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La situation devient tellement conflictuelle, que les almohades décideront plus tard d'expulser des juifs et des chrétiens à cause des sympathies recueillies à la fin du 12è siècle par la Reconquista. " Ils se montrèrent particulièrement rigoureux à l'égard des juifs et des chrétiens de leurs territoires, contraints de choisir entre la conversion, le départ ou la mort "(même ouvrage collectif d'universitaires spécialisés).
Les Almohades étaient particulièrement durs en effet, il faut distinguer cette dynastie des Almoravides ou encore celle des descendants Omeyyades qui étaient beaucoup plus tolérants. N'oublions pas qu'Averroès lui-même vécu cette période très difficilement. Cela ajouté au contexte de la guerre contre les chrétiens. Je vous rejoins là dessus. Mais ici il faut bien distinguer ce que disent les textes islamiques et l'attitude des Almohades, l'action de ces derniers est aussi dû à l'attitude des chrétiens du nord qui sont en croisade contre les musulmans, il parait donc normal que les chrétiens vivant en Al Andalus soient dans cette période soutiennent leurs coreligionnaires ce qui crée des tensions avec le pouvoir musulman.
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Que par contre, il y ait eu des rencontres culturelles, des traductions, des échanges, surtout après la Reconquista d'ailleurs, comme, à Tolède, est possible mais n'a rien à voir avec le sujet consacré aux rapports humains entre chrétiens et musulmans au bas moyen Age et concerne en fait l'élite intellectuelle dans les villes et l'entourage des nobles qui est ouvert à des fins utilitaires dans les deux camps.
Déduire de la coopération entre les cultures que l' Espagne musulmane du bas Moyen Age ait été une époque de bons rapports entre chrétiens et musulmans me parait non fondé. C'est ce qui m'a amené à créer ce sujet en distinguant les deux concepts.
On se rejoint pour le début de votre propos, pour le reste comme je vous l'ai dit plus haut ces rapports étaient plutôt pacifiques sous la dynastie Omeyyades, c'est lorsque les chrétiens se lancent véritablement dans une reconquête que la situation se tend dans toute la péninsule. Donc on ne peut pas non plus dire, a contrario, qu'il n'y a jamais eu de coopération. C'est plus compliqué et cela dépend du contexte historique. Cette première période est aussi marquée par le fait que l'Islam rend obligatoire la protection des Gens du livre contre un impôt.
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Beaucoup d'ouvrages privilégient les échanges culturels et vantent une Andalousie idéale, modèle, en passant rapidement sur la réalité très dure des rapports quotidiens entre chrétiens et musulmans, détaillant très peu les humiliations du statut de dhimmis, les interdictions, et les multiples voies de fait subies par les chrétiens au fur et à mesure que le nombre des musulmans augmente en proportion de la population et que des révoltes de mozarabes éclatent parfois à cause de l'avancée de la Reconquista.
Je suis d'accord qu'il ne faut pas idéaliser cette période comme beaucoup d'ouvrage ont pu le faire, il ne faut pas non plus à l'inverse la diaboliser comme si être un dhimmi était forcément synonyme de persécution.
Je pense qu'Al Andalus constitue malgré tout un point intéressant de l'histoire dans la mesure où des communautés différentes ont pu vivre ensemble en partageant beaucoup de leurs traits culturels, sociaux ou autres. Et cela au Moyen âge. On ne trouve pas d'équivalent dans le monde occidental à la même période.
Comme je l'ai décris dans mon précédent post, les juifs et chrétiens dans le monde musulman bénéficiaient d'un statut qu'un musulman n'aurait jamais pu avoir dans le monde chrétien à cette période. La tolérance dont faisait preuve à cet égard l'Islam par rapport au christianisme est quand même à souligner. On était certes un dhimmi dans le monde musulman mais on pouvait pratiquer son culte, chose impossible pour un musulman en terre chrétienne occidentale. Les attaques contre les juifs en Occident après la Grande Peste de 1348 sont à ce titre marquants.
On peut signaler aussi l'attitude des Espagnols après la Reconquista contre les musulmans qui est particulièrement dure, les musulmans doivent se convertir de force ou fuir. En outre, beaucoup de juifs d'ailleurs trouveront refuge dans l'Empire ottoman et au Maghreb.