Jean-Marc Labat a écrit :
il n'en demeure pas moins que le Pape était patriarche d'Occident, et que nul n'a vraiment discuté sa primauté au point d'avoir des églises régionales indépendantes.
Il n'en reste pas moins que la fonction papale de l'époque n'a pas encore le pouvoir de nomination des évèques. ces dernier sont en théorie élus par "l'assemblée des fidèles", en pratique par les autres évèques de la province, avec le principe de la succession apostolique qui consiste en la consécration d'un nouvel évêque par un, ou plusieurs évêques, eux-mêmes validement consacrés. En réalité c'est souvent le pouvoir temporel qui arbitre lorsque cela se passe mal et ce dernier abuse de sa position dominante en soutenant son favori. Témoin la lettre du pape Gélase à l'empereur d'Orient qui réaffirme la primauté des évêques sur l'empereur ou le rois.
Et c'est contre la politique césaropapiste des empereurs byzantins que le pape va se tourner vers les carolingiens.
Ces derniers seront plus dociles, quoique l'histoire du "filioque" c'est typiquement Charlemagne.
L'origine du Filioque (ex Patre Filioque procedit)vient d'une concession faite lors de la conversion des wisigoth arien au catholicisme (contre le concile de Nicée ex Patre procedit). Cet usage à gagné ensuite l'espagne, l'aquitaine et l'empire francs. Charlemagne qui préside le concile d'Aix-la-Chapelle en novembre 809 et qui valide contre la volonté papale cet usage.
Lors du désagrégement de l'empire, les successeurs de Louis le débonnaires se battent aussi sur le terrain de l'église, à coup de nomination et de révocation d'évèques, ce qui amménera la rédaction des "fausses décrétales" et de la "donation de Constantin" qui réafirme ce que Gélase disait, primauté des évèques mais en plus impossibilité de les assigner en justice et primauté du pape sur l'empereur, et création des états pontificaux.
Cette tactique consistant, via les ateliers des copistes de Corbie, à aller modifier les trace du passé pour entériner une évolution de la société qui a du mal à passer, me fait penser à retour vers le futur. C'est une technique assez inédite et digne des stratégie du "Bene Guesserit"
.
Il faut aussi noter la diminution du pouvoir de l'archevèque devenu trop compromis avec le pouvoir que ce soit à Reims ou Canterbury. Ce qui ne plaira pas à Hincmar qui comprendra la supercherie et répondra en utilisant la même arme en écrivant une vie de Saint Remis, "l'apôtre des Francs", assez falcifiée également pour faire de Reims la ville des sacres des rois de France avec le sain Chrêmes et touti quanti (Courbe la tête, fier Sicambre ...). Autre falcification : un péché de jeunesse qu'il a fait sous la direction de son maitre Hilduin : à propos de Saint Denis qu'il confond avec Denys l'Aréopagite. Le but est de opérer un transfert symbolique du « centre des études » d'Athènes à l'abbaye de Saint Denis. Quelques année plus tard Jean Scot Erigène dément en refaisant une traduction meilleure du grec au latin du (Pseudo) Denys. Mais Suger enfonce le clou au XIIe siècle. Il aurait fait même fabriquer des faux, pour imposer l'idée que saint Denis ait pu assister aux sermons de saint Paul.