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 Sujet du message : Chevalier Archer en Occident ?
Message Publié : 15 Mai 2014 20:23 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 15 Mai 2014 19:45
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Localisation : Haute Garonne
Bonjour tout le monde,

Je suis nouveau ici et je viens vous poser une question.
En travaillant mes cours et en faisant des recherches sur la bataille de Bouvines je suis tombé sur une illustration provenant de l'œuvre : Chronica Majora II, de Matthieu Paris, représentant l'épisode où le roi Philippe Auguste chute de cheval face à la charge d'un chevalier adverse. Trois chevaliers français accourent alors à son secours et font notamment fuir Hugues de Boves.
Et un de ces chevaliers français possède un arc court et l'utilise à cheval en tirant sur Hugues de Boves et cela en mouvement, certainement au galop.
Donc voila ma question, l'archerie montée était elle pratiquée au Moyen Age en Occident chez les chevaliers ?
D'après mes connaissances et mes recherches l'archerie montée était plutôt une pratique des peuples de l'Est, asiatiques et arabes d'où ma question.

Si vous pouvez me répondre,
Merci et Bonne soirée


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Message Publié : 16 Mai 2014 7:57 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 22 Sep 2005 18:53
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Bonjour

Je réagis le premier à ce sujet (mais d'autres participants bien plus érudits que moi vous donnerons certainement d'autres pistes).

Voici ce que je peux en dire :

- Je connais cette enluminure (c'est une des rares qui montre un archer à cheval en occident au cours d'une bataille).
- L'archerie était pratiquée en occident (pour la guerre et pour la chasse).
- Pour la guerre c'est principalement une archerie à pieds (et des archers issus du peuple, quand ce n'est pas des arbalétriers)
- Pour la chasse, les Nobles la pratiquait aussi à cheval.
- Il n'y a AUCUNE source qui nous indique des régiments de cavaliers archers occidentaux participant à une bataille médiévale sauf pour les pays de l'Est mais alors les cavaliers sont des auxiliaires appartenant à des 'ethnies' de tradition cavalière (Tatar chez les Lituaniens, Couman chez les Hongrois par exemple).
- Quant je parle de 'régiments de cavalerie à cheval " j'entends qu'ils combattent à cheval en tirant à l'arc à cheval. En effet, au 15ème siècle, certains "Francs Archers français se déplacent à cheval mais combattent à pieds.
- Même pendant les croisades, les 'Francs" ne semblent pas créer de régiments de cavaliers archers.

Bien à vous.

_________________
Hugues de Hador.


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Message Publié : 16 Mai 2014 9:09 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 15 Mai 2014 19:45
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Localisation : Haute Garonne
Je suis tout à fait d'accord avec vos précisions, cela va dans le sens de mes connaissances. Mais alors que fait cet homme dans cette scène ? Est une invention de l'auteur ? Mais de la à inventer quelque chose de non pratiqué en Occident c'est peu être un peu beaucoup non ?
En y réfléchissant j'ai pensé qu'il pouvait peut être s'agir d'un chevalier en particulier, connu à l'époque pour cette pratique, et le représenter ainsi permettrait de le reconnaitre, qu'en pensez vous ?


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Message Publié : 16 Mai 2014 10:08 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 13 Déc 2008 17:02
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Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de parler d'une "invention" : comme évoqué, les chevaliers savent tirer à l'arc pour chasser, dès lors, on peut supposer que quelques uns l'utilisent comme arme de guerre également.

On trouve en effet trace de l'usage d'armes de jet et d'arcs par des chevaliers dans certaines chroniques et autres textes narratifs : je pense notamment à la Chanson de la Croisade contre les Albigeois, ou dans le même contexte à l'Historia Albigensis. Le contexte est certes différent bien que le conflit soit contemporain, puisque dans le midi de la France, il semblerait que l' "évitement" et le harcèlement soient davantage pratiqués que dans le nord, où l'idée d'un combat frontal visant à rompre la ligne adverse prédomine (en tout cas, c'est ce qui transparait de ces textes). Dans ce cadre en tout cas, une cavalerie plus légère, plus mobile et équipée de "dards" et de flèches est utilisée ; il faut néanmoins souligner que l'emploi de certains mots "ambigus" peut laisser supposer que, si la chevalerie n'est pas étrangère à cette pratique, cette cavalerie est parfois (souvent ?) non noble, constituée de routiers espagnols ou méridionaux.

Comme pour Bouvines, un continent mercenaire était présent, cette illustration pourrait y être rattachée, à la limite ? Cependant, il me semble me souvenir que leur positionnement sur le champ de bataille rend cette idée peu probable. Mais en tout cas, l'idée d'un chevalier doté d'un arc ne me semble pas nécessairement absurde, et ça se fait dans certaines régions
Il me semble par ailleurs que quelques "mauvais" chevaliers d'œuvres littéraires médiévales n'hésitent pas à se servir d'arc, ce qui montre bien que c'est plutôt mal vu et pas très noble, mais sans doute plausible (connotation qui pourrait aussi expliquer en partie le peu d'illustrations de cette pratique peu conforme à la guerre idéale ?).


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Message Publié : 16 Mai 2014 10:54 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 22 Sep 2005 18:53
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pol_ak 47 a écrit :
Comme pour Bouvines, un continent mercenaire était présent, cette illustration pourrait y être rattachée, à la limite ?


Si, pour Bouvines, un contingent de mercenaire "archer à cheval" était présent, je serais très très intéressé pour avoir la source de cette info avec plus de précision.

Bien à vous.

_________________
Hugues de Hador.


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Message Publié : 16 Mai 2014 13:24 
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Hérodote
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Inscription : 15 Mai 2014 19:45
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Localisation : Haute Garonne
Je me suis mal exprimé, je ne voulais pas parler d'une intervention à proprement parlé, mais plutôt d'un ajout, d'un embellissement comme cela était souvent pratiqué par les chroniqueurs médiévaux. D'ailleurs Mathieu Paris était un chroniqueur anglais, il aurait pu volontairement ajouter cet archer cavalier français pour accentuer le coté non honorable, mauvais chevalier dont vous parlez, aux troupes françaises. Qu'en pensez vous ?

Pour ce qui est des mercenaires, ce n'est pas d'un contingent de mercenaires archers à cheval qu'il est question il me semble, mais tout simplement de mercenaires "normaux" présent à Bouvines, les Brabançons menés par Renaud de Damartin.


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Message Publié : 16 Mai 2014 13:39 
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Il faut se placer du côté symbolique, l'arc n'est pas une arme chevaleresque, même à la chasse, en Occident du moins. Le gros gibier se chasse à courre, et on le sert à l'épieu, ce qui n'est pas sans danger. Le petit gibier ne se chasse guère, ou au faucon, la chasse au lapin est bonne pour les enfants, ou les manants.

Rantanplan a raison de souligner que Paris est anglais, et que des troupes anglaises participèrent à Bouvines, en petit nombre. Le combat chevaleresque se conçoit d'homme à homme, et face à face, et le but n'est pas de tuer, mais de faire prisonnier pour en tirer rançon. On massacre la piétaille, mais on se ménage entre noble, et la mort ne peut être qu'un hasard malencontreux. La fuite n'est pas déshonorante en elle même, après tout, le repli élastique n'est pas une invention récente. Le fait de montrer un chevalier tirant à l'arc dans le dos d'un autre en train de se "replier" fait de celui-ci un félon, un homme indigne de la chevalerie, et ce n'est pas innocent, on dévalorise son ennemi.

Il ne faut pas chercher du côté de prétendus chevaliers archers, ils n'ont pas existé, ou ils n'étaient pas chevaliers.

Mais ce n'est que mon opinion.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 16 Mai 2014 14:05 
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Jean-Pierre Vernant
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Je suis asse d'accord avec vous Jean-Marc ; les enluminures, comme l'immense majorité des sources iconographiques ne sont pas des témoignages photographiques ou des reportages scientifiques mais des oeuvres portant un message.

Au delà j'ajouterais simplement qu'un combattant à cheval, même en dehors d'une troupe de mercenaires n'est pas nécessairement chevalier mais simple sergent. On parle peu d'eux dans les sources, l'attention étant focalisé sur les aristocrates, mais il est certain que les contraintes symboliques pesaient moins sur eux.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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Message Publié : 16 Mai 2014 14:26 
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Localisation : Région Parisienne
Dans une mêlée à l'arme blanche, il est ridicule de se servir d'un arc, parce qu'on ne peut pas parer les coups d'un adversaire, et de plus, on risque de toucher une personne de son camp. Les archers anglais des XIVème et XVème siècles posaient les arcs et se transformaient en coutiliers lors de la mêlée, ils ne tiraient pas avec leurs arcs quand ils étaient au contact.

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Message Publié : 16 Mai 2014 15:56 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Localisation : Belsa
Matthieu Paris avait le droit de défendre un point de vue pro-impérial. Toutefois, ici c'est l’œuvre de l'enlumineur qui pose problème. A t-on des indications sur le lieu de composition du manuscrit ? Est-ce une réalisation d'un scriptorium insulaire ou venant d'une terre d'Empire, qui avait intérêt à présenter la chevalerie française sous un jour peu favorable ?


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Message Publié : 16 Mai 2014 16:55 
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Thucydide
Thucydide

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Il serait en effet tout à fait logique dans un manuscrit anglais de déprécier la chevalerie française en représentant un noble armé d'un arc, ce qui est bien en opposition avec l'idéal de l'époque. D'ailleurs, à la réflexion, Bouvines étant l'archétype de la bataille rangée basée sur le choc (même avec quelques raffinements tactiques comme le dispositif du comte de Boulogne), les archers n'y ont effectivement guère leur place (et sont absents des sources, il me semble) ... J'évoquais la possibilité d'un mercenaire en référence à un petit corps de cavaliers à l'aile droite française (je ne me souviens plus de leur employeur, ville ou évêque du nord de la France), et parce que l'usage d'un arc est plus envisageable au sein d'une compagnie de mercenaires que parmi des chevaliers. Mais étant donné que la cavalerie du corps de bataille du roi (au centre) était composé de chevaliers chevronnés, une volonté de stigmatiser la noblesse française est plus probable : "oui, les Français ont gagné, certes, mais le roi s'est retrouvé au sol et en plus leurs chevaliers ne sont pas des vrais gentilshommes".

Concernant la "réalité" de l'utilisation d'arcs ou non, je ne serais pas si catégorique quant à leur absence sur le champ de bataille : question de contexte. Si à partir du XIVe, ça me parait difficile à envisager tant la culture chevaleresque a imprégné les mentalités dans toute l'Europe (et encore, l'idée de tuer de loin n'est pas si déshonorante en Espagne ou en Europe centrale, il me semble ; question de culture et de tactique dans un environnement assez particulier), dans certaines régions, ce n'est peut-être pas le cas aux XIe-XIIIe. Mais il est certain que dans la culture des combattants de Bouvines, venus du Nord de la France, des Flandres et de l'Empire, l'arc est déjà très mal vu. La confrontation à la même période entre chevaliers septentrionaux et cavaliers méridionaux et espagnols (aux rangs plus "perméable") dans le cadre de la croisade contre les Albigeois fait bien apparaitre cet antagonisme entre la culture du choc et une autre moins "doctrinale", si l'on peut dire, plus axée sur l'efficacité et adaptée à la région, mais moins préparée à un affrontement frontal supposé brusquer l'issue dans le sens voulu par Dieu et en accord avec l' "idéologie" chevaleresque.


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Message Publié : 21 Mai 2014 6:53 
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Plutarque
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pol_ak 47 a écrit :
Concernant la "réalité" de l'utilisation d'arcs ou non, je ne serais pas si catégorique quant à leur absence sur le champ de bataille : question de contexte. Si à partir du XIVe, ça me parait difficile à envisager tant la culture chevaleresque a imprégné les mentalités dans toute l'Europe (et encore, l'idée de tuer de loin n'est pas si déshonorante en Espagne ou en Europe centrale, il me semble ; question de culture et de tactique dans un environnement assez particulier)

Les régions dont vous parlez sont des zones de frictions religieuses. L'interdit visant l'arc et l'arbalète ne concerne il me semble que les chrétiens combattants d'autres chrétiens (ce qui est le cas de tous les combattants de Bouvines a priori). Ceci explique cela, non ?


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Message Publié : 21 Mai 2014 6:58 
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L'anathème n'est valable que pour l'arbalète, l'arc reste "permis". Il est évident que pour la lutte contre "l'infidèle", elle est tout à fait licite.

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Message Publié : 21 Mai 2014 14:24 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 16 Déc 2006 15:45
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De plus cet anathème n' jamais été vraiment pris au sérieux et appliqué.

Par contre, en parlant d'arbalète, j'ai vu une arbalète pour cavalier, une version plus courte et pouvant être accrochée à la selle.
Il a donc du exister des cavaliers arbalétriers.
Mais impossible de me souvenir où j'ai vu cela et donc dans quelle contexte elle était utilisée.


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Message Publié : 21 Mai 2014 14:28 
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Tirer à l'arc à cheval est aisé, mais tendre une arbalète, ça doit être coton. A l'arrêt, peut être, mais en action ?

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