Yongle a écrit :
Alain.g a écrit :
Quand à Guillaume de Malmesbury, dans son histoire des papes ("Liber pontificalis" rédigée vers 1120, qui ferait état d'un voyage "incognito" à Cordoue et Séville, je demande à disposer d'un extrait du texte et précise que l'emploi du mot incognito suffit à discréditer l'affirmation. Avec ce mot on peut aller partout en invention historique.
On ne dit pas que c'est la vérité, on dit que ce sont les sources ; et pour prouver que c'est faux, il va falloir etre costaud.
Facile ! J'ai en main le "Gerbert d' Aurillac" de Pierre Riché, un ouvrage de référence. Ce professeur d'histoire médiévale à Paris X précise qu'il y a eu peu après la mort de Gerbert de nombreux récits légendaires, qu'il cite, récits faisant de ce Pape un spécialiste en maléfices, qui s'entretenait avec le démon.
Riché poursuit avec les commentaires de Guillaume de Malmesbury, "qui atteint le comble" et "fait un véritable roman". "Tout y est" " Gerbert élevé à Fleury-sur-Loire (sic) a été étudier l'astrologie chez les Arabes. Un philosophe arabe lui apprend les arts magiques mais refuse de lui livrer un livre précieux qui renferme tout ce qu'on peut savoir. Gerbert séduit alors la fille de son hôte, énivre le savant, dérobe le livre; l'Arabe le poursuit mais
le fugitif arrivant par la mer, appelle le diable, lui fait hommage pour qu'il le protège contre son ennemi. Gerbert est alors transporté au delà de la mer. Il ouvre des écoles.... C'est alors que
soutenu par le diable, il parvient à découvrir un trésor caché dans les profondeurs du Champ de Mars (Rome". Suit une histoire invraisemblable que Riché taxe de "
fantasmagorique histoire"
Voilà Guillaume de Malmesbury, source d'un voyage à Cordoue et Séville. Mais quelle source et des sources du même genre il y en aura beaucoup indique Riché qui les cite avec des extraits.
Venons en à la conclusion de ce chercheur spécialiste du haut Moyen Age. Il écrit que Gerbert selon ses 220 lettres, ses bulles papales, ses oeuvres et les écrits de son ami Richer moine de Saint Rémi de Reims, sources de valeur, rend hommage aux connaissances de son maitre à Aurillac, Raymond de Lavaur, puis relate son séjour en Catalogne, s'instruit au monastère de Rippol . Il s'en remet au savoir considérable de l'Evêque de Vic "fort savant dans les mathématiques", c'est-à-dire dans
le Quadrivium: arithmétique (oeuvres de capella et Boèce), Géométrie, (Euclide traduit par Boèce), astronomie (Hygin, Aratos et Ptolémée) et musique. Riché fait état de progrès accompli par les arabes de Cordoue et Séville connus en Catalogne, bien que Gerbert n'en fasse jamais état et qu'il ait eu accès à l' importante bibliothèque du monastère de Rippol qui répondait à son besoin de connaissances scientifiques et a pu comporter des traductions en latin d'oeuvres arabes ?
C'est à ce monastère que le comte catalan Borrel pensait faire appel quand il emmène le futur Pape d'Aurillac pour l'instruire à la demande de son supérieur.
Riché exclut l'hypothèse d'un voyage à Cordoue et Séville du pâtre auvergnat.
La bibiothèque de Gerbert, reconstituée par son biographe, comporte des oeuvres latines et d'auteurs du Moyen Age concernant les mathématiques et l'astronomie, mais aucun ouvrage arabe n'est cité par le savant dans ses oeuvres et correspondances.
Gerbert ne cessera de continuer à s'instruire en sciences tout le long de sa carrière, notamment en italie, sans évoquer jamais de sources arabes à ses connaissances.