CNE503 a écrit :
La Guerre des Deux Roses tire ses sources dans trois maux :
1) le fait que la dynastie régnante des Lancastre - issue de Jean de Gand, le troisième fils du roi Edouard III - se soit emparée du pouvoir par un coup d'Etat, en 1399-1400, sur la dynastie légitime représentée par le roi Richard II, petit-fils d'Edouard III et fils de son fils aîné, le Prince noir. Forcément, l'autre branche vivante des Plantagenêt, celle des York (issue du quatrième fils d'Edouard III), estima qu'elle n'avait pas moins de titre à la couronne d'Angleterre, lorsque les circonstances seraient favorables.
2) les échecs intérieurs et extérieurs qu'Henry VI de Plantagenêt-Lancastre rencontra à partir des années 1450, et en particulier la perte définitive de la Normandie (1450) et de l'Aquitaine (1452-1453) aux mains du roi de France, c'est-à-dire la fin des ambitions continentales du royaume d'Angleterre face à la puissance française, alors qu'en 1422 les deux monarchies étaient théoriquement unies, et que jusqu'en 1435-1436 la puissance anglo-bourguignonne semblait irrésistible. Cette défaite consommée, les problèmes intérieurs, de plus en plus nets, ne furent plus masqués par les succès militaires. La crédibilité de la monarchie Lancastre, assise sur les victoires militaires obtenues par Henry V à partir d'Azincourt (1415), était ainsi remise en cause.
3) la personnalité faible et falote, associée à la folie, d'Henry VI, qui ne fut pas un monarque à la hauteur de la situation, et qui ne sut empêcher les factions de balloter le pouvoir royal de l'une à l'autre, laissant à quelques puissants féodaux (les York, le comte de Warwick) l'initiative sans jamais réussir à les museler.
Je n'ai pas spécialement de références sous la main au moment où j'écris mais, au fil de lectures diverses, je me demandais si il ne faudrait pas plus insister sur les échecs intérieurs comme vecteurs de la contestation des York à l'encontre des Lancastre qui héritent d'une situation pour le moins difficile après les règnes d'Edouard III et de Richard II. Certes, les querelles dynastiques (le fait de descendre par les femmes de Lionel d'Anvers pour les York) jouent puissamment mais de nombreux conflits "privés" jettent également ce que l'on pourrait qualifier "d'huile sur le feu", par exemple le conflit entre les Neville et les Percy dans le Nord ou bien les questions de répartition d'héritage comme l'histoire des terres de Bohun voire l'influence importante des Beaufort. Des rois à la personnalité affirmée comme Henry IV puis Henry V sont aptes à agir comme arbitres, je suppose, et à faire taire les appétits de chacun (grâce notamment à leurs succès en France), c'est certain. Je me demandais néanmoins si, plus loin que la querelle dynastique, des questions économiques n'entraient pas en ligne de compte comme par exemple une baisse de la rentabilité des fiefs etc. Notez bien que mes quelques phrases sont bien loin d'être une affirmation péremptoire mais plutôt un questionnement sur le moteur de la Guerre des Deux Roses à savoir si il ne s'agit que d'une "simple" querelle dynastique (qui me semble en fait mettre le feu aux poudres) entrainant le déchaînement des passions durant un demi-siècle ou bien si d'autres causes plus anciennes peuvent également l'expliquer. Je ne sais si quelqu'un a des informations là-dessus mais, si c'est le cas, je serai heureux d'en prendre connaissance (j'avoue que mes connaissances sur l'Angleterre du XVè ne dépassent que très peu l'histoire événementielle).