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Message Publié : 11 Déc 2013 18:31 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 01 Jan 2012 11:57
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Alain.g a écrit :
Il l'obtient de l'abbé mais celà ne veut pas dire que le village devient une ville avec des droits et libertés. C'est curieux comme un mot, "ville" peut obscurcir la compréhension du réel. Tout le monde cherche un statut officiel de ville, à mon avis, il n'y en a pas. Ce qui existe, c'est une communauté de bourgeois suffisamment forte pour arracher à son seigneur ou abbé, Evêque, voire au roi, des libertés pour faire fonctionner la communauté. Elle en a plus ou moins.


Justement, c'est vous qui voulez donner un satut à la ville! Pour moi, il n'y a pas forcément des bourgeois dans une ville, surtout quand on parle de toute petite ville de quelques dizaines d'habitants. Je ne suis pas sûr que les habitants des villes ont quelques libertés que d'autres n'ont pas.
Je pense que fut d'abord la ville (village fortifié), puis vinrent les bourgeois, mais dans quelques villes, pas toute..


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Message Publié : 11 Déc 2013 19:54 
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Georges Duby
Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Localisation : Montrouge
Complément: En ce qui concerne les "bonnes villes", il s'agit d'un réseau royal avec un label de bonne ville à des communautés déjà constituées et qui ont arrachées un minimum de liberté à leur seigneur ou Evêque au point d'être devenues une Commune.
Une Commune est un état qu'une communauté fait vivre en tant que telle. C'est au 12è siècle que se produit le mouvement communal, la conscience d'une solidarité entre bourgeois d'un territoire pour faciliter le commerce. Là aussi il y a d'abord eu le besoin puis la fonction et ensuite l'institution cas par cas sans normes rationnelles.
Les rois vont encourage le mouvement de développement des villes, ils vont y percevoir des impots de manière croissante, leur donner du pouvoir dans le système des provinces et faire des villes des relais du pouvoir royal en y nommant directement par dessus les élus, qui sont en fait des cooptés, des fonctionnaires locaux et ensuite vendre des officies municipaux à son profit.
Louis XIV va amplifier les ventes d'offices locaux, certains ne trouvant pas preneurs tellement il en a créés, pour parfois presque pas d'attributions, et enlever ainsi tous pouvoirs aux représentants des communautés territoriales, spécialement dans les villes. Louis XIV a mis fin au grand mouvement de développement des libertés locales avec la multiplication des offices vénaux. La Révolution va poursuivre cette tendance centralisatrice.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 12 Déc 2013 10:51 
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Tite-Live
Tite-Live

Inscription : 25 Juin 2012 15:20
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Sur le légendaire calendrier de la Poste au millieu des Villefranche et Villeneuve , qui sont bien souvent des bastides , on trouve des lieux-dits tels que : Ville (la) , Villefranquette , Villelongue , Villeplaine , Villevayre… Villegoudou*

• pour cette dernière j’aimerais bien en connaître le sens ( en occitan « godal » veut dire sot , imbécile , nigaud)

Autre évocation du mot « ville franche » plus sûre et sérieuse :

Vers 1160 lmbert et R. Baiet donnent à la maison de la Selve, pour l'entretien de R. Baiet, l'alleu et la viguerie du mas de « Vilafranca », le fief et l'alleu du mas de « Puigmeia », une « apendaria » et le fief et l'alleu de Montels (2).

Note des historiens en bas de page :

« (2) D'après deux actes de 1297 et 1395, le mas de Puigmeia était situé à proximité du Favaldou (H. Malte, la Selve, I. 3, n° 14) et de Montels, dans la paroisse de Bégon (H. Malte, la Selve, I. 8 no 6). Vilafranca, situé sans doute fort près de la Selve, ne figure dans aucun acte postérieur. »

Pour les puristes voici un extrait du texte :
« … e a la maio de la Selva l'alo del mas de Vilafranca e la vegaria, el mas de Puigmeia per fiu e per alo, e una apendaria e Montelz per fiu e per alo… »

Selon les historiens dans ce pays l'étendue moyenne d’un mas est de 60 ha mais avec d’énormes disparités :
le plus petit, le Merlet, n'a que 18 ha. Artieux et Loupis ont de 40 à 50 ha, Bégon, le Clapiès, la Fourgue, ont de 100 à 110 ha, et enfin le mas cité voisin de Vilafranca , le mas de Montels atteindrait 500 ha.


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Message Publié : 12 Déc 2013 12:15 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 18 Jan 2008 13:49
Message(s) : 454
Localisation : Paris
Bonjour

Citer :
Un acte de vente d'une fosse ardoisière et les hommes sont dénommés "hominem ville" ou "hominem de villa".


Ce n'est pas parce que le latin donne villa que vous devez traduire par "ville". Le terme de villa est très largement utilisé pour décrire un rassemblement d'hommes (pas forcément groupé), du village à la ville. Il se distingue de la civitas, la cité épiscopale, mais peut décrire des situations bien différentes. Il n'est pas facile de définir la "ville" au Moyen Âge, mais il ne faut certainement pas plaquer notre distinction actuelle (ville/village) sur les mots des actes médiévaux.

Une citation de Robert Fossier (L'Enfance de l'Europe, vol. II, p. 982) pour illustrer ces difficultés de définition pour le Haut Moyen Âge.

Citer :
Le nombre des hommes, qu’on ignore d’ailleurs pour ces périodes éloignées, n’est pas en cause ; le statut juridique non plus, car un même texte régente village et commune ; pas plus que le vocabulaire : milites et « bourgeois » sont partout ; s’en tenir aux échanges ou au mouvement de l’argent serait bien étroit; les vaches paissant, au Nord, en ville, les maisons rurales à étages, dans le Midi, éloignent aussi l’idée d’un « paysage » ; la muraille clôt le monastère et la basse-cour comme la cité ; la spécialisation ou la division du travail, traits qu’au XIVe siècle on pourra juger caractéristiques, paraissent des effets plus que des causes de la cohabitation urbaine ; le pouvoir civil ou religieux, la force armée et l’école sont ailleurs. Rien donc qui soit une base originale pour la ville, à la mode antique, polyvalente, hiérarchisée et toute-puissante, ou à la mode actuelle : consommatrice tyrannique des énergies de toute sorte. Après tout saint Augustin avait peut-être raison qui disait que la ville était non muri sed mentes, un état d’esprit plus qu’une structure.

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Ira principis mors est


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Message Publié : 12 Déc 2013 14:25 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 31 Mai 2013 19:55
Message(s) : 14
Merci de ta réponse :)
Ce que j'aime dans mes recherches sur mon village, c'est de croiser plein de gens qui font avancer avec chacun une petite brique.
Des recherches sur un village font s'intéresser à une foule d'aspects vraiment très intéressants !
Merci encore !


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Message Publié : 23 Déc 2013 23:25 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 21 Sep 2008 23:29
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Localisation : Belgique
Alain.g a écrit :
Je connais mal le sujet mais mon impression générale est que la ville au Bas Moyen Age ne se définit pas par rapport au rural comme aujourd'hui mais par rapport à des souverainetés locales seigneuriales ou ecclésiastiques détentrices de pouvoirs de réglementer et de lever l'impôt. Ces souverainetés entendent conserver la totalité de leurs pouvoirs, d'autant que les embryons de ville leur rapportent de plus en plus de moyens et de ressources.
Mais les communautés de commerçants et d'artisans entendent s'autogérer, conscientes d'être un nouveau pouvoir et font pression en permanence.
C'est donc un rapport de forces qui s'institue localement. Les rois veulent utiliser les villes à leur profit et pour abaisser les pouvoirs seigneuriaux et ecclésiastiques. Ils développent donc l'octroi de privilèges comme il a été dit.
L'autonomie progresse par degrés jusqu'à ce qu'enfin un roi accorde une charte de ville qui libère du tuteur local: noble ou Evêque, abbé.
Parfois, la charte royale est tardive comme à Mauriac dans le Cantal, elle attend le 16è siècle. Jusque là, la ville dépend du prieur du monastère bénédictin, qui a fait des concessions aux bourgeois et leur a permis une petite auto-gestion concédée au fil de l'évolution du rapport de forces. Le but est atteint quand le roi accorde des Consuls qui vont gérer la ville.
Un point de vue très général dans un sujet compliqué faute de cadre normatif. L'ancien régime faisait du sur-mesure en permanence.


Alain,

je pense que vous avez dit dans votre paragraphe l'essentiel.
Je ne suis pas un érudit dans ce domaine non plus. Pour approfondir mes connaissances j'ai fait une petite "étude" sur le net.

http://classes.bnf.fr/ema/ville/ville/index1.htm
Ce n'est pas un site universitaire mais quand on voit la bibliographie...
Les villes romaines jamais complètement "éteintes" dans le haut moyen âge et dès le 10ième? siècle une renaissance...?
-l'exemple d'un évêché...(Tournai?)
-l'exemple du lien de pouvoir seigneural...(Bruges?)

Et comme toujours pour une étude préliminaire le wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ville_au_Moyen_%C3%82ge

http://www.herodote.net/3b_L_Europe_med ... e-1142.php
Et de nouveau les deux thèmes:
la ville et l'église
la ville et le pouvoir seigneural

Mais j'ai aussi lu dans un autre site que les "seigneurs" fondaient aussi des villes "ex nihilo" dans les pays de l'est des régions allemandes par exemple...pour des raisons "stratégiques" ?...

Une thése particulière:
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 8_3_293376
La continuité des foires et la naissance des villes.

Cordialement et avec estime,

Paul.


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Message Publié : 24 Déc 2013 10:59 
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Georges Duby
Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Localisation : Montrouge
Merci Paul d'avoir cherché à faire comprendre tous les aspects de la naissance et du développement des villes: formation et fonctions, naissance d'un pouvoir, concurrence avec abbés et seigneurs.
Ce qui est le plus difficile à saisir concerne la longue marche de la bourgeoisie d'artisans et de commerçants qui va conquérir le pouvoir et comment on aboutit à une ville libre avec une charte.
C'est ce que j'ai essayé d'expliquer en fonction de quelques lectures, insuffisantes, en suggérant que la Charte était non pas un point de départ mais un aboutissement. On ne le dit jamais, dans ce que j'ai lu du moins, en insistant souvent à tort sur la charte, alors qu'on décrit bien comment la ville s'organise. On n'explique pas assez non plus à mon avis le rôle du pouvoir royal, il libère de l'abbé et du seigneur à son profit. L'envoi d'un représentant royal comme le prévôt est toujours suivi de la perception d'impôts royaux.
On trouve par ailleurs des cas différents d'une région à une autre et d'un pays à l'autre. En Italie par exemple, des bourgeois se transforment parfois en nobles comme à Florence et à la fin un seigneur Médicis confisque la ville à son profit, se proclame duc et prince d'un Etat-cité, mais il y a des révoltes.
Certaines villes sont au départ des villages près d'un monastère et bien situés. Un village-centre prospère de ce fait et fédère dans la paroisse les villages des alentours habitués à se rendre au futur chef-lieu. Tout est évolutif dans les structures locales jusqu'à la Révolution et sa tabula rasa rationnelle.

L'extrait ci-dessous d' hérodote est intéressant sur la naissance du pouvoir municipal:
" De manière générale, il s'agit de faire la police au sein d'un corps de métier, pour éviter les fraudes qui risqueraient de salir la réputation de tous les membres. Elles font aussi pression pour obtenir des avantages. C'est ainsi que les marchands d'eau de Paris obtiennent de Louis VII le monopole du commerce sur la Seine en amont de Mantes. Les guildes et corporations les plus importantes font construire des bâtiments qui leur servent de quartier général.
Cette organisation est d'autant plus efficace que les commerçants et artisans sont déjà regroupés dans une même rue ou un même quartier. Les premiers noms de rue sont d'ailleurs souvent des noms de métier (rue des Tanneurs, rue de la Boucherie,...). Dans certains cas, cet emplacement peut être imposé par l'autorité, lorsque les activités sont polluantes, comme les tanneurs ou la teinture des textiles, qui salit considérablement l'eau. Mais dans la majorité des cas, c'est une habitude qui est prise.
Grâce à ces associations, les marchands et artisans peuvent affirmer leurs droits face aux hommes d'Église, traditionnellement bien organisés, et face aux seigneurs et surtout chevaliers, qui habitent plus souvent en ville qu'on ne le croit souvent. "

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Message Publié : 24 Déc 2013 11:28 
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Inscription : 15 Avr 2004 22:26
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Alain.g a écrit :
Merci Paul d'avoir cherché à faire comprendre tous les aspects de la naissance et du développement des villes: formation et fonctions, naissance d'un pouvoir, concurrence avec abbés et seigneurs.


Je crois que l'une des erreurs qu'on fait dans cette discussion, c'est de faire comme s'il n'y avait qu'un moyen pour une ville de naître, de se développer et d'acquérir son indépendance. Or, dans Un Cahier de Science & Vie, il y avait un article sur la création de la ville médiévale et, de mémoire, il y a au moins 5 cas différents. Chacun de ces 5 cas ayant une évolution particulière. Ainsi, certaines villes doivent leur naissance à l’Église, tandis que d'autres le doivent au noble du coin. Les citadins s'appuyant sur leurs appuis ou au contrainte cherchant à s'en détacher selon les circonstances. Ainsi, une ville épiscopale peut à certain moments se mettre sous la protection du roi pour gagner en indépendance. Ou au contraire, s'appuyer sur l'épiscopat pour se développer. En fait, le pouvoir citadin va se servir des pouvoirs ecclésiastiques ou épiscopaux poru grandir jusqu'à venir concurrencer ces 2 pouvoirs. L'un des symboles étant souvent qui a la plus haute tour. Et ce n'est pas toujours le clocher qui gagne.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 24 Déc 2013 13:34 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Localisation : Montrouge
Exact, chaque ville est un cas particulier avec son évolution propre qui dépend des rapports de force. Chaque pouvoir essaye de prendre un avantage ou conserver le sien s'il est prédominant. D'où des luttes de pouvoir et des alliances étonnantes, au premier abord seulement. S'appllque la grande règle de l'exercice du pouvoir: les ennemis de mes ennemis sont mes amis, les amis de mes ennemis sont mes ennemis et ....
Dans une petite ville d'Auvergne, Mauriac, c'est un monastère qui fait grandir un vicus gallo-romain et le prieur gère la ville sous la tutelle de l'abbé de Sens. Il a comme ennemi l'Evêque et le clergé paroissial qu'il tient pour subordonné.
Les bourgeois cherchent à être reconnus et appuyent plutôt l'Evêque; les moines sont des étrangers, des "francs". On crie "sus aux francs" en cherchant un jour de colère à s'en débarrasser. Le seigneur local qui a son château pas très loin cherche à mettre la main sur le monastère et la ville, mais il est repoussé par la population.
Les bourgeois obtiennent progressivement des droits du monastère et la possibilité de présenter au choix de l'abbé des représentants de la ville. Le monastère doit composer avec la bourgeoisie, notamment pour la défense de la ville et la police.
Quand le monastère perd de son crédit, le roi désigne un prévôt royal et quand il entre en crise au 16è siècle, les bourgeois obtiennent d'Henri II en 1552 ou 53 la charte qui leur permet de désigner des Consuls librement dont un premier Consul et un syndic. Le parcours est achevé.

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Message Publié : 26 Déc 2013 0:01 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 21 Sep 2008 23:29
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Localisation : Belgique
Alain et Narduccio,

je vous remercie pour une éclairage plus élaborée.

Cordialement et avec estime pour vous deux,

Paul.


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