Citer :
où un roi était vassal d'un autre et lui devait hommage pour une partie de ses terres; les terres d'un roi parmi celles d'un autre, un morceau d'un royaume appartenant à un autre...
C'était déjà le cas depuis Guillaume le Conquérant pour la Normandie.....
C'est l'accession d'Henri 2 au trône d'Angleterre, APRES son mariage avec Aliénor, qui crée une situation intenable pour Louis VII: Henri 2 a un prétexte pour ne pas reconnaître l'autorité du roi de France: il est lui même roi. D'ailleurs, ni Henri ni ses fils ne se sont soucié de l'Angleterre, et y ont passé très peu de temps, c'était juste un prétexte pour ceindre une couronne, mais le cœur de leurs domaines, c'était la vallée de la Loire, le Poitou, le bordelais, et la Normandie.
Ceci dit, c'était déjà le cas de son grand père maternel, Henri Beauclerc.....
Et il faut remettre la chose dans son contexte: on est en plein âge féodal. Le roi n'a plus de la royauté que le titre. Il est considéré comme un seigneur un peu spécial, mais pas plus. L'administration royale est inexistante ou presque et le roi ne règne effectivement que sur l'Ile de France. Les barons du royaume se comportent comme de petits monarques, en particulier ceux du Sud. L'Aquitaine, avec sa culture occitane, est éloignée des centres de pouvoirs royaux et est très autonome jusqu'à l'avènement des Plantagenêt, que les petits nobles aquitain ont beaucoup de mal à supporter.
Il faut attendre le règne de Philippe Auguste, pour voir les différents fiefs entrer de nouveau (et de manière très relative) dans la sphère d'influence des rois de France.
Louis VII était entouré de fiefs turbulents qui ne lui étaient pas spécialement fidèles, et dirigés par des seigneurs parfois plus prestigieux et plus puissants que lui: duc de Normandie, comtes d'Anjou (descendant du célèbre Foulque Nerra et ses énormes tours de pierre), de Champagne, d'Artois.... La lointaine Aquitaine ne devait pas être le premier de ses soucis.
En outre, théoriquement, l'Aquitaine faisait partie du royaume de France. Elle lui devait donc fidélité, mariage avec Aliénor ou pas......
La catastrophe n'a pas tant été le départ d'Aliénor, mais bien son remariage avec Henri Plantagenêt, ce qui forma un immense empire féodal allant de l'Ecosse aux Pyrénées à côté duquel les rois de France paraissaient assez insignifiants. Ceci dit, les Plantagenêt avaient tout autant de mal à maintenir leur autorité sur tout ce petit monde que les rois de France n'en avait à maintenir le royaume dans une certaine cohésion.
Au XIIème siècle, les barons aquitains n'arrêtent pas de se révolter contre leur autorité, et c'est un état de guerre permanent qui s'installe. Les vicomte d'Angoulême et de Limoges n'arrêtent pas de se révolter. Ils défendent d'abord Richard contre son père, puis eux-même contre Richard qui a été chargé de les punir après s'être réconcilié avec son père!
Entre les querelles dynastiques et les révoltes diverses (l'Aquitaine n'est pas la seule.... le pays de Galle, l'Ecosse, la Gascogne, le Quercy sont des zones très turbulentes en plus du Poitou et du Limousin), "l'empire" plantagenêt est aussi un beau foutoir et leur autorité est souvent, pour eux aussi, plus théorique que réelle. Le pouvoir réel se situe finalement à un, voir plusieurs échelons en-dessous: les vicomtes et leurs vassaux, qui en fonction de leurs revirements, influencent beaucoup l'autorité réellement détenue par les "grands".
Les premiers combats que Philippe Auguste a mené dans les années 1180, c'était pour mater la Champagne, l'Artois et les Flandres, pour constituer une base solide avant de s'en prendre aux imposants Plantagenêts. La mort d'Henri 2 et de cette brute de Richard Cœur de Lion ont accéléré les choses par la suite.