Isidore a écrit :
Maalouf, c'est sympa mais le romancier est bien meilleur, mais on ne peut pas dire que ce soit une pièce bibliographique majeur sur le sujet.
Il n'apporte aucun recul ou bien peu par rapport à ses sources et il s'offre des conclusions lapidaires que son périmètre de connaissance lui autorise bien peu, mais il est de lecture agréable je le concède. Donc attention pour une bibliographie de recherche mais OK pour la plage ou bien l'honnête homme.
Quant à la séparation entre les deux mondes Artigas ... elle daterait, si elle était si effective que cela, bien plus des invasions arabes en Europe et dans le monde byzantin qui furent considérées comme sauvages par ceux qui les subirent... Les chroniques des sacs de Barcelone et de Rome,entre autres faits d'armes, au Xème siècle sont là pour le rappeler.
Jean Flori rappelle dans son livre sur "Guerre sainte, jihad, croisade" (Points Seuil Histoire) que le jihad subi par l'Europe a un effet majeur sur la naissance de la notion de croisade.
De plus il serait intéressant de savoir si la lecture actuelle de la croisade n'est pas plutôt une lecture a posteriori faites par des historiens ou lettrés modrens ou contemporains que celle faite par les hommes et les femmes de l'époque. Quelle est la perception des croisades au XVIième siècle en Syrie ou en Palestine ? Existe-t-il une facture ? Existe-t-il un ressentiment ? Ces questions ont-elles déjà été posées ?
Si c'est un ouvrage majeur car le premier à donner la vision, la perception des Arabes et des musulmans sur ce que l'ont peut considérer comme une invasion "sauvage" voir barbare et cruelle sans un motif véritablement nécessaire si ce n'est commercial, économique et démographique. L'aspect religieux y apparaît secondaire en réalité. Il était sans doute bien réel mais pour de "fervents croyants religieux chrétiens en réalité". Fervents croyants ou croyants chrétiens d'Occident fanatisés?
Sinon vous avez mal lu ou mal compris semble t-il l'épilogue de son ouvrage allant de la page 299 à 304. Du recul historique, il en fait pourtant preuve. Il cite des sources arabes de premières mains tout au long de son ouvrage mon cher Isidore.
Et sur le plan purement historique l'ouvrage d'Amin Maalouf est bien plus intéressant à consulter et à lire que celui profondément fallacieux et révisionniste d'un certaiin S.G ou d'un Jacques Heers au sujet de la première Croisade. Vaste fumisterie pseudo historique aux relants islamophobes et révisionnistes.
La "Séparation" ou la non compréhension plutôt date véritablement des Croisades de 1096 à 1291 et non avant, sans parler d'une diabolisation de l'Islam et de son Prophète, voir notamment l'excellent ouvrage de John Tolan "Les Sarrasins" à ce sujet en Occident chrétien bien avant les Croisades. La traduction du Coran par Bède le Vénérable qui le considéra comme un ouvrage "diabolique". Ou les liens vers des articles de Géraud Poumarède au sujet de la diabolisation des turcs Ottomans. Consulter à ce sujet son excellent ouvrage "Pour en finir avec la Croisade: mythes et réalités de la lutte contre les Turcs" aux XVIe et XVIIe siècles.
Vous parlez des invasions arabes en Occident chrétien et au sein du monde byzantin, notamment et principalement sous le Haut Moyen-Äge, les mots conquêtes militaires et expansions militaires conviendrait davantage, cas à Mantzikert en 1071 avec les Turcs Seldjoukides, de la conquête d'Al Andalus par les troupes berbero-musulmanes en 711 de Djabel Al Tarik, de la Sicile, du Proche et du Moyen-Orient, de la Capaddoce, toutes des conquêtes militaires face à des armées de l'Occident chrétien selon les cas ou byzantines/persanes. Je ne vois nul massacres de populations au cours de ces conquêtes militaites. Des pillages probablement, sans doute mais c'est tout. L'islam a été une religion ou l'expansionnisme militaire fut un trait majeur pour ne pas dire fondamental c'est tout. Mais sans des massacres de populations entières chrétiennes loins s'en faut.
Les chroniques des sacs de Rome et de Barcelone sont à prendre avec des précautions. Les chroniqueurs latins chrétins occidentaux avaient tendance à exagérer les faits pour ne pas dire à les déformer"...Que valent leurs chroniques par rapport à celles des chroniqueurs arabo-musulmans à l'époque des Croisades au Proche-Orient? Pas grand chose. Il faudrait être sérieux à un moment.
Lire à ce sujet ''Les chroniques Arabes" de Francesco Gabrielli, excellent ouvrage de référence ou encore du même auteur sous un collectif d'historiens, "La Méditerranée des croisades", Citadelle, Mazenod, Paris, 2000.