LSCatilina a écrit :
Tout à fait, une croisade reste avant tout un pélerinage, fût-il armé, et c'est ainsi qu'il est compris à l'époque. C'est un cadre où le combat est licite (à l'opposé de ce que le mouvement de paix soutenu par l'Eglise depuis un siècle à combattu comme étant illicite, illégitime) ce qui n'est pas la guerre sainte ou juste.
Ce n'est pas ce qu'affirme Jean Flori, le plus récent spécialiste des croisades. Pour lui les croisades sont à la fois un pélerinage, une libération des lieux saints et des chrétiens et une guerre sainte.
" La croisade prêchée par Urbain II en 1095 marque le terme d'une véritable révolution doctrinale. L'église chrétienne, en un millénaire passe du rejet de la violence armée à l'usage sanctifié des armes, du pacifisme à la guerre sainte, puis à la croisade.
Son principal concurrent l'islam n'a pas eu besoin d'une telle révolution. Contrairement à Jésus, Mahomet (le prophète Mohammed) n'a pas rejeté le pouvoir politique ni l'emploi de la force armée et n'a pas hésité à combattre à la tête des guerriers musulmans. Le jihad même s'il faut lui donner le sens large d'un "effort dans la voie de Dieu" comporte à coup sûr dès l'origine une dimension militaire, celle de la guerre sainte.
Est-ce à dire pour autant que le jihad a poussé le christianisme vers la guerre sainte ? Oui et non ... "
" La croisade ne nait pas en effet spontanément en 1095, elle est l'aboutissement d'une progressive sacralisation de la guerre ... " Flori cite Grégoire VII et son plan de 1074, il décide d'organiser une expédition militaire en orient jusqu'en Palestine en la conduisant lui-même, mais aussi la Reconquista prêchée par Alexandre II et Léon IX "qui conduit sur le champ de bataille à Civitae en 1053, ses guerriers contre les normands de Guiscard qui entreprennent la conquête en Pouilles, de terres que le Pape considère comme siennes. "