Pédro a écrit :
Entre la théorie et la pratique il y a dû y avoir un monde. Je n'ai pas d'exemple en tête mais je pense que la Guerre de Cent Ans doit être riche en évènements de cette nature.
Il n'y a pas de théorie dans le système féodal faute de modèle mais au contraire multiplicité de situations et donc de vassalités selon la région, la nature du lien vassalique (chatellerie ou noblesse ancienne), selon le niveau social, s'il s'agit de haute noblesse (vassalité restreinte), hommage lige donc strict ou hommage plane ou ordinaire utile en cas de vassalité multiple.
La clause dite "de réserve de fidélité" est d'emploi courant, elle n'est pas théorique mais permet de donner des priorités aux hommages. Ainsi le comte de Flandres prête serment au roi d'Angleterre mais prend la précaution de stipuler une clause de réserve en faveur du roi de France mais il précise dans le contrat qu'il ne prêtera assistance au 2è contre le 1er qu'après l'avoir dissuadé de combattre et avec le minimum d'hommes. Etonnant, la réserve de fidélité est limitée et sur mesure. La ligesse, qui est postérieure, est bien plus stricte que la réserve. Elle oblige à se porter au secours du seigneur lige.
lili 974 a écrit :
oui, en ce cas Y est le suzerain lige et donc il l'emporte sur X
mais si il y a aussi Z, et que X et Z s'affrontent, là y'a pas de priorité établie à l'avance, puisque le prioritaire est Y qui n'est pas dans l'histoire...
ou bien, ils établissent forcément une hiérarchie, et lorsqu'il a prêté serment à Z il a du déterminer à l'avance qui de Z ou de X passerait en premier ?pffff pas simple
Les cas étaient pourtant nombreux dans ce qu'on appelle la vassalité multiple et se sont répandus pour donner plus de liberté aux vassaux (plusieurs maitres en langage commun libère) et permettre par ailleurs de gérer davantage de terres, d'où une grande pratique de la multiplicité. Une solution était apportée comme il a été dit par la clause de réserve de fidélité envers le plus puissant en mentionnant des priorités, puis par la ligesse. Le contractant de suzerains multiples avait aussi la possibilité de ne choisir que des vassalités légères avec certains.
Un texte de Tours donne la solution adoptée en cas de conflit de vassalité: choisir là où il y a le plus grand bénéfice.
Les conflits en matière d'infraction au lien féodal étaient certes difficiles à faire respecter. La meilleure garantie était dans la menace de sanction, jusqu'à la peine de mort, mais surtout dans la confiscation provisoire ou définitive du fief.
Une menace qui n'était pas théorique si le suzerain était puissant et dans cette époque, la menace était parfois suivie d'une dépossession réelle décidée par sa cour. Dans les autres cas, la menace suffisait parfois à faire revenir à la sagesse un vassal récalcitrant craignant les complications.