nederduits". Ce n'est pas non plus un hasard si les voisins britanniques les nomment "Dutch".
On sent ici nettement qu'être deutsch (peu importe quelle graphie on prend) c'est déclarer son appartenance à une grande famille qui se définit d'abord par comparaison au monde roman et celtique. Cela n'a rien à voir avec un Etat, une race ou une nation particulières: les concepts d'aujourd'hui ne sont pas ceux d'hier.
Ceci étant posé, on se rend bien compte que le peuple francique a atteint son extension de peuplement avant l'an 1000. Il est parti des Flandres et du Sud des Pays-Bas et s'est rendu dans le Nord de la France actuelle (Tournai). Avant de convoiter les terres plus à l'est, les Francs qu'on appelle Saliens ont étendu leur territoire en Gaule. Les Néerlandais parlent également de sons particuliers en "ripuaries- en salies-frankiese dialekten van België en Nederland".
Une autre branche du peuple francique très hétéroclite a été la branche rhénane. C'est elle qui s'est installée sur les rives du Rhin, de la Moselle et de la Sarre. Les Ardennes séparent les deux branches. On peut supposer que, de la région souche au Nord-Ouest, elle ait descendu les rivières.
Quand Clovis arrive dans le territoire mosellan au 5ème siècle, seule la partie occidentale de la Moselle paraît francique rhénane.
L'autre à l'est est sous contrôle alaman. On sait que c'est à cause de sa victoire sur les Alamans dans nos régions de l'est que Clovis a promis de se faire baptiser. On dit qu'il les repousse de l'autre côté du Rhin où ils créeront l'Alamannie. Il est vrai que la partie Nord de l'Alsace est plus influencée par le francique que le Sud où l'on sent le socle alémanique de manière infaillible.
Charlemagne, Franc ripuaire ou rhénan, a privilégié la partie rhénane. L'un de ses forts palatins était à Thionville.
L'idée de représenter la terre francique des Pays-Bas à la Franconie n'est pas saugrenue, elle tend juste à montrer que les Francs ont laissé des traces sur leur passage, soit par influence sur des populations autochtones germanophones, soit par l'établissement de seigneuries bien organisées en terre francique.
On sait, par exemple, que la terre d'Austrasie était très convoitée par les héritiers francs, ne serait-ce que par prestige.