Je voudrais savoir de quels éléments on dispose pour reconstituer le paysage rural d'Europe occidentale au Haut Moyen Age.
Après l'époque romaine dont on a une image de cultures et de paysages défrichés, d'habitat très dispersé et de voies de communication bien ordonnées, et avant les grands essartages, il est logique de penser qu'il y ait eu avance de la forêt, repli de l'habitat autour d'un nombre limité de noyaux, abandon de certaines terres ?... suite à une dégradation du climat, repli des villes dans des centres fortifiés bien plus réduits que l'ancienne ville romaine...
De plus, cette même époque devait avoir laissé nombre de ruines parsemant le paysage et marquant sans doute les esprits - on sait par exemple que le forum de Lyon s'est écroulé en 840. Quant aux voies de communication, la donation du village de Cluny prend la peine de mentionner qu'il existe "un chemin d'entrée et un chemin de sortie", et j'ai lu dans des articles consacrés aux guerres de Religion qu'encore à cette époque, on n'avait pas grand-chose de plus que les anciennes routes romaines, fort peu entretenues pendant mille ans et donc dans un état devenu vraiment pitoyable.
A-t-on des sources écrites ou archéologiques, qui confirment ou infirment ce fatras d'aperçus, pour visualiser un peu ce que Mérovingiens ou Carolingiens pouvaient avoir sous les yeux ?

Dès le IIIè siècle un mouvement de repli des populations est constatables archéologiquement (abandon de grands quartiers suburbains par exemple comme à Vienne en Isère) et probablement imputables aux premières invasions. A Die des vestiges de la muraille du IVè siècle montrent des réemplois massifs d'élèments d'architecture de la ville romaine. Cette muraille enserre la ville sur moins d'un dixième du territoire de la cité romaine. Des édifices ont du être ainsi dévastés, les pierres récupérées.
Au-delà du Vè siècle, les grands édifices de la grandeur romaine ne représentaient probablement rien d'autres que des carrières de pierre et leurs restes se sont dégradés par manque d'entretien.
Parfois, les premières églises ont investi d'anciens lieux de culte païen (les préservant parfois de la destruction comme ce fut le cas à Nîmes et à Vienne des deux temples romains les mieux conservés de France).
Les églises de l'époque mérovingienne ont imité le plan basical romain et des colonnes d'anciens monuments y ont été transportées (comme c'est le cas à la Basilique d'Ainay - Lyon - où le chevet se compose de quatre colonnes sciées prélevées sur le fameux autel des Trois-Gaules de Lugdunum).
L'habitat mérovingien excepté certainement dans le sud de la France était souvent en bois, mais je n'en sais pas plus à ce sujet (si quelqu'un pouvait nous en dire plus sur l'archéologie mérovingienne).
A l'époque carolingienne, il ne devait subsité que peu de vestiges de la puissance de Rome. Je sais qu'à Rome au IXè siècle des colonnes jonchaient encore la plaine où s'élevait le Forum romain , en un lieu où pendant des siècles vinrent brouter les troupeaux. En Italie de nombreux monuments sans plus de valeur aux yeux des populations furent utilisés trés rapidement comme lieux d'habitations (théâtre de Marcellus, Forum de Trajan à Rome, par exemple). En France cela se produisit dans le sud du pays (Arènes d'Arles et de Nîmes, théâtre d'Orange dont le mur de scène fut inclus dans les murailles de la ville permettant sa préservation).
A Paris, l'exemple célèbre est celui des Thermes de Cluny qui utilisé comme palais par les rois mérovingiens a en partie subsisté.