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Cérémonial d'annoblissement
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Auteur :  Zebre [ 05 Jan 2005 12:58 ]
Sujet du message :  Cérémonial d'annoblissement

Bonjour à tous.

je suis nouveau sur ce forum que je découvre par hasard, et qui m'a séduit dès la premirèe lecture. Bravo à tous pour votre érudition et l'intérêt que vous portez à l'histoire, seul moyen de sortir des mensonges des idéologies modernes de tout bord.
Bravo donc à tous.


Je vous sollicite pour une information que je ne trouve pas en ligne.
Je cherche la manière dont se déroulait l'anoblissement jadis. Je ne parle pas des lettres d'anoblissement, ni du cérémonial d'adoubement à la chevalerie, que je connais, mais d'un simple cérémonial d'anoblissement sans les engagements religieux du chevalier.
A quoi ressemblait-il ? A certaines époques (j'ignore lesquelles), un gentilhomme pouvait lui-même faire gentilhomme. Comment cela se passait-il, selon quels critères.

Y avait-il une célébration particulière ?

Auteur :  Zebre [ 05 Jan 2005 22:51 ]
Sujet du message : 

Je n'ai pas de bonnes références en la matière, mais on voit dans <i>le bossu</i> un gentilhomme anoblir le héros.

Plus sérieusement, il me semble que dans le cycle du Graal Perceval est annobli par un gentilhomme qu'il rencontre et qui lui enseigne les manières d'un chevalier (dans la version de Chretien de Troyes).
Est-ce pure imagination, ou y a-t-il eu un temps où ce genre d'adoubement se faisait.
Il me semble qu'avant le XIVe siècle, les adoubements étaient plutôt peu soumis à des codes, et que les noblesse aussi ancienne n'ont d'ailleurs pas de trace écrite de leur adoubement.

(bon, ça ne va pas m'aider dans mes recherches, ce que je dis....)

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 06 Jan 2005 5:37 ]
Sujet du message : 

La montée progressive de la puissance monarchique fit que seul le Roi pouvait annoblir. Cela ne fut pas toujours ainsi. Tant que la classe nobiliaire ne fut pas fermée, on pouvait conquérir un fief et devenir noble de facto. Ensuite, les grands feudataires purent le faire. Mais à partir de Louis VII et surtout Philippe Auguste, lamonarchie s'en réserve le droit et les premiers annoblissements connus datent de Philippe III.

Auteur :  Zebre [ 07 Jan 2005 0:55 ]
Sujet du message : 

Dois-je donc déduire de tout cela qu'il n'existait pas de cérémonial (recensé) d'annoblissement (je doute du mot adoubement, réservé à la chevalerie non ?). On était annobli par simple lettre ou volonté manifestée d'un noble (avant 1281 donc) ? Aucune cérémonie, aucune fête ?

Mais d'où vient donc cette scène du <i>bossu</i> où l'on voit le Duc de Nevers annoblir Lagardère d'un coup d'épée sur l'épaule. Serait-ce un remix de l'adoubement du chevalier ?


Tiens d'ailleurs, comment se fait-il que tard dans le moyen âge on puisse faire chevalier un gentilhomme marié, alors que c'est d'abord un rite religieux ? (qui vouait au célibat)

Auteur :  Keikoz [ 07 Jan 2005 5:20 ]
Sujet du message : 

La question ne peut pas se poser tout à fait dans ces termes. L'adoubement était bien une cérémonie d'anoblissement, mais pas toujours.

Elle le devint lorsque la noblesse devint une noblesse de droit, au tournant des XII et XIII siècles: avant cela il n'existait pas de noblesse au sens juridique. A cette époque l'appartenance à la chevalerie qui se ritualisait par l'adoubement devient synonime d'un statut juridique particulier, et c'est précisément par cette fermeture de la chevalerie que se définit une noblesse au sens juridique. Donc l'adoubement, à ce moment là, était bel et bien une cérémonie d'anoblissement. Elle perdit d'importance, dès lors que dans une évolution ultérieure, l'adoubement fut réservé aus seuls fils d'adoubés, ce qui revenait à faire de la chevalerie une réalité se transmettant par le sang. C'est alors seulement qu'on peut pleinement parler d'une noblesse, terme qui se définit par un ensemble de privilèges attachés à des personnes et qui se transmet héréditairement.


keikoz

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 07 Jan 2005 5:24 ]
Sujet du message : 

Un adoubement n'a jamais été une ordination, et à part dans les ordres religieux militaires (Templiers, Hospitaliers, Teutoniques etc..), le célibat n'a jamais été de mise, sinon les seigneuries auraient changé de main à chaque génération !!!

D'ailleurs, à l'origine, cette cérémonie n'était pas, où fort peu religieuse. L'Eglise s'en est peu à peu emparée.

Auteur :  Madameroyale [ 07 Jan 2005 8:49 ]
Sujet du message : 

Oui alors pour Perceval non pas du tout, en tout cas si nous avons la même version.

Le père (méhaigné, donc rapport avec le Roi Pêcheur et le Roi de Graal), les frères de Perceval sont des chevaliers morts au combat. Perceval rencontre un gentilhomme qui lui enseigne les manières de la chevalerie, mais les manières seulement. S'est en tuant un autre chevalier que Perceval sera lui même sacré par le roi Arthur.

Maialen

Auteur :  Hannibal [ 10 Jan 2005 11:02 ]
Sujet du message : 

Pour quelque peu compléter le post de Keikoz, je vais vous faire part de ce que je connais sur la chevalerie des XIIIème-XIVème siècles.

En fait, la noblesse est à cette époque une qualité que l'on hérite de ses ancêtres. On est noble parce que le père (ou la mère, ça dépend des théories) est noble. Mais dès les années 1300, la "classe" noble gagne peu de membres puisqu'elle est fixée sur un schéma qui ne peut être modifié.
A cette époque (XIVème), les nobles sont presque tous chevaliers. Par la suite, ce qui à Liège se développe au milieu du XIVème siècle (quelle période :lol: ), le patriciat urbain va entrer dans la chevalerie par l'intermédiaire des enfants mariés à des enfants de chevaliers. A côté de ce schéma classique (on retrouvera cette attitude au XIXème siècle entre bourgeoisie capitaliste et noblesse), certains patriciens vont se faire adouber chevalier.
cette modification de la classe chevaleresque va accentuer un certain "déclin" puisque les chevaliers vont de plus en plus devenir des riches qui s'enorgueillissent d'un titre qu'ils vident de leur réalité par leur hostilité au mode de vie aventureux des chevaliers.

En espérant ne pas avoir été trop compliqué,

Hannibal

Auteur :  Zebre [ 29 Juin 2006 16:42 ]
Sujet du message : 

Merci pour ces compléments et ces détails.
Pour autant, il était toujours permis, je crois, de faire un nouveau chevalier soit par achat du titre soit par acte héroïque. Le roi eut bientôt le seul privilège de faire de nouveaux chevalier.
Sait-on ce qu'il en était de ce rite, qui devait être très court j'imagine.

Auteur :  Zebre [ 29 Juin 2006 17:34 ]
Sujet du message : 

Jean-Marc Labat a écrit :
D'ailleurs, à l'origine, cette cérémonie n'était pas, où fort peu religieuse. L'Eglise s'en est peu à peu emparée.
Je voulais aussi revenir sur cette affirmation. Venait d'un modo, je n'avais pas osé la démentir, mais j'ai trouvé grâce au lien d'n des membres vers un ouvrage en ligne sur un autre sujet la réposne à ce point.
La chevalerie était bien à caractère religieux dès l'origine (même si la notion de consécration dont je parlais au début était erronée)

Voici la courte page à lire, ^provenant de ce livre

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 29 Juin 2006 18:20 ]
Sujet du message : 

Ce n'est pas parceque je suis modérateur que j'ai toujours raison :lol:

Vous citez l'excellent ouvrage de Boutaric, précieux à bien des titres. Mais en l'occurence, il parle de la cérémonie du XIIIème siècle, qui est devenue complètement religieuse, et j'en suis bien d'accord. Mais il n'en était pas de même du milieu du XIème siècle et ce jusqu'au milieu du XIIème.

La religion s'insinue petit à petit. On fait d'abord bénir les armes, pour finir par trois jours d'oraisons avant d'être adoubé.

Il faut bien se pénétrer que le MA n'est jamais monolithique, mais en perpétuelle évolution.

Auteur :  Zebre [ 29 Juin 2006 20:25 ]
Sujet du message : 

Pourtant l'auteur distingue bien la cérémonie de la remise des armes de la cérémonie de l'adoubement ou plutôt de l'accolade, qui faisait chevalier. Il précise bien que cette chevalerie se distingue de la simple remise d'arme par son caractère religieux, voire son engagement religieux (à défendre l'Eglise). Enfin tout cela n'est qu'un détail.

Mon vrai sujet c'est le genre de cérémonie que le roi (ou le gentilhomme, puisque d'après le même ouvrage (p.139) il en avait le pouvoir en 1298 dans le sénéchaussé de Beaucaire) le genre de cérémonie que l'on faisait alors. Posait-on l'épée sur l'épaule comme tant de film nous le montrent... sur une épaule, sur épaules + tête, y avait-il des festivités, y avait-il un rituel, des paroles, bref... que sait-on là dessus ?

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 30 Juin 2006 17:41 ]
Sujet du message : 

Vous avez une excellente relation sur la façon de faire un Chevalier dans le tome I de la milice françoise du père Daniel, pages 99 et suivantes.


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k629601

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