Bonjour,
A l'origine, lorsqu'un personnage important meurt à la guerre loin de ses terres, au lieu de l'inhumer sur place, et pour ne pas que sa dépouille pourrisse durant les mois que peuvent durer le voyage, on l'éviscère et on fait bouillir son corps de manière à rapporter les parties nobles (squelette, coeur), que l'on cout généralement dans une peau de bête. Ceci expliquerait que le corps de certains rois mérovingiens aient été retrouvés embaumés. C'est semble-t-il ce qu'il est advenu au Comte Roland en 778. A la mort de Nithard († 845) son corps est placé dans un cercueil de bois doublé de cuir et rempli de sel avant d’être transporté dans son abbaye de Saint-Riquier [Hariulf, Chronique]. A la mort de Charles le Chauve († 877) son corps est ramené d’Italie : on retire ses entrailles, on parfume son corps de vin et d’aromates, on le met en pièces dans un tonneau enduit de poix et enveloppé de cuir [Annales de Saint-Bertin, 877]. Plus tardeivement, l’embaumement comprend l’éviscération, l’immersion du corps dans de l’alcool et l’introduction sous la peau d’herbes permettant la conservation puis le corps est enveloppé dans un drap imprégné d’huile ou de cire. Le roi d’Angleterre et du Danemark Knud II est embaumé selon cette méthode, comme Guillaume le Conquérant et Edouard Ier. En 1383 la dépouille mortelle du comte de Savoie Amédée VI est bouillie dans du vin et du cumin.
Vous pouvez éventuellement consulter sur Gallica deux ouvrages anciens consacré aux sépultures des rois français, pour une première approche.
http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?D ... NUMM-39937, ou encore MABILLON Jean – Discours sur les anciennes sépultures de nos rois, Ouvrages posthumes de D. Jean Mabillon et D. Thierry Ruinart, Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, t. II, Paris, 1724, pp. 43-58, dont je vous laisse le soin de chercher les références.
Sinon, mais pas sur Gallica !, un article très intéressant sur l'orgine du démembrement des corps : PARAVACINI-BAGLIANI Agostino - Enquête sur un rite médiéval : le démembrement des corps, L’Histoire n° 208, mars 1997 ; un ouvrage très complet sur les sépultures des rois : ERLANDE-BRANDENBURG Alain — Le roi est mort, Bibliothèque de la Société Française d’Archéologie, Paris, 1975 ; Un ouvrage sur les tombes de Saint-Germain des Prés : PERIN Patrick, Saint-Germain-des-Prés, première nécropole des rois de France, Médiévales n° 31, 1996.
Sur la tombe de Clovis (qui, effectivement, n'a jamais été retrouvée), on peut consulter : FLEURY Michel — La sépulture de Clovis, Dossiers de l’archéologie n° 218, octobre 1996 ; PERIN Patrick, La tombe de Clovis, Media in Francia…, Recueil de mélanges offert à Karl Ferdinand Werner, 1989.
Sur Chilpéric ier : ARMAND F. — La sépulture de Chilpéric Ier à Saint-Germain-des-Prés, Archéologia, n° 408, février 2004, pp. 18-25.