CNE503 a écrit :
le fait que la dynastie régnante des Lancastre - issue de Jean de Gand, le troisième fils du roi Edouard III - se soit emparée du pouvoir par un coup d'Etat, en 1399-1400, sur la dynastie légitime représentée par le roi Richard II
C'est faire peu cas de la manière de régner de Richard II, de son règne, de ses erreurs.
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2) les échecs intérieurs et extérieurs qu'Henry VI de Plantagenêt-Lancastre rencontra à partir des années 1450,
Il serait bon de creuser un peu le règne de ce roi et plus avant ce qui fit la régence. La personnalité d'Henry V et les échecs extérieurs (France) sont le fruit de la politique de Richard II qui ne préoccupait pas plus de la Guerre sur terre de France que celle engagée en Ecosse...
Revenons sur Henry V. Bon guerrier, bon administrateur, bon négociateur, il réussit à apaiser les partisans de Richard II.
En France il négocie avec les Armagnacs obligeant ainsi les Bourguignons à renchérir ou demander l'aide ou au mieux la neutralité de l'Angleterre. Mais Henry a décidé de terminer cette guerre à son bénéfice et pour sa neutralité demande le vieil empire angevin, la Normandie, le Maine, l'Anjou et la main de Catherine de France. Pour ce, il débarque à Calais et c'est Azincourt.
Jean sans Peur opte pour une entente avec l'Angleterre, Henry épouse Catherine de France et c'est le traité de Troyes. Henry V décède à Vincennes laissant un enfant de 9 mois, sacré à Saint-Denis, Henry VI.
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1435-1436 la puissance anglo-bourguignonne semblait irrésistible.
Sous Henry VI, Bourgogne a signé une paix séparée avec Charles VII.
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3)
Ceci, nous connaissons. Il serait bon aussi de creuser la personnalité de Neville, comte de Warwick qui sera un excellent conseiller jusqu'à ce que la reine décide de s'en faire un ennemi. Warwick bascule dans l'oppostion, ce qui veut dire toute la Maison Neville, ce qui n'est pas "rien".
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1) entre 1455 et 1460 a lieu la première rébellion yorkiste contre les "mauvais conseillers" du roi.
Le premier soubresaut sera bel et bien sous Richard II où déjà les conseillers étaient des favoris. D'où l'arrivée des Lancastre.
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les Lancastriens ne peuvent tolérer l'exclusion du fils d'Henry VI de la succession
Lors du retour de la Reine et de son fils, Londres refusera l'ouverture de ses portes. Il en sera du contraire lors de l'arrivée de York.
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Ils obtiennent une victoire décisive (Wakefield), au cours de laquelle Richard d'York est tué.
Ainsi que l'un de ses fils et le frère du comte de Warwick par ailleurs.
Henry VI est sorti de sa prison et remis sur le trône dans une incapacité totale de gouverner tant et si bien que les plus "attachés" voit le royaume filer en quenouille.
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tandis qu'Henry VI, son fils et sa femme se réfugient en Ecosse.
Je pensais qu'Henry VI avait regagné sa prison pour ne plus en sortir...
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Edouard IV est confronté à une insurrection menée par son ancien mentor, Warwick.
Ceci donne un peu l'impression d'un jeu du "qui perd gagne" ce qui est loin d'être.
C'est aussi passer allègrement sur l'union du roi avec Elisabeth Woodville et ce qui en sortira puisque le droit canon admettra que cette union pose problème et que la légitimité des enfants issus de cette union peut être discutée.
Edouard IV donne sa soeur comme épouse à Charles de Bourgogne, les opposants dont Warwick se rapprochent de Louis XI. Warwick propose en union au frère du roi, George duc de Clarence, sa fille Isabelle Neville. Veto du roi. Clarence bascule du côté des opposants et épouse tout de même Isabelle Neville.
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5) après un règne globalement calme, Edouard IV meurt en 1483. Il laisse la couronne à son fils Edouard
Pour le règne globalement calme, on peut discuter. Le calme de ses sens auraient été plus porteur...
Après Wakefield qui voit la mort de son père, le duc d'York, de son frère Edmond et de son oncle le comte de Salisbury il avait battu Jasper Tudor à la Croix Mortimer, dans les Galles, sauvé Londres des nordistes de la reine Marguerite et gagné à Towton. Le début est prometteur, déclaration aux Communes :
"Je me propose de vivre de mes revenus sans charger mes sujets excepté en cas de grande urgence". Ces réalisations appartiennent à la seconde partie de son règne.
Les dix premières années sont dominées par les rapports avec son cousin Richard Neville, comte de Warwick qui donne la note. La prééminence du comte est le fruit d'unions sagement passées. Le grand père de Warwick, Ralph Neville avait épousé Jeanne Beaufort (fille de Jean de Gand) ce qui faisait d'Edouard III son trisaïeul. Son père avait acquit le comté de Salisbury par union. Après l'exécution de son père en 1460 (Wakefield), l'héritage passe à Warwick qui épouse l'héritière Anne Beauchamp (un comte, de vastes biens dans le Pays de Galles et dans les Midlands occidentales). Ses manoirs et châteaux s'étendent sur plus de la moitié des comtés anglais. L'homme attendait les récompenses en contrepartie de sa loyauté : Chambellan d'Angleterre, Capitaine de Calais, Gardin des Cinq Ports, précepteur du jeune prince Richard. Tandis qu'il balaie les derniers noyaux de résistance Lancastre dans le Nord, le roi se détend entre Westminster et Windsor. Après la bataille de Hexham, son frère John Neville reçut le comté de Northumberland et George Neville devint archevêque d'York.
L'homme est donc à ménager. Et bien non !
1464 voit le début des frictions. Edouard IV, infatigable coureur est incapable de penser au niveau de la tête :
"... Il ne pensait qu'aux femmes et plus que de raison..." (Philippe de Commynes)
"... recherchait sans discrimination les femmes mariées ou non, les nobles et les roturières, sans en prendre aucune jamais par la force. Il parvenait à ses fins par l'argent et par les promesses ; puis une fois conquises, il les renvoyait" (Dominique Mancini).
Edouard IV ne fit non moins qu'un contrat de mariage avec Lady Eléonore Butler, fille de Lord Talbot afin de l'attirer dans son lit. En mai 1464, il récidive avec Elisabeth Woodville cependant Lady Woodville ne céda qu'après une union secrète. Pendant ce temps Warwick s'échine face à Louis XI pour un traité dont le sceau serait le mariage d'Edouard avec une princesse française. Certain de lui Warwick empoche les titres et les biens français pour apprendre de retour en Angleterre que le roi est marié avec, de plus, la veuve d'un chevalier Lancastre, déjà dotée de deux fils, cinq frères et sept soeurs... De 64 à 68, Edouard fait comprendre que désormais il gouvernera seul.
La seconde partie de son règne est relativement calme, faute d'opposants (Warwick, Henry VI et son fils Edouard étant passés ad patres). Il y avait un autre point du programme yorkiste que le roi tenait à mener à bien : la reconquête de la France. De
72 à 74, il s'allie à Bretagne, Bourgogne et Aragon, débarque à Calais pour se retrouver seul. Trêve de 7 ans signée à Picquigny.
Le duc de Clarence se retrouve veuf d'Isabelle Neville et envisage une alliance avec Marie de Bourgogne : re-veto du roi, Clarence regimbe et perd la tête en
1478. Le roi se vit rudement conseillé par son épouse. Vers la fin du règne, la frontière écossaise se réveille (
1481-82). C'est son frère Richard, duc de Gloucester qui s'y colle.
1483 voit le décès du roi, le prince Edouard a 12 ans et, dans ses dernières volontés, Edouard IV a nommé Richard de Gloucester Lord Protecteur.
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...mais celui-ci est sequestré puis assassiné par son oncle le duc de Gloucester, qui se fait couronner sous le nom de Richard III.
Durant le règne de son frère, Richard s'est tenu à l'écart de la Cour. Il pense en effet que l'exécution de son frère Clarence fut ordonné par la reine. Il saura se faire apprécier de son entourage. Son épouse était Anne Neville, cadette de Warwick, cohéritière de la succession Beauchamp. Ce qui n'est pas à dédaigner.
Nommé Protecteur, les Woodville conduits par la reine votèrent une résolution de manière à transformer le protectorat en conseil de régence, pendant que Richard guerroie dans le Nord. La famille dépêche Edouard V à Londres car une fois couronné, le protectorat prend automatiquement fin :
"... Ils redoutaient que si Richard prenait la couronne ou même s'il gouvernait seul, ceux qui portaient le blâme de la mort de Clarence ne soient condamnés à mort ou du moins dépossédés de tous leurs biens." (Dominique Mancini). Lord Hastings, ami intime du roi défunt prévint Richard. Celui-ci revint vers Londres accompagné du duc de Birmingham. Edouard V est arrêté sur la route qui le mène à Londres, accompagné de son oncle et tuteur Anthony Woodville, comte Rivers. La reine apprend la nouvelle et se réfugie avec son cadet Richard à Westminster.
Gloucester et Buckingham ne rencontrent aucune opposition et entrent dans Londres. Cette situation où chaque partie agit dans la crainte de l'autre est le fruit d'une union qui avait créé un fossé entre les Woodville et l'ancienne aristocratie.
Pour survivre Richard doit gouverner et pour gouverner, il doit être roi. Dès la seconde semaine de Juin, il a prit sa décision et ses fidèles du Yorkshire sont invités :
"... à nous rejoindre à Londres... aussi nombreux que possible... pour nous aider et nous prêter assistance contre la reine et ses partisans sanguinaires." Le 16 juin le jeune prince Richard rejoint son frère dans la Tour de Londres, le 22 juin le frère du Lord Maire, le docteur Ralph Shaw fit un sermon à la Croix de St Paul sur le thème :
"Les rejetons des bâtards n'ont pas de racine profonde" faisant allusion au contrat de mariage avec Lady Eléonore Butler avant l'union avec Elisabeth Woodville. Fin Juin, le Parlement se réunit et approuva un document suppliant Richard de prendre la couronne. La pétition lui fut portée à Baynard's Castle où il l'accepta. Il fut couronné le 6 Juillet Richard III en présence de la quasi totalité de la noblesse y compris la mère d'Henry Tudor, Marguerite de Beaufort.
Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, Richard III se vit en bute aux mêmes problèmes que l'avait été Henry IV.
Elisabeth Woodville persuadée qu'elle ne reverrait jamais ses fils vivants avait passé une alliance avec Henry Tudor, lui promettant la main de sa fille Elisabeth.
1484 fut pour Richard III une année d'attente et de surveillance, s'ajouta à ceci le décès de son fils unique puis de son épouse. De ce fait, Richard III était alors loin de demeurer un bon parti pour ceux qui s'étaient ralliés dans l'espoir d'éviter une minorité dominée par des troubles. Henry Tudor failli être pris en Bretagne et s'installa à la Cour de Charles VIII et ses fiançailles avec Elisabeth d'York furent annoncées. Le 7 août 1485, Henry Tudor débarquait, le 22 Août il remportait la bataille de Market Bosworth. Richard III fut tué au cours d'une charge de cavalerie
Peu importait qui avait gagné à Bosworth, il y allait d'une question de dynastie. Le Lancastrien Henry Tudor épousait Elisabeth d'York.
Quelle était la force de la prétention d'Henry Tudor à la couronne ? Du côté parternel, elle était minime. Son aïeul Owen Tudor avait secrètement épousé Catherine de Valois, veuve d'Henry V et lorsque Henry VI atteignit sa majorité, son beau-père et ses deux demi-frères Edmond et Jasper étaient en grande faveur jusqu'en 1461. Du côté maternel, les motifs de la prétention sont plus profonds : son bisaïeul est Jean de Gand qui eut de sa maîtresse Catherine Swynford nombre d'enfants par la suite légitimés sous le nom de Beaufort. Par la mort d'Henry VI et de son fils le prince Edouard en 1471, Henry Tudor devint le chef de la Maison Lancastre. La faiblesse de la prétention d'Henry était de peu d'importance comparée au résultat du combat qui venait d'avoir lieu. Il avait accepté l'invitation des sujets rebelles de Richard d'assurer sa revendication par l'épreuve de la bataille et il avait tué le roi régnant. Sans aucun doute il était à présent souverain de facto et, le dernier jour d'Octobre fut couronné à Westminster. Le Parlement se réunit et un Acte fut rapidement voté déclarant que l'héritage de la couronne était dévolu de droit à Henry et à ses héritiers par le sang.
De son côté, le pape Innocent VIII menaça d'excommunication quiconque mettrait en doute sa légitimité.
La reine douairière Elisabeth Woodville fut reléguée à Bermondsey Abbey et son apanage revenait à Elisabeth d'York.
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C'est la fin de la Guerre des Deux Roses.