La première ébauche de la paix de Dieu est procurée par les conciles de Charroux (989) et de Narbonne (990), les évêques prenant alors des dispositions d'ordre public pour pallier l'épanouissement de l'autorité royale. Il s'agit de protéger les clercs, les laboureurs, les pélerins, et les marchands, ainsi que leurs biens. Dans les années 1020, les évêques vont plus loin et font prêter dans leurs diocèses un serment de paix. Des associations de paix se constituent. La trêve de Dieu est inventée par le concile de Perpignan (1027) : il est interdit de combattre pendant l'avent, le carême et le jour de Pâques, puis tous les dimanches, et parfois du jeudi au dimanche, voire pendant tout le temps pascal.
Dès le XIIe siècle, le roi reprend à son compte une partie de l'oeuvre canonique de paix. Par l'ordonnance de Soissons (juin 1155), acceptée par les prélats et les barons, Louis VII établit une paix étendue sur les églises, les paysans, les marchands et plus généralement tous ceux qui acceptent de s'en remettre pour la solution de leurs conflits à la justice dont ils relèvent. Philippe Auguste établit un délai de quarante jours entre le défi et le début de la guerre, afin que soient prévénus ceux que des solidarités lignagères vont impliquer dans le conflit. L'ordonnance de saint Louis sur la guerre privée relève de la même politique.
Gérard de Florennes ou de Cambrai (mort en 1051). Issu d'une illustre famille lotharingienne, il est le petit-fils des comtes Godefroy de Hainaut et Godefroy de Verdun, le petit-neveu de l'archevêque de Reims Adalbéron et le cousin d'Adalbéron de Laon. Il étudie à l'école épiscopale de Reims et appartient vite à l'entourage de l'empereur Henri II. Evêque de Cambrai et d'Arras (1012) grâce à la protection de ce dernier, Gérard réorganise et réforme les monastères, fonde des collèges de chanoines. Il lutte contre les entreprises du châtelain Gautier de Lens contre le pouvoir temporel des évêques de Cambrai sur leur ville. Devenu l'un des principaux personnages politiques de la Basse-Lorraine, il entretient de constantes relations avec la France capétienne, et joue un rôle important lors du concile réformateur de Compiègne (1023). Dans l'Empire, il prend nettement parti pour la primauté du pouvoir pontifical sur le pouvoir impérial, compromis par les abus politiques de Conrad II.
Orateur de talent, il est un ardent défenseur de l'orthodoxie : c'est ainsi qu'il combat à Arras l'hérésie manichéenne prêchée par l'Italien Gandolfo, qui annonce le catharisme en récusant toute compromission de l'esprit avec le monde et en déniant tout effet aux sacrements. Sa position à l'égard de la trêve de Dieu est assez peu claire, puisqu'il approuve le principe mais s'en remet à l'autorité royale pour assurer l'ordre public et souhaite tenir l'Eglise à l'écart de ces affaires séculières. Avec Adalbéron de Laon, il est de ceux qui analysent la structure ternaire de la société inspirée de saint Augustin, dans la complémentarité des gens de prière, des soldats et des agriculteurs.
Informations tirées de "Dictionnaire de la France médiévale, Jean Favier, Fayard 1993
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