L'époque baigne dans la redécouverte du droit romain mais appliqué à la société médiévale et est marquée par un souverain qui recherche les conflits au lieu de les éviter. Le pape Boniface rêve d'un empire chrétien unifié sous la direction d'un souverain religieux et cherche à i imposer une théocratie pontificale. L'entente entre les deux hommes est impossible. Philippe IV, taxe le clergé et ses interventions militaires en vue d'agrandir le domaine royal sont coûteuses. Le roi a recours à une imposition directe des contribuables qui payaient leurs impôts à leur seigneur et au clergé. Des recours à des manipulations monétaires amènent le mécontentement de la bourgeoisie et des soulèvements populaires. Philippe IV dépouille les Juifs puis les expulse du royaume. Le roi est toujours acculé par la pression financière.
1307 : les biens du Temple sont confisqués mais comme l'a écrit Narduccio, le "trésor des Templiers" est essentiellement leur important "patrimoine financier". L'ordre possède des milliers de commanderies à travers l'Europe, une marine, une force armée permanente, un nombre important de forteresses et une institution financière prospère. Philippe le Bel a emprunté aux Templiers. L'ordre est un état dans l'état, politiquement indépendant et jouissant de privilèges fiscaux qu'il n'entend pas remettre en cause ; ce que ne peut accepter ce roi. Le conflit du moment avec le Saint Siège envenime le tout.
Jean-Marc Labat a écrit :
Le gros problème des Templiers, c'est qu'ils ne servent plus à rien.
Il n'y a plus de royaume de Jérusalem à défendre et de routes de pélerinages à protéger. Jacques de Molay n'a pas compris qu'il était urgent de faire évoluer son ordre. Il s'est systématiquement opposé au projet de fusion avec les Hospitaliers. Son échec d'alliance avec les Mongols, son refus en 1305 d'abonder la préparation d'une nouvelle croisade le plombe. "Dieu n'est pas content, nous avons des ennemis de la foi dans le royaume" (première phrase de l'ordre d'arrestation). En les faisant passer pour des hérétiques, le peuple ne bougera pas. Riche, puissant, arrogant, l'ordre est bien loin de l'esprit de pauvreté, d'humilité et de sacrifice du début. Le pape a été tenu à l'écart, cette arrestation est une violation du droit canonique. Environ 500 arrestations dans le royaume. Face aux accusations, pour sauver sa tête et son âme, il faut avouer ou mourir en hérétique.
1309 : les banquiers et les marchands lombards sont à leur tour dépossédés et expulsés.
1312 : excédé Philippe le Bel fait pression sur Clément V pour que l'ordre soit aboli. Le pape cède avec la bulle "
Vox in excelo". Hors France, Edouard II d'Angleterre refuse de les arrêter ; Robert Ier d'Ecosse leur assure protection ; les princes allemands et les chevaliers teutoniques de même ; au Portugal et en Aragon, ils sont répartis dans d'autres ordres créés pour le besoin (ordre de Montesa, ordre du Christ).
Les derniers mots attribués à Jacques de Molay auraient été : "Dieu sait qui a tort et qui a péché ; seigneurs sachez que tous ceux qui nous sont contraires par nous auront à souffrir"... La fin tragique a contribué à la légende d'une survivance templière et de nombreuses sociétés secrètes ou ésotériques se réclameront de leur héritage. Il en a été de même pour les Cathares. Il faut peut-être comprendre pas "trésor", un héritage "spirituel"
En son temps, l'apparition de l'ordre du Temple a été une véritable révolution.
Quid de l'état financier de la France après la confiscation des biens ? Deux années plus tard, les Lombards passent à la trappe... Existe-t-il un lien sur le forum évoquant les difficultés financières du royaume sous Philippe IV ? Est-ce un héritage du précédent monarque ?