Les sources divergent pour expliquer le peuplement du littoral des Flandres et de la cote d'Opale. En effet en l'absence de ressources écrites il paraît difficile de rendre un avis définitif sur le sujet et d'établir s'il y a eu ou pas un peuplement permanent dans ces régions marécageuses. Dans l'attente de fouilles archéologiques qui pourraient nous éclairer définitivement plusieurs hypothèses peuvent coexister.
L'hypothèse qui a ma faveur est la suivante :
Avant l'an 407 : (nb : c'est en 407 que Constantin III abandonne définitivement la défense de l'île de Bretagne)
Le Boulonnais et l'Audomarois sont peuplés par les Morinis, les Atrébates ne sont pas loin, tandis qu'au Nord de l'Escaut on trouve des Ménapiens. Les Bataves se localisent entre le delta du Rhin et l'Escaut. Tandis que encore plus au Nord vivent des Frisons (peuple proche des saxons et des Cattes).
Les Ménapiens, les Morinis et les Bataves appartiennent au monde gallo-romain depuis quelques siècles déjà.
Les interactions entre Frisons, tribus Belges et peuples gallo-romains sont certaines dés cette époque mais difficiles à apprécier. Le peuplement du littoral est donc certainement d'essence celtique au sud et germanique au Nord, avec une zone de contact entre le Rhin et l'Escaut.
Après l'an 407 :
Les inondations provoquées par la deuxième transgression dunkerquienne (parmi d'autres raisons) ont certainement conduit à une désertification quasi permanente du littoral tel qu'on le connait aujourd'hui (et pour cause puisqu'il est presqu' entièrement sous l'eau !)
Il ne me paraît pas anormal de penser que les Frisons ont profité de l'aubaine en occupant les littoraux libérées de leurs occupants initiaux. Si des actes de violence ne sont pas à exclure (les frisons étaient réputés pour leurs actes de piraterie...) , je pense cependant qu'il s'agissait surtout d'une colonisation lente effectuée par de petites communautés de pêcheurs s'installant sur des îlots isolés ou tout autre lieu plus ou moins « au sec »
Dans le boulonnais il s'agirait d'une implantation massive mais localisée de populations jutes et saxonnes. La toponymie et plusieurs sources écrites (cf. Bède le vénérable) semblent confirmer cette possibilité. Ce peuplement, qui s'intensifie sans doute réellement à partir de l'an 449, concerne une bande littorale s'étalant de Marck (en calaisis) jusqu'à Le Crotoy (en Ponthieu)
L'arrivée des Francs dans la région intervient plus tardivement. Leur progression semble dans un premier temps suivre l'Escaut avant de s'arrêter sur une position au Nord-Est de la Lys. Puis dans un second temps ils progressent vers les côtes dans ce qui semble plus à une vassalisation des populations déjà installées qu'à un mouvement de population.
Le cas de l'Audomarois m'intrigue quant à lui. Même si la toponymie indique une parenté avec les populations du boulonnais, je perçois suffisamment de différences pour m'interroger sur le sujet.