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Jean-Marc Labat a écrit :
Mais ce qui est certain, c'est qu'il n'y a pas de majoration pour paiement en retard.
Je vous soumets ceci pour avoir un aperçu de la gestion de Philippe II.
J'ai un doute quant à la non perception de majorations.
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…six officiers domaniaux qui avaient tous en commun de bien connaître le secteur, reçurent pour mission de visiter … les campagnes … Cette visite devait donner lieu à une estimation de la situation de la région, tant par enquêtes directes que par audiance de témoins...]
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...Item, feront diligence de commander aux receveurs particuliers du pays qu'ils mettent peine de remettre sus le domaine de monseigneur qui est moult diminué pour les guerres, de recueillir des arrérages qui dus en sont ce qu'on pourra recueillir, sans procéder trop rigoureusement contre les pauvres sujets.]
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"Ordonnances de Philippe Le Hardi"1386 : [
...Item que lesdites gens des comptes commenceront leur fait en faisant compter plusieurs baillis et receveurs particuliers qui n'ont pas compté du temps passé, et aussi … qui ont à compter de deux ans et plus...]
Ceux chez qui une erreur de comptabilité était remarquées devaient
"rembourser par le paiement d'une somme forfaitaire ne devant pas excéder 1 000 francs..." ---> dans les caisses du receveur général de Flandre.
Si le duc a une telle comptabilité, c'est par exigence et cette exigence est mue par le besoin.
La Bourgogne vit au-dessus de ses moyens et c'est grâce aux possessions septentrionales que Philippe II s'en sort. Pour les obsèques de Louis de Male, il a déjà dû s'endetter.
L'héritage des Flandres tient 35 à 48% des recettes. Le comté de Charolais : 11,9% ; ajoutons les foires et marchés, les taxes de péage (Bapaume), l'exercice de la justice, taxe de mutation (10ème puis 5ème denier), les dons royaux.
La rente versée par le gvt royal à son aîné : 12 000 francs annuels. A ceci s'ajoute la même somme pour la garde du château de l'Ecluse. 6 000 francs annuels pour Antoine, dernier fils du duc (à partir de 1401). 83 000 francs versés par Charles VI en 5 pensions (en plus de la rémunération pour les bons offices).
"
L'impôt, sous formes d'aides ordinaires et extraordinaires … levée d'aides … prérogative royale, mais le duc de Bourgogne la capta partout à son profit." (Schnerb)
Cependant les besoins font que le duc emprunte aux officiers de finances et surtout vit des avances sur perception, aux châtelains, à son épouse, des villes (en Flandre), de riches particuliers (en Flandre) : ces emprunts sont remboursables sur le produit des assises ou défalqués des aides à venir. Les receveurs paient les créditeurs ducaux :
"
… prêts qu'ils nous ont fait en notre grand besoin et nécessité comme pour la vente et délivrance de vaisselle d'or et d'argent, joyaux et draps de soie qu'ils nous ont baillés et délivrés."
1397 : le duc émet des rentes viagères pour racheter la seigneurie de Kerpen
Dino Raipondi devient son principal bailleur de fonds (sté commerciales à Bruges, Anvers, Paris, Avignon, Montpellier, Venise et jusqu'en Orient...), en retour le duc lui trouve des clients à la cour de France. Raipondi négocie la rançon de Jean comte de Nevers avec Bayezid soit 200 000 ducats / 700 kg d'or. Je n'ai pas encore comptabilisé ce que coûtera "
l'aventure hongroise" car le duc voudra "
sa" croisade à la
"mortelle déconfiture" (Schnerb). Je n'ai non plus ajouté les frais engagé pour la chartreuse de Champmol, car le duc voudra "
sa" nécropole.
A cette époque, le faste déployé aune de la grandeur (on va même jusqu'à comptabiliser le chagrin à la longueur de la traîne du manteau des hommes et là -lors des obsèques du Male, Philippe était le plus chagriné...). Avec les aléas et les changements de souverains, tout ne va pas aller pour le mieux.
Il semblerait que le reproche fait à Orléans (dépenser pour son compte) soit peut-être une réalité mais en tout état de cause, il n'est pas le seul. Et puis, c'est le frère du roi : il est donc en attente d'avoir plus qu'un oncle qui a largement bénéficié et un peu confondu avantages de la couronne et avantages de la Bourgogne.
Je ne serai pas étonnée d'apprendre que sous le duc Charles, cette grandeur et ce mécénat tant vantés, n'étaient plus qu'une façade (concernant les caisses) et que Marie a dû écoper d'une ardoise assez conséquente.
Maintenant la rupture étant consommée avec la France, je me pose la question de savoir qui a remboursé les dettes du duc de Bourgogne, en Bourgogne... Parce-que Louis XI vivait lui-aussi d'emprunts :
- afin d'aider l'épouse d'Henri VI (Anjou) à retrouver son trône
- avec les Médicis pour acheter la neutralité d'Edward IV (York)
- encore les Médicis (qui sont remboursés avec le droit d'avoir une bourse en fleur de lys) pour l'entretien des troubles en Angleterre via Warwick et Gloucester, puîné d'Edward IV (lorsque le torchon brûlera)...
Il semble que la comptabilité ne soit pas le point fort des gouvernements où qu'ils soient.
On pourrait se croire hors sujet mais non car l'héritière de Charles Ier, Marie épousera un Habsbourg : nous voici donc de retour dans le SERG...
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