Bonjour,

j'ai vu, sur un manuscrit aquitain de la fin du XVe siècle, un navire de type nef ou caraque, arborant sur la proue, une bande de chevrons alternés rouge et blancs et sur la poupe, des croix blanches sur fond rouge.
Pensez-vous que la poupe puisse être associée à l'ordre de Malte? Sinon, à quoi?
A quoi peuvent se rapporter ces chevrons?
Merci pour vos réponses.

Bonsoir,

La croix blanche est celle de l'ordre des Hospitaliers, ou de Saint-Jean de Jérusalem, ou de Rhodes, pas encore de Malte à ce moment-là. Mais elle est aussi portée, comme les chevrons, par de nombreuses familles. Si vous pouviez poster une image ou un lien, nous pourrions vous répondre avec plus d'affirmation.

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Ira principis mors est

D'argent à trois chevrons de gueules sont les armes de Richelieu. Combien il y a t'il de chevrons ?

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Fin XVe, ça ne colle pas avec le grand cardinal. Je ne crois pas que sa famille ait jamais eu les moyens d'armer un navire.

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Ira principis mors est

C'est certain. Le nombre de chevrons est important pour l'identification.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Aussitôt dit, aussitôt fait!

https://www.dropbox.com/s/wmjr6qngds7v8 ... .docx?dl=0

Ouh là là, sacrément dégradé ! C'est un livre juratoire ? Je n'ai pas d'hypothèse sur la file de chevrons en poupe, mais les écus de gueules à la croix d'argent m'amènent plus à penser à l'ordre de Saint-Jean qu'au pavillon parfois utilisé par les navires français (et qui y est souvent bleu à croix blanche).

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Ira principis mors est

Oui, c'en est un.

Ah oui, c'est vous qui travaillez sur le Livre velu de Libourne.

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Ira principis mors est

Oui, Cornélis.

Toujours aucune idée pour les chevrons?

Je ne suis pas sur que ces chevrons aient un rôle de représentation particulier. Il s'agit probablement de la représentation d'une toile tendue au-dessus du château arrière, qui renvoie par ses couleurs aux armes présentes sur les écus du château avant. Je pense que vous trouverez plus d'aide auprès d'un spécialiste des navires médiévaux qu'auprès des amateurs d'héraldique.

Je lis sur wikipédia que les armes de Libourne représentent un navire d'argent, aux pavillons de même, agrémentés sous Louis XI de fleurs-de-lys d'or. Si vous confirmez cette information, on pourrait avoir une représentation de ces armes. Les écus de gueules à la croix d'argent et le tissu rouge et blanc seraient alors des éléments "neutres", l'auteur ayant précisément choisi de ne pas représenter des armes existantes, pour ne pas placer les consuls (jurés ?) dans une situation de dépendance au moment du serment, ce qui serait le cas si le navire arborait les lis de France ou les léopards d'Angleterre. Les livres municipaux du Moyen Age tardif associent souvent une figuration religieuse et une représentation du pouvoir urbain, allégorique ou, le plus souvent, héraldique. Il ne me paraîtrait pas anormal de trouver une figuration des armes, qui est ici une illustration de bordure.

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Ira principis mors est

Merci Cornélis, pour cette réponse détaillée. J'avais déduit, en effet, que le navire représentait Libourne, puisqu'une lettre patente de Louis XI (1461) lui accordait des fleurs de lys au dessus des mâts, mais je n'avais pas fait le lien avec ce possible désir d'indépendance par leur non-représentation sur cette enluminure reprenant en partie le sceau de la ville, dont j'ai quelques exemples ultérieurs. Concernant les écus de gueule à croix d'argent, je ne crois pas à une représentation neutre, mais bien à une référence, comme vous l'aviez évoquée, à l'ordre des chevaliers de Saint Jean de Jérusalem : en effet, dans la page qui lui fait face, la page juratoire, qui représente un Christ en croix, on retrouve une autre référence à Saint-Jean. De plus, trois commanderies étaient très proches de Libourne (Arveyres, Pommerol et Lalande). Il me semble qu'un lien puisse réellement être établi entre la ville et l'ordre, donc entre la représentation et l'ordre.
Pour les chevrons, je reste perplexe. Rien, dans mes recherches, n'associe Libourne, ni ses armes à ce type de symbole. Au mieux, pourrions-nous voir là le rappel des couleurs de l'ordre, voire celles du vêtement traditionnel des jurats, rouge et blanc (lequel semble porter Saint Jean lui-même sur le page qui fait face au f° présenté)? Et pourquoi choisir "des éléments neutres" pour ces chevrons et non pour les croix?

C'est aussi ce que je pense.

Pour les croix d'argent sur champs de gueules, j'y vois plus les armoiries de la Savoie que celles des chevaliers de saint-Jean. L'ordre de Saint-Jean était actif en méditerranée orientale, et la Savoie était active en Europe occidentale. Je sais bien que les chevaliers de St-Jean ont hérité des possessions des templiers, et donc que leur présence à Libourne serait possible, mais une caraque est un navire occidental, pas un navire oriental. Et c'est aussi un navire de commerce, ce qui ne correspond pas à un ordre qui est resté un ordre combattant, contrairement aux templiers (ce qui lui a permis de survivre aux rois de France d'ailleurs). Fin XVe la Savoie a une flotte, son arsenal naval étant à Villefranche, à côté de Nice. Et les deux états étant alliés, la présence d'un navire savoyard commerçant avec les Français me semble cohérente.

Merci pour votre réponse.
Je ne crois pas qu'il s'agisse ici d'un navire étranger à Libourne. Dans le contexte il semble qu'il incarne la ville elle-même. Je cherche plutôt, à travers ces symboles, des alliances spirituelles ou effectives avec la jurade libournaise, commanditaire du manuscrit.