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Message Publié : 08 Nov 2006 11:45 
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Salluste
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Comment devient-on saint ? C'est la question que s'est posé André Vauchez pour la période médiévale. Je ne peux que recommander son ouvrage, issu de sa thèse, La sainteté en Occident dans les derniers siècles du Moyen Age,, E.F.R., 2è édition revue et mise à jour, Rome, 1994.

Eh oui on connaît bien les premiers saints de l'histoire chrétienne. Ils étaient considérés comme tels par une sorte de canonisation spontanée, immédiate. C'étaient tous des martyrs, morts pour leur foi.
Ils accédaient donc immédiatement à la vision béatifique, c'est-à-dire au privilège ultime de la contemplation de Dieu.
Ces martyrs étaient donc canonisés sans autre forme de procès. très vite, un culte s'organise autour de leurs tombeaux, et les églises chrétiennes prennent l'habitude de consigner les actes des martyrs, leur vie, leur mort.
Passée la conversion de Constantin, le christianisme ne souffre plus persécutions. Devenu religion officielle de l'Empire romain, puis adopté par les différents royaumes barbares ds Vè et VIè siècles, le christianisme voit un nouveau recrutement de ses saints. Les martyrs disparaîssent au profit des saints confesseurs (St Martin de Tours, Saint Hilaire de Poitiers, Saint Césaire d'Arles). L' évêque se charge du culte du saint local, très souvent son prédecesseur !
Epoque de transition : entre les XIè et XIIIè siècles. Les choses se modifient notamment grâce à l'affirmation de la papauté. Désormais, on prend l'habitude d'en appeler au pape, de le consulter pour des affaires locales ou à plus grandes échelle.
Et c'est en 1234, que le pape, alors Grégoire IX, affirme sa seule compétence pour le droit de canoniser en dernier ressort.
La sainteté devient une sainteté officielle, avec une enquête,un dossier, un examen de ce dossier, des partisans, des recueils de miracles, des témoignages, bref, une certaine rationalisation et une mise en ordre du culte des saints. La vox populi ne suffit plus. L'Eglise veut donner en exemple des saints à la virtu irééprochable, des modèles de perfection conforme au message évangélique.
Les procés de canonisation sont généralement longs, très longs, plusieurs dizaines d'années, voire plusieurs siècles parfois.

C'est donc dans ce contexte, que, pour prendre la suite d'un autre forum un peu trop polémique, j'insère ici le cas des couples saints, tels que les a étudiés A. Vauchez.
Au XIIIè siècle, la papauté a canonisé 4 saints et saintes laïcs, alors qu'ils vécurent dans le cadre du mariage, ce qui est assez exceptionnel.
Il s'agit de Saint Homebon de Crémone (mort en 1197), sainte Elisaberth de Hongrie, sainte Hedwige de Silésie (morte en 1243), et de Saint Louis (1270) .

Mais , c'est avec Hedwige que le rôle d' épouse et de mère fut le plus examiné attentivement par l'Eglise pour autoriser son culte, En effet, il lui fallait lever tous les doutes qui éventuellement pouver peser sur sa moralité dans conduite sexuelle. C'est pourquoi, l'enquête poussa loin sur la chasteté de cette future candidate aux autels.
Certes, la question de la fidélité à son mari était une condition sine qua non dans la poursuite du processus de canonisation. Mais insuffisant pour parvenir au modèle saint. La chasteté conjugale, englobant la privation sexuelle , ordonnée autour d'elle, en était devenu la clé principale.
L'accent fut donc mis, étant donné sa condition, de femme, d'epouse, et de noble, sur sa capacité d'abstinence de rapport charnel avec son mari, exception faite du cadre de la procréation. Donc, le pape accorda un grand intérêt à la question du séparation de couche, d'un commun accord entre les époux. Evitant ainsi les pièges de la libido, de la recherche du plaisir pour lui-même, Hedwige, en privant son corps de toute relation sexuelle, put, aux yeux de la papauté, privilégier "l'oraison et la contemplation".
Cette question fut centrale. Car, si pendant une vingtaine d'années, (elle fut mariée à 12 ans) l'abstinence sexuelle n'était possible qu'en dehors du cadre de la "reproduction", (même si cette période d'abstinence était bien plus longue que celle dédiée à la procréation), dès que cette dernière fut décrétée terminée (à la naissance du dernier enfant), les époux pronocèrent leur voeu de chasteté et vévurent séparément.
Dans la première période, la chasteté consistait donc à éviter la renconctre charnelle entre les époux, hormis certains moments mais pendant lesquels, l'épouse ne devait "jamais être agitée par le feu de la volupté" (dixit le pape le jour de la promulgation de la canonisation d' Hedwige).

Et là est le modèle proposé en exemple aux laïcs du XIIIè siècle. La chasteté, autrement dit, la procréation sans plaisir d'une part, qui ne représente que quelques moments, quelques rencontres enter les époux, et l'abstinence sexuelle le reste du temps, puis totale après le dernier enfant, constituaient donc, la voie idéale, difficile, mais accessible à l'élite laïque, pour une vision béatifique.
Ce modèle a aussi été suivi par d' autres, mais en réalité, comme pour les autres modèles de sainteté, extrêment peu suivi, car très exigeant et dont seule une minorité pouvait atteindre ce niveau de perfection modélisé et avalisé par l'Eglise...

[/i]

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Message Publié : 08 Nov 2006 12:41 
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Ah, les saints !

Il ne me semble pas que les saints martyrs disparaissent avec la reconnaissance par l'Empire romain du christiannisme comme religio licita. Exemple avec les saints martyrs de Cordoue au IXème siècle (saint Euloge en particulier). Y'en a-t-il encore au bas Moyen-Âge ? Sûrement, non ?

Ensuite, l'idée de "modèles" en ce qui concerne ces saints laïcs du XIIIème : ces saints mariés sont-ils vraiment des "modèles" au sens de l'Eglise ? Vauchez le dit explicitement ? (il faudrait que je le relise).
Il me semble qu'ils sont canonisés davantage du fait de la pression populaire (sancto subito !) que d'une réelle "reconnaissance" écclésiastique : après tout, sainte Elisabeth de Thuringe à abandonné les oripeaux de la richesse pour vivre d'errance, de pauvreté et de prédication, à la manière d'un François d'Assise, et se gagne de la sorte les faveurs populaires ; cette même revendication de pauvreté qui, si elle rapproche aux yeux de l'Eglise cette conduite de l'attitude christique, est encore fermement condamnée par Innocent III début XIIIème qui voit dans la charité "l'opprobre du clergé" [sic] (et si elle est l'opprobre du clergé, elle est donc une bassesse réservée aux laïques), cf. aussi le débat de fond sur la pauvreté - ou non - du Christ.

Bref, ces saints populaires ne sont-ils pas plutôt canonisés "à reculon" par l'Eglise (l'institution, le Dogme, la conscience de la chrétienté, très prompte à condamner toute déviance - quand saint François se proclame ioculatore Dei, "jongleur de Dieu", il n'est pas loin de l'hérésie !), qui met en avant, "pour compenser" et faire passer tout de même un message plus orthodoxe, le motif de la chasteté ?
Le discours étant alors beaucoup plus intéressé : "les voilà canonisés non pas tant du fait de leur vie publique 'apostolique' que de leur chasteté, modèle d'abstinence dans le mariage qu'il vous faudrait suivre".
Enfin, excusez-moi si j'ai mal compris et si vous ne dites pas autre chose, mais ces saints n'ont clairement pas les mêmes valeurs au regard de l'Eglise/du "peuple", non ? La vox populi a son importance, encore, et l'Eglise suit en mettant en avant ce qui l'intéresse.

D'ailleurs, quelqu'un connaît-il les trois conditions de l'époque requises pour être canonisés (que j'ai oubliées, mais il me semble bien qu'il y en ai trois, parmi lesquelles la vie apostolique et les miracles, me semble-t-il) ?


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Message Publié : 08 Nov 2006 15:00 
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Salluste
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Plus Oultre a écrit :
Ah, les saints !
Il ne me semble pas que les saints martyrs disparaissent avec la reconnaissance par l'Empire romain du christiannisme comme religio licita. Exemple avec les saints martyrs de Cordoue au IXème siècle (saint Euloge en particulier). Y'en a-t-il encore au bas Moyen-Âge ? Sûrement, non ?

J'ai évoqué les tendances lourdes de l'évolution des modèles de sainteté. Il y a toujours des exceptions en marge. Mais étant donné le lieu (Cordoue), on peut imaginer la possibilité d'un saint martyr. Mais il faut tout de suite distinguer la sainteté officielle, de la sainteté locale ou populaire. Ne connaissant pas Saint Euloge, je ne saurais vous dire, vous préciserez sans doute, si son culte était local ou pas.


Citer :
Ensuite, l'idée de "modèles" en ce qui concerne ces saints laïcs du XIIIème : ces saints mariés sont-ils vraiment des "modèles" au sens de l'Eglise ? Vauchez le dit explicitement ? (il faudrait que je le relise).
Il me semble qu'ils sont canonisés davantage du fait de la pression populaire (sancto subito !) que d'une réelle "reconnaissance" écclésiastique : après tout, sainte Elisabeth de Thuringe à abandonné les oripeaux de la richesse pour vivre d'errance, de pauvreté et de prédication, à la manière d'un François d'Assise, et se gagne de la sorte les faveurs populaires ; cette même revendication de pauvreté qui, si elle rapproche aux yeux de l'Eglise cette conduite de l'attitude christique, est encore fermement condamnée par Innocent III début XIIIème qui voit dans la charité "l'opprobre du clergé" [sic] (et si elle est l'opprobre du clergé, elle est donc une bassesse réservée aux laïques), cf. aussi le débat de fond sur la pauvreté - ou non - du Christ.


Tout dépend de l'époque dans laquelle vous vous placez. L'histoire en ce domaine, comme d'en d'autres va beaucoup plus vite qu'on ne ne le croit généralement, et rien n'est fixé sur ce thème non plus.
Vous parlez de plusieurs choses à la fois.A noter que ceci est un simple forum, pas la place de développer comme on pourrait le faire dans un travail écrit ...
Je n'ai pas évoqué la manière de constituer un dossier de canonisation. Alors oui la vox populi est un critère pour le début d'un culte, mais il n'est pas suffisant à lui seul pour faire d'un individu un saint, et parfois même, le peuple ne participe pas.
Car, depuis la fin du XIIè siècle, on ne devient saint qu'après l'enquête de canonisation, qui est un processus long et coûteux. Les cas de Saint Dominique et de Saint François d'Assise sont exceptionnels. Surtout pour le second, c'est un peu la mains forcée que la papauté a du le reconnaître comme tel, par la presson populaire. Mais au départ, même les Franciscains étaient semblent-ils hostiles à la canonisation de ce "nouveau Christ" à cause de leur humilité, mais leurs réticences furent vite balayées.
Mais, ce n'est pas le cas pour l'ensemble. La voix de peuple est un premier élément. Les miracles doivent être constatés, avérés. Car la puissance de Dieu se manifeste, de son vivant, mais aussi et surtout après la mort du candidat aux autels. Par les miracles donc. Les miracles de guérison surtout.

Citer :
Bref, ces saints populaires ne sont-ils pas plutôt canonisés "à reculon" par l'Eglise (l'institution, le Dogme, la conscience de la chrétienté, très prompte à condamner toute déviance - quand saint François se proclame ioculatore Dei, "jongleur de Dieu", il n'est pas loin de l'hérésie !), qui met en avant, "pour compenser" et faire passer tout de même un message plus orthodoxe, le motif de la chasteté ?

Je viens de répondre pour ce cas précis. Qui reste un cas exceptionnel, par l'image, le rayonnement, et l'influence considérables de ce "poverello" dans toute la chrétienté, et dans son histoire.


Citer :
Le discours étant alors beaucoup plus intéressé : "les voilà canonisés non pas tant du fait de leur vie publique 'apostolique' que de leur chasteté, modèle d'abstinence dans le mariage qu'il vous faudrait suivre".
Enfin, excusez-moi si j'ai mal compris et si vous ne dites pas autre chose, mais ces saints n'ont clairement pas les mêmes valeurs au regard de l'Eglise/du "peuple", non ? La vox populi a son importance, encore, et l'Eglise suit en mettant en avant ce qui l'intéresse.

En dehors de figures exceptionnelles, l'Eglise n'est pas obligée de suivre la voix du peuple. Celui, ou celle qui va jusqu'au bout du processus de canonisation (sur plusieurs décennies, voir plusieurs siècles, rappelons-le) devient un saint officiel. Et c'est à ce titre que l'Eglise choisit ses modèles. Autrement, elle accorde un statut de bienheureux, ou autorise un culte local.
Mais elle se méfie des mouvements populaires, et tente donc, par ses enquêtes, de rationaliser le culte des saints. Il n'y a pas plus grand sceptique face aux miracles que l'institution ecclésiastique elle-même.
En ce qui concerne cet exemple de chasteté dans le mariage, en modèle de perfection, je pense aussi que ce modèle était très peu suivi, car plus proche de l'état clérical. Modèle provenant aussi d'une certaine aristocratie. Du moins pouvait-il constituer un horizon.
Je vais donc citer Vauchez pur répondre à votre question précise : " On ne peut manquer d'être frappé par le fait que les saints laïcs qui on retenu l'attention du Saint-Siège à partir de la fin du XIIIè siècle, ne sont pas des saints populaires-du moins à l'origine- et qu'ils doivent leur célébrité à l'action des clercs de leur entourage et du pouvoir laïc ou écclésiastique, plus qu'à l' entousiasme des foules", La sainteté en Occident..., p 447.

Citer :
D'ailleurs, quelqu'un connaît-il les trois conditions de l'époque requises pour être canonisés (que j'ai oubliées, mais il me semble bien qu'il y en ai trois, parmi lesquelles la vie apostolique et les miracles, me semble-t-il) ?


Grosso modo (après enquête):
1/ Une virtus irrépochable : fuite des vices et pratique des vertus :
2/ Le merveilleux physiologique qui exprime une présence divine, du vivant du saint, mais aussi attestée à partir de son cadavre (imputréscibilité du corps, chair tendre, apparence de vivant, bonne odeur, écoulement de sang parfois qui donne à penser qu'il reste vivant malgrè sa mort, écoulement d'huile...=
3/D'autre critères variés comme :
_ le don des larmes : indice de l'ouverture sur la souffrance des autres (Saint Louis souffrait de ne point y parvenir !)
_ Perte de sensibilité corporelle pendant les périodes d'extase, de méditation.
_ Un capacité extrême à la souffrance , mortifications, l'inédie ...
4/ Et bien sûr : les miracles. Du vivant du saint (pas obligatoire) mais surtout, des miracles sur son tombeau, et même à distance. Il n'est plus nécessaire, au seuil du XIVè siècle, de toucher directement une relique du saint pour que sa manifestation miraculeuse agisse.

Il y aurait bien d'autre choses à dire, mais ce serait très long...
:)

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Message Publié : 08 Nov 2006 21:39 
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Plutarque
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sénéchal a écrit :
J'ai évoqué les tendances lourdes de l'évolution des modèles de sainteté. Il y a toujours des exceptions en marge. Mais étant donné le lieu (Cordoue), on peut imaginer la possibilité d'un saint martyr. Mais il faut tout de suite distinguer la sainteté officielle, de la sainteté locale ou populaire. Ne connaissant pas Saint Euloge, je ne saurais vous dire, vous préciserez sans doute, si son culte était local ou pas.


Vous avez tout à fait raison, après vérification il n'apparaît pas dans la liste des saints officiels de l'Eglise romaine. Néanmoins j'aurais tendance à penser que sa sainteté est tout de même autre chose que celle des "simples" saints patrons (de ville notamment, Vauchez en parle il me semble), saints populaires (souvent moqués par les clercs) ou locaux. Evêque de Cordoue (donc "mozarabe" dans la capitale de l'émirat ommeyyade musulman) décapité en 859, Euloge a encouragé au martyr et à ne pas céder à l'apostasie face à la pression politique et fiscale du pouvoir sur les chrétiens. En tant que martyr, son rayonnement de "saint" a dû s'étendre sur toute l'Espagne chrétienne de l'époque, mais c'est une simple supposition de ma part, n'ayant aucune information sur son culte ultérieur.

Citer :
Il n'y a pas plus grand sceptique face aux miracles que l'institution ecclésiastique elle-même.


N'est-ce pas ? :D

Citer :
Je vais donc citer Vauchez pur répondre à votre question précise : " On ne peut manquer d'être frappé par le fait que les saints laïcs qui on retenu l'attention du Saint-Siège à partir de la fin du XIIIè siècle, ne sont pas des saints populaires-du moins à l'origine- et qu'ils doivent leur célébrité à l'action des clercs de leur entourage et du pouvoir laïc ou écclésiastique, plus qu'à l' entousiasme des foules", La sainteté en Occident..., p 447.


Oui, donc effectivement des saints modèles, comme vous le disiez. C'est peut-être l'analogie avec saint François qui a déformé ma vision, en tout cas je vais relire Vauchez.

Citer :
Grosso modo (après enquête):
1/ Une virtus irrépochable : fuite des vices et pratique des vertus :
2/ Le merveilleux physiologique qui exprime une présence divine, du vivant du saint, mais aussi attestée à partir de son cadavre (imputréscibilité du corps, chair tendre, apparence de vivant, bonne odeur, écoulement de sang parfois qui donne à penser qu'il reste vivant malgrè sa mort, écoulement d'huile...=
3/D'autre critères variés comme :
_ le don des larmes : indice de l'ouverture sur la souffrance des autres (Saint Louis souffrait de ne point y parvenir !)
_ Perte de sensibilité corporelle pendant les périodes d'extase, de méditation.
_ Un capacité extrême à la souffrance , mortifications, l'inédie ...
4/ Et bien sûr : les miracles. Du vivant du saint (pas obligatoire) mais surtout, des miracles sur son tombeau, et même à distance. Il n'est plus nécessaire, au seuil du XIVè siècle, de toucher directement une relique du saint pour que sa manifestation miraculeuse agisse.


Ah oui, l'"odeur de sainteté" ! Très important.
A propos, qu'est ce que "l'inédie" ?

Désolé pour les fautes et balbutiements de mon précédent message, j'étais pressé...


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Message Publié : 08 Nov 2006 22:33 
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Salluste
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Dans Histoire des Espagnols, VIè-XXè siècle, dir. B. Bennassar,coll° Bouquins, un petit paragraphe est consacré à Saint Euloge (pp73-74) dans un chapitre consacré àa la société mozarabe. Il n'y est pas fait mention de son supplice ou de sa mort, mais l'auteur précise qu'il fut "le plus illustre des martyrs du milieu du IXè siècle". Ce qui laisse à penser, comme vous l'avez suggéré, que sa fama (sanctitatis ?) a pû dépasser les portes de Cordoue...:idea:

L'inédie, c'est grosso modo une capacité à se priver des necessités vitales : ne plus dormir, ne plus manger pour l'essentiel. Je crois que Lydwine de Schiedam (XIVè siècle) passait pour n'avoir pas mangé pendant 7 ans, n'avoir dormi que 2 nuits. Il fallait lui attacher les membres pour ne qu'ils ne tombent pas ! :roll:

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Message Publié : 08 Nov 2006 22:42 
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Il fut fouetté et décapité.
"Alors qu'on le conduisait sur le lieu de son supplice, un eunuque le gifla. Sans rien dire il lui tendit l'autre joue et reçut un second soufflet."
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Euloge_de_Cordoue)
Une attitude christique s'il en est !


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Message Publié : 08 Nov 2006 23:31 
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Salluste
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En effet !
Mais si le modèle christique a été suivi par nombre de saints et de bienheureux, aucun n'autre que Saint François n'a poussé l' imitatio christi aussi loin...(cf. les stigmates de la passion).

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Message Publié : 09 Nov 2006 20:02 
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Fustel de Coulanges
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Inscription : 09 Août 2005 17:34
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Citer :
trois conditions de l'époque requises pour être canonisés (que j'ai oubliées, mais il me semble bien qu'il y en ai trois, parmi lesquelles la vie apostolique et les miracles, me semble-t-il) ?

Qu'est-ce que cette "vie apostolique"?!
Parmi les bizarreries concernant les saints : l'existence réelle des candidats, tout simplement!
Dans la préface à une Vie de St Yves, due à la plume d'un Grand Bâtonnier (St Yves est patron des gens de loi), j'avais lu autrefois : "Aux avantages de tous les autres saints bretons, St Yves ajoute celui d'avoir réellement existé..."(!). De fait, on possède toutes les minutes de son procès de canonisation.
Autre bizarrerie, dans la bouche des annonceurs de télévision ou de radio (de moins en moins compétents en matière de terminologie religieuse... entre autres!) : "Untel a été sanctifié par le Pape..."!
Le guide qui (en 1958...) nous fit visiter la chapelle du Prytanée militaire de La Flèche (où se trouvent une statue de St Ignace de Loyola et une de Saint François Xavier) précisa : "Ces deux saints furent canonnés la même année...".


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Message Publié : 09 Nov 2006 21:27 
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Plutarque
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DESHAYS Yves-Marie a écrit :
Qu'est-ce que cette "vie apostolique"?!


Telle que je l'entends (je ne sais plus où je l'ai lue mais elle est avérée) l'expression désigne à la fois la fidélité aux Apôtres de l'Eglise et à leurs successeurs (le pasteur, donc l'évêque) et l'inspiration de la vie des Apôtres, donc essentiellement l'idée de prédication.
Elle recouvre à la fois la vie proprement dite (marquée par la foi, mais aussi la vertu - la vie sans vices, pure, sobre, chaste, pénitente, tournée vers la prière, bref la virtus de sénéchal - dédiée à la prédication) mais aussi un certain caractère politique, avec bien sûr l'attitude face au clergé séculier, à l'évêque, et a fortiori celui de Rome, bref au corps écclésiastique.
D'où le "problème" d'un François d'Assise, qui ne souscrit pas vraiment à toutes ces conditions...

Pour ce qui est de la terminologie religieuse je ne voudrais pas me prononcer de façon si tranchée mais le problème vient peut-être aussi de l'enseignement (aucun rapport avec les médias je l'admets) : les professeurs du supérieur s'étonnent toujours (avec raison je pense) de notre manque de culture religieuse. Mais on dérive là.


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Message Publié : 09 Nov 2006 21:30 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges

Inscription : 09 Août 2005 17:34
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Localisation : Marseille
MERCI pour vos explications! En fait, je n'avais jamais vu appliquer l'expression "vie apostolique" elle-même à tous ces contextes.


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