Bonjour,

Après avoir lu le sujet sur la féodalité qui proposait d'en reclarifier les bases et étant novice en histoire médiévale, je m'interrogeais à propos de ce que l'on nomme "guerres privées entre seigneurs".

En effet, il me semble assez courant de voir cette désignation pour qualifier des conflits qui ont l'air assez régulier et dont on fait même partiellement la cause de l'élaboration des croisades, afin de détourner les seigneurs de "leurs guerres privées".

Mais qu'appel t'on guerre privée au juste et quelles en étaient les motivations ?

La réalité du royaume de France étant bien précaire à cette époque et la suzeraineté du roi toute théorique, il me semble donc logique que de tels affrontements aient pu avoir lieu entre "grand fief", entre "duché" ce qui pouvait correspondre à des "terres étrangères" à conquérir. Est-ce cela que l'on nomme "guerre privée" ?

L'échelle parait bien importante pour ce qualificatif et si l'échelle est plus restreinte (a l'intérieur d'un duché par exemple). Comment expliquer cette "initiative" d'un seigneur censé être vassal d'un duc et ayant tout intêret - à mon naif sens - à servir celui-ci (pour ses terres, pour son rang) sans avoir à risquer de tout perdre en s'accrochant militairement avec un autre seigneur vassal d'un commun suzerain.
(J'espère avoir été clair).

En résumé : Qu'appelle t'on "guerre privée" (en opposition à quoi si ce ne sont les croisades / guerre de cent ans ?) et quelles furent les motivations (hors question éventuel d'honneur, de moeurs) de tels affrontements ?

Merci !

Les occasions de se battre pour des raisons privées étaient nombreuses et recherchées au bas Moyen Age, depuis les duels judiciaires, les ordalies et les guerres privées qui s'étaient multipliées à la moindre occasion pour des raisons d'honneur ou d'intérêt. Ces guerres entrainaient des dommages pour les paysans et perturbaient le bon ordre.
L'Eglise avec la trêve de Dieu, comme plusieurs souverains s 'efforcèrent de limiter ou mettre fin à ces guerres comme aux duels judiciaires, notamment Philippe Auguste et sa règle des 40 jours à attendre pour combattre après un différend ou une offense, ou Louis IX qui renouvela la règle des 40 jours sous peine de mort.
Louis IX prit soin de réorganiser la justice et d'obliger à la possibilité d'un appel, afin que les conflits se résolvent par voie de justice.
Les guerres privées étaient devenues courantes, exacerbées par le code d'honneur de la chevalerie, ne relevaient d'aucun juge, permises d'ailleurs par le lien vassalique si elles ne le concernaient pas, perturbant toutefois le service au château par exemple. Les nobles recherchaient alors les occasions de faire la guerre pour démontrer leur valeur et leur courage.
Il arrivait que le meurtre réponde au meurtre et que des lignages adverses s'éteignent écrit Georges Duby.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Merci pour ces précisions.

Il s'agissait donc bel et bien de conflit ayant pour motif la défense ou la conquête de l'honneur. Je pensais que cette "geste" de la chevalerie était plus ancienne (époque carolingienne) mais ce sont là mes lacunes qui parlent, je vais aller revoir tout ça.

Aussi, ces querelles entre gentilhomme aboutissaient-elles souvent à la conquête de terre ou la simple défaite du vaincu suffisait-elle de victoire au vainqueur ?

Parfois les guerres privées conduisaient à la vengeance avec meurtre puis escalade de meurtre en meurtre jusqu'à ce qu'interviennent les premières tentatives de l'Eglise et des hauts nobles pour limiter les conflits armés, vers la fin du 10è siècle, sous forme d'assemblées de paix réunissant les seigneurs sous la présidence fréquente de l'Evêque.
Puis le mouvement va se généraliser pour aller de la Paix de Dieu à la formule plus élaborée de la Trêve de Dieu en 1020 instituée par des conciles locaux qui fixent des périodes d'interdiction de la guerre, certains jours et périodes liturgiques, et non plus seulement de préserver les biens de l'Eglise comme dans la Paix de Dieu. Souvent, novation, dans le nord notamment, le prince ou le duc, le comte président les réunions de paix et non pas un Evêque.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.