Il faut aussi garder en mémoire que ce que l'on appelle route pour l'époque médiévale nous semblerait être de simples chemins creux serpentant à travers la campagne (et reliant les bourgs et villages entre eux plutôt que de chercher à relier des territoires plus distants, donc de nombreux détours). Les rares grands axes sont des chemins un peu plus large, des voies commerciales, d'anciennes voies romaines. Et la voie maritime est en effet largement empruntée quand c'est possible. Ceci dit beaucoup de cours d'eau n'étaient pas encore aménagé et ne permettaient pas forcément de remonter très loin dans les terres (sauf grands fleuves, et encore, la navigation pouvait y être dangereuse par endroit).
Le temps de trajet dépend d'une foule de facteurs: le temps, la saison, la région (certaines sont plus isolées que d'autres.... J'imagine certains villages des hautes terres du massif central.... ils devaient être relativement tranquilles!) le voyageur (une simple estafette voyageant léger ira beaucoup plus vite qu'une troupe et tout son train de bagages). De la même manière, le temps n'est pas quantifié de façon aussi précise qu'aujourd'hui: pas de montre, de pendule ou autre (juste le soleil, et là encore ça varie en fonction de la saison, je me suis toujours demandé comment les gens du passé se donnaient rendez vous....), le temps a donc une signification différente qu'à notre époque. On comptera en jours, en nuits, mais pas en heures. Et la pression du temps devait être moins forte: on arrive quand on arrive. De toute façon, vu les moyens de communication, aucun moyen de prévenir d'un retard, d'un aléas, ou de savoir exactement quand un tel arrivera. Cette notion du temps laisse un peu appréhender à quel point nos ancêtres avaient une vie différente de la nôtre. Nous sommes actuellement tyrannisés par le temps. Il en allait bien différemment même à des époques récentes.....
Pourtant, on voyage beaucoup au Moyen Age, les grands nobles notamment, qui ne cessent de changer de lieux, parcourant leurs domaines histoire de rappeler qu'ils sont les maîtres (ça fait toujours son petit effet de devoir laisser la tour de son château à son suzerain pour lequel on tient ledit château). Richard Coeur de Lion, à la tête de l'immense domaine Plantagenêt, n'a pas arrêté de voyager de la Normandie à l'Aquitaine, allant mater des révoltes en Limousin et en Quercy, puis allant piller/pacifier le Bearn et le Pays Basque, puis un petit séjour en Angleterre (où il a passé très très peu de temps)....etc.
Pour un petit seigneur et sa suite, je pense que se rendre à un tournois à Paris depuis le midi est vraiment un évènement exceptionnel dans sa vie. En outre, il ne faut pas oublier qu'avant le XIII ème siècle, Paris n'a pas plus d'importance pour les gens du midi que Toulouse, Bordeaux, Poitiers ou Limoges (début XIIème, la population de Paris est sensiblement semblable à celle de Limoges......)
Y avait-il dans les campagnes autant de mouvement qu'il pouvait y en avoir au XVIIIème ou au XIXème? Je ne sais pas trop, mais les phénomènes de transhumances (parfois sur d'énormes distances.... au XVIIIème siècle, des bergers des environs d'Avignon menaient de grands troupeaux jusqu'en Lozère et même en Aubrac l'été) et les travaux saisonniers existaient certainement déjà.
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