Travaillant sur le sujet dans le cadre de mon master, je ne puis qu'approuver concernant des dérives assez peu réjouissantes sur ce sujet, politiquement parlant. C'est facilement instrumentalisé par les régionalistes, et, honnêtement, il est très difficile de trouver une étude absolument objective dans pareil cas (et cela semble normal, bien sûr, difficile de prétendre à une objectivité totale de toute façon, ce serait illusoire, à plus forte raison avec un sujet aussi sensible et touchant à tant d'aspects différents de la civilisation médiévale). Exact aussi en ce qui concerne les "châteaux cathares", vaste fumisterie touristique. Montségur, par exemple, commence à être fortifié par les hérétiques (le terme "cathare" est discuté lui-même...) en 1204, mais le château actuel est celui du roi rebâti quarante ans plus tard et n'a rien à voir. Symboliquement, les grands points de résistance ont été ainsi occupés (et puis, ce sont souvent des points stratégiques, quand même). Concernant Foix, le château comtal n'est pas plus "cathare" que les précédents. La ville fut certes attaquée par les Croisés, Raimond-Roger étant de leurs plus farouches opposants (et quand même très lié à l'hérésie et anticlérical au plus haut point, quoique lui même catholique apparemment), sans grande conviction. Au sujet des châteaux prispar les Croisés, il ne faut pas sous-estimer leur nombre ou leur importance tout de même. Termes fut bien sûr un haut lieu, comme Minerve ou Cabaret. Ces seigneurs étaient ouvertement en rebellion face à l'autorité de l'Eglise et de Montfort; beaucoup étaient liés plus ou moins à l'hérésie (c'est cela aussi qui rend les choses si complexes : par les jeux d'alliances, les mariages, la famille, la plupart des lignages se trouvaient en position bien difficile, d'une façon ou d'une autre), et tous s'étaient attiré les foudres de Montfort par leur attitude. Du reste, ils étaient souvent liés et pouvaient parfois agir de concert, quoique manquant d'unité et de cohésion, jouant leur carte avant tout. Mais ces sites sont souvent éloignés de ceux vendus comme "châteaux cathares", moins spectaculaires (encore que, pour certains...) et moins connus. Pour ce qui est d'une approche du sujet, j'aurais tendance à recommander Michel Roquebert, et son Epopée Cathare en quatre tomes (mais il en existe une version abrégée). Sa biographie de Montfort, plus mince, peut aussi faire office. L'auteur se lit bien et est plutôt honnête dans son approche, même si ses sympathies pour les Méridionaux sont très perceptibles, parfois un peu trop. Reste une référence incontournable sur le sujet.
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