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Message Publié : 11 Nov 2015 13:50 
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Plutarque
Plutarque

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comment l'Eglise voyait t-elle la légende du roi Arthur ? Une histoire païenne ?


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Message Publié : 11 Nov 2015 14:31 
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La légende est entièrement christianisée, je ne vois pas pourquoi l'Eglise aurait dit quelque chose.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 11 Nov 2015 14:45 
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Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
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Localisation : Versailles
Pour ma part je juge la question légitime car j'ai toujours été étonné (sans doute à tort) par la tolérance de l'Eglise à l'égard de fictions dans lesquelles abondent les fées, les sorcières et autres créatures étranges ...


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Message Publié : 11 Nov 2015 15:19 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 24 Mars 2010 16:23
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Il me semble que l'Eglise n'a jamais adopté de position particulièrement hostile vis-à-vis des figures littéraires que constituent les fées ou les sorcières : ce sont des lieux communs hérités, entre autres, des fictions antiques mais ceux-ci ne viennent pas en contradiction avec les doctrines qui pouvaient avoir cours. On retrouve même la figure de la fée dans les récits de Jean Renart : c'est dire ! Par ailleurs, si la fée et la sorcière participent bien de la même figure antique, celles-ci vont finir par s'opposer en incarnant, pour l'une, le Bien et l'amour du Christ, pour l'autre, le Mal et le culte du Diable.

Aussi cette "tolérance" de l'Eglise à l'égard de ces figures n'est-elle pas si étonnante que cela dans la mesure où elles entretiennent une sorte de ferveur (mue par l'admiration et la crainte) autour de valeurs morales fondamentales.

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Il n'y a pas de littérature sans liberté politique

Memoriam quoque ipsam cum voce perdidissemus, si tam in nostra potestate esset oblivisci quam tacere


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Message Publié : 11 Nov 2015 17:30 
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Plutarque
Plutarque

Inscription : 20 Mai 2014 22:12
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cette tolérance ne vient t'elle pas aussi que le christianisme a beaucoup emprunté du paganisme ?


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Message Publié : 11 Nov 2015 17:51 
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Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
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Localisation : Versailles
Je ne partage pas l'opinion de Grossman car elle reflète un point de vue d'historiens ou de sociologues modernes qui ne comprennent absolument pas l'anti paganisme fondamental des premiers Chrétiens. Ceux ci voyaient au contraire dans les divinités païennes des formes diaboliques. Que dans les faits, les saints par exemple aient pu assurer une fonction comparable à certaines divinités païennes mineures (protéger ou guérir des maladies ) n'a jamais été vu par les clercs comme une forme de paganisâtion de la Foi catholique !


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Message Publié : 11 Nov 2015 18:51 
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Plutarque
Plutarque

Inscription : 20 Mai 2014 22:12
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un exemple de ce que je veux dire : pourquoi on a décider que le 25 décembre était le jour de la naissance du Christ ? car c'était le jour ou l'on célébré le Dieu soleil


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Message Publié : 11 Nov 2015 19:28 
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Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
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Localisation : Versailles
L'exemple de Grossmann est discutable pour deux raisons. La principale est que le 25 décembre est le jour où la nuit raccourcit et la lumière s'allonge - symbole de renaissance. La seconde moins centrale est que cette fête du dieu soleil n'a aucune racine traditionnelle et a été fabriquée de toutes pièces par l'empire tardif dans une démarche syncrétique.

Quand des rites païens sont récupérés (sources sacrées par exemple) cela n'est jamais fait dans le cadre d'une stratégie consciente et explicite de continuité mais bien au contraire de rupture. Les rites païens sont toujours condamnés comme sataniques. si une source païenne est christianisée c'est après qu'un saint homme (évêque ou ermite) en a expulsé la gardienne païenne (nymphe par exemple), a mis fin à la présence diabolique et y a établi la toute puissance du Christ en totale rupture avec la tradition précédente.

Ce sont les intellectuels modernes qui pensent que cette rupture est une fiction et qu''en fait le rite païen perdure sous une forme catholique.


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Message Publié : 11 Nov 2015 19:54 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 24 Mars 2010 16:23
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Localisation : Paris
J'avoue avoir du mal à vous suivre, Jerôme : si vous admettez la démarche syncrétique entreprise par l'empire christianisé, vous admettez, implicitement, qu'il y a bien eu des emprunts de la part du christianisme dans les traditions païennes. C'est, ce me semble, tout ce que soulignait grossmann. Après, que ces emprunts ne soient pas le reflet d'une parfaite continuité du paganisme à travers la diffusion du christianisme, je pense que personne ne vous contredira sur ce point.

Entre admettre une position caractérisée du rejet de certaines traditions païennes de la part des autorités impériales et une pure continuité de l'un à l'autre, il me semble qu'il existe une vision nuancée : dans les faits, bon nombre de lieux de culte chrétiens ont été fondés, notamment en Occident (mais pas seulement), sur des sanctuaires ou autels païens (voyez même les cathédrales ou les églises) ; de même, le christianisme n'a pas été systématiquement roi dans toutes les anciennes provinces de l'empire d'Occident et certains paganismes persistent aussi aux côtés du christianisme pendant bon nombre d'années. Ce qui est certain, c'est que le christianisme occidental "papiste" tire ses racines de traditions païennes.

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Message Publié : 11 Nov 2015 20:34 
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Marc Bloch
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Inscription : 10 Fév 2014 7:38
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Localisation : Versailles
Pour répondre à Arcadius, il me semble possible et même probable que les fidèles aient percu une sorte de continuité des lieux sacres ou de certaines pratiques païennes en substituant l'intercession d'un saint à celle d'une divinité païenne.

Il n'en reste pas moins que jamais l'église n'a pensé son action en termes de continuité avec la paganisme. Elle s'est toujours placée en position de rupture avec celui ci !

Quand une église dédiée à Notre Dame est construite sur un temple de Jupiter ce n'est pas pour dire que Jesus et Jupiter sont frères, cousins ou amis mais que Notre Dame a vaincu Jupiter (qui est cousin ou ami de Satan) et a pris sa place !

Donc on aurait pu penser que de même que l'eglise qui condamnait toute pratique païenne aurait pu aussi condamner les œuvres littéraires peuplées de dragons et de fées !

Autre exemple : quand les nazis ou les communistes créent des cérémonies pour les jeunes qui se substituent à la confirmation, ils n'expriment pas une continuité mais une rupture avec substitution ! Bon cet exemple ne vaut que ce qu'il vaut ! :P


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Message Publié : 11 Nov 2015 22:12 
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Plutarque
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Inscription : 20 Mai 2014 22:12
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qu'est ce que l'église pensait de Merlin, de l'île d'Avalon ?


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Message Publié : 12 Nov 2015 13:14 
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Pierre de L'Estoile
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c'est là, à mon avis, le problème : Merlin (Myrddin) est un personnage qui est naît d'une mère humaine et d'un père diabolique. Il représente la transition entre le nouveau monde chrétien et l'ancien monde paiens. Merlin se retire régulièrement en forêt pour y rencontrer son scribe et confident Blaise qui est un saint, mais il succombera à Viviane (Nimue) une sorcière donc démoniaque sauf que c'est aussi la Dame du Lac, celle qui donne Excalibur et aussi le Graal.

la richesse de ce mythe c'est l'ambiguité qui reflète les débats qu'il devait y avoir à l'époque entre profane et sacrés, entre paiens et chrétiens.

le principe de la chanson de geste c'est de glorifier en s'encrant dans le fond de légende populaire le "miles", ce n'est pas forcemment bien vu par le clergés au départ. La fonction de barde, de scalde va petit à petit passer dans le champs de la religion pour donner le chantre et le chroniqueur, comme Nennius, Geoddefroy de Monmouth et peut-être Chrétien de Troyes car il faut bien transcrire la "geste" en latin dabord puis en langue vulgaire. Et là c'est le rôle de l'Eglise. Bien qu'on sent la dialectique entre les rajout chrétiens et la volonté d'autenticité du "miles". C'est une oeuvre commune entre les deux ordres : ceux qui prie et ceux qui combattent avec chacun leur domaine d'attirance.

J'ai oublié le 3ème ordre "ceux qui travaillent" et qui ont peut être été aussi à l'origine de ces histoires qu'on racontait à la véillée.

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(Il permit que les païens traversassent la mer, Pour rappeler aux Francs leurs péchés)


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Message Publié : 16 Nov 2015 21:58 
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Jean Froissart
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Une chose m'étonne tout de même : la transition entre œuvres païennes et chrétiennes ne commence pas en Europe et encore moins au Moyen-Age. De même, elles se côtoient bien plus tôt. Pourquoi donc l'Eglise aurait-elle subitement interdit certaines représentations alors même qu'elle découle et revendique pour elle l'héritage des œuvres païennes ? J'ai l'impression qu'on est toujours dans le mythe d'une Europe médiévale basculant dans le chaos et l'obscurantisme, reniant tout ce qui la fonde pourtant.

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Message Publié : 16 Nov 2015 22:06 
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Marc Bloch
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Localisation : Versailles
Il est vrai que les hommes du moyen âge connaissaient la mythologie greco romaine et la guerre de Troie qui n'étaient pas oubliées même si elles étaient étudiées dans des versions tardives et latines. La Renaissance n'a pas redécouvert la mythologie mais a écarté les versions tardives pour revenir aux textes les plus anciens et de référence grecs.

Pour la tolérance ecclésiastique du XIIe siècle, je voudrais proposer quelques hypothèses. Sans doute l'épiscopat ne disposait il pas d'une autorité insuffisante pour imposer une censure des textes littéraires ? Les évêques ne partageaient ils pas la culture des grands laïques ? Enfin, les clercs n'étaient ils pas suffisamment cultivés pour distinguer les figures religieuses des fictions littéraires ?


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Message Publié : 16 Nov 2015 22:48 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 28 Déc 2011 12:34
Message(s) : 2210
Localisation : St Valery/Somme
c'est vrai, ils connaissent trés bien la culture classique. Le siège de Paris d'Abbon regorge de formule prise dans l'Iliade. Par contre ils négligent les histoires celtes et germaniques au IXème siècle. Aprés l'intégration des légendes comme Beowulf, Niebelungen, Hildebrand, Rolland,Merlin, Arthur ça n'arrive qu'aprés l'an 1000 et sur des textes écrits en langues vulgaires.

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