Bonjour,
Je fais actuellement des recherches concernant l'édit de Clotaire II, et un mot me pause problème et m'intrigue beaucoup, il s'agit du mot canon : " C'est pourquoi nous ordonnons par cet acte royal que les règles établies par les canons soient en tous points observées et que celles qui ont été négligées au cours des temps soient désormais respectées (...)"

Qu'elle est le sens de ce mot au moyen-âge ?

Je vous remercie

Le canon désigne l'ensemble des textes régissant le culte : c'est à dire, pour les catholiques à l'époque de Clotaire II, la bible et les textes des pères de l’Église.

Le mot canon, vient du grec κανών / kanôn signifiant « règle, modèle », lui-même emprunté à l'hébreu qaneh (« roseau, mesure, canne »).

Matériellement, il désigne un instrument de mesure fait d'un roseau comme la règle du charpentier.
Philosophiquement, il devient la règle de conduite, la norme, le modèle.


Au IIème siècle, le mot passe dans le milieu chrétien et désigne :

la règle de l'assemblée, c'est-à-dire les règles de conduite, en fait de gouvernement, propre à chaque église.
l'ensemble des textes considérés comme sacrés et, d'une façon générale, tout ce qui a trait au culte y compris l'art sacré.
la liste des livres de la Bible considérés comme authentiques par les communautés croyantes.
le droit régissant son clergé et ses fidèles.

On retrouve le terme dans l'expression "les canons de la beauté"

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Hugues de Hador.

Plus exactement cela désigne ... un « instrument de mesure » ou une « règle » ce qui, dans un premier temps, n'a rien à voir avec une liste de livres … mais plutôt ce mot désigne le principe de discernement et d’organisation … plus tard chez Irénée (II siècle) c’est d’abord la « règle de foi » à partir de laquelle les croyants accueillent des livres comme inspirés.


Cordialement, Epsilon

Ici, les canons sont les normes ou les standards édictés par des lois ou des règlements antérieurs.


La bible est un top vaste. Elle contient beaucoup d'autres choses que des canons, car les canons sont un ensemble de règles.
Les tables de la loi de Moise sont des sortes de canons, mais elles constituent en réalité la préhistoire du droit canonique.
Le droit canonique ne commence qu'avec le livre des Actes des apôtres, et se continue avec les règlements, décrets, lois, et bulles, édictés par les synodes, les conciles, et les papes.

Dans le cas du texte du VIe siècle de Clothaire II, je ne sais pas si les canons désignent ceux de l'église chrétienne ou des normes romaines ou franques.

L’existence du canon chrétien, ou ici le canon désigne les "livres inspirés", date du IV siècle lorsque Constantin commande à Eusèbe de Césarée des Bibles pour les principales Eglises de la cité impériale ... nous avons aussi le Synode de Laodicée en 360 (canon 59) … la 39ième Lettre de Pâque de saint Athanase en 367 … les synodes d’Hippone en 393 et de Carthage en 397 et 419.

Avant le christianisme l’idée et la dynamique canoniques sont déjà anciennes … voir notamment II Macc (2,13) parlant de Néhémie … le texte parle aussi des documents donnés par Jéremie aux déportés (2,1 en même temps que l’ordre d’emporter le feu et la Loi).


Cordialement, Epsilon

Selon la première version du dictionnaire de l'Académie française, publiée en 1694 (soit un millénaire après l'époque de Clothaire II), les "livres inspirés" constituent le Canon des escritures, lequel est différent des saints canons qui sont uniquement des Ordonnances ou Constitutions Ecclésiastiques et qui constituent le Droit-Canon.

Effectivement ... mais les deux font la paire

Le "droit-canon" ne peut être compris sans le rattacher à l'Alliance de Dieu avec les hommes ... or c'est précisément la "fonction" de la Bible (et donc des "livres inspirés").


Cordialement, Epsilon