qui pourrait me dire ce que devint la duchesse d'Etampes à la mort de François 1er ?
le successeur de celui-ci, Henri II, la chassa de la cour (elle et Diane de Poitiers se détestaient), elle avait alors 39 ans et devait décéder à l'age de 72 ans en 1580.
quelle fut sa vie pendant cette période ? ou vécut elle ?

Sur son lit de mort, François Ier l'éloigne de la cour. Mais Henri II la rattrape et lui demande de restituer les bijoux de la couronne que le roi lui avait donné. Il lui reprend également ses terres, cadeaux de la faveur royale.
Ses amis, parents et proches subissent, eux aussi, les foudres de la colère de Sa Majesté. La duchesse est exilée en Bretagne, puis obtient la permission de se retirer sur les maigres qu'elle a réussi à conserver.
Elle affiche bientôt son protestanisme, à l'instar de beaucoup d'autres membres de sa famille. Dans les années 60, c'est-à-dire sous les règnes de François II et Charles IX, elle fait figure de personnalité chez les Réformés. Dès les annés 40, elle avait favorisé la foi luthérienne.

C'est vrai qu'à partir de la mort de François Ier, la duchesse d'Etampes tombe dans un anonymat tel qu'il est difficile de restituer sa vie de favorite déchue.
On sait comme il a été noté plus haut que Anne dût restituer nombre de bijoux de la Couronne. Je pense qu'il figurait également des chateaux et des propriétés que l'ambitieuse favorite avait accumulé au cours de son règne. Henri II et Diane de Poitiers la detestaient.
Je crois me souvenir que son époux lui intenta un procès que la duchesse perdit toujours à propos de gros sous...

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Dominique Poulin

est ce qu'elle allât vivre avec son époux, Jean de Brosse ?

Je ne pense pas car, encouragé par la disgrâce que le roi témoignait à son épouse, Jean de Brosse fit proccès à sa femme. Je ne l'imagine point se retourner vers son mari après cela. Mais ce n'est que mon avis...

Ce que je ne comprends pas c'est le manque total et apparent de biographies sur la duchesse d'Etampes ! Elle a pourtant joué un role non négligeable à la Cour de François Ier lors de la dernière partie de son règne.
A tout le moins, existe-t-il des articles sur cette favorite dans des revues historiques anciennes ou modernes ?

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Dominique Poulin

Le dictionnaire d'Histoire de France aux éditions Perrin indique que la duchesse d'Etampes fut dépouillée de son duché par Henri II. Le nouveau roi aurait mis fin au procès qui opposait l'ex-favorite de son père à son époux peut-etre parce qu'il éclaboussait trop de puissants personnages.
Morte à Heilly en 1580, sa sépulture n'a pas été identifiée.

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Dominique Poulin

C'est vrai que dans les ouvrages généraux, on ne met guère en avant, la division dramatique de la cour de François Ier entre les partisans d'Anne de Pisseleu et les partisans du dauphin (et de Diane de Poitiers de surcroît).

Cela me fait penser à la division de la cour de Louis XV, où l'on retrouve la même situtation avec un dauphin qui s'oppose à l'ascension de la favorite.

voici les bribes de vie que j'ai pu recueillir sur la duchesse d'Etampes après qu'elle soit chassée de la cour d' Henri II.

En 1547, à la mort de François 1er, elle est agée de 39 ans.
Elle quitte la cour, où Diane de Poitiers s'empresse de récupérer plusieurs chateaux que François 1er avait attribué à la duchesse d'Etampes.
Il en est de même pour les bijoux que son amant lui avait donné.

Curieusement, n'ayant plus aucun protecteur, il semble qu'elle se rende auprès de son mari Jean de Brosse.
Leur relation ne devait pas être si bonne que ça, car il va la consigner sur ses terres de Bretagne au chateau de la Hardouinaye (près de St Launeuc près de Dol) tristement célèbre pour avoir été le théatre de l'assassinat de Gilles de Bretagne.
Ce chateau qui n'était guère plus qu'un chateau médiéval inhospitalier, entouré de douves, fut sa résidence jusqu'en 1565. (De nos jours, il n'existe que des ruines éparses de ce chateau dont les pierres ont servi à construire l'église du village.)

En 1565, Jean de Brosse décède ayant passé dix huit ans à intenter des procès à son épouse la duchesse d'Etampes afin de récupérer le peu de terres qui a échappé à la convoitise de la nouvelle favorite Diane de Poitiers.

Un an après, en 1566, la rivale de la duchesse d'Etampes (Diane de Poitiers) meurt elle aussi.
Anne de Pisseleu agée de 58 ans et convertit au protestantisme va se rapprocher de sa famille et notamment de sa soeur Péronne de Pisseleu, protestante elle aussi, qui a épousé en 1522 Michel de Barbançon (1500-1547), lui aussi convertit au protestantisme.
Il existe alors à Varesnes (près de Noyon - 60) lieu ou réside la famille Barbançon une église protestante depuis 1531.

En 1576 (à 68 ans) la duchesse d'Etampes reçoit solennellement en son chateau de Challuau les chefs protestants.
Ce chateau qui se trouvait près de Fontainebleau avait été construit en 1540 par François 1er pour sa favorite. Il fut détruit au 19ème siècle.

En 1580, agée de 72 ans, Anne de Pisseleu réside chez l'une de ses nièces, Marie de Barbançon (fille de Peronne qui eut onze enfants de son mariage), veuve de Jean de Barret seigneur de Neuvi sur Allier, et qui réside le plus souvent dans le Berri.
Il semble que cette nièce dont elle aurait voulu faire son héritière (Anne de Pisseleu n'a pas eu d'enfants du roi ni de son mari) décède peu après.
La duchesse d'Etampes va alors faire d'une autre de ses nièces, Jeanne Chabot, son héritière.

En ce qui concerne les frères et soeurs d'Anne de Pisseleu, il faut se souvenir que son père s'est marié trois fois, et qu'elle est elle même issue du deuxième mariage de son père.
C'est la troisième épouse de celui-ci, Madeleine de Laval, qui l'élèvera avec ses propres rejetons.
Certains historiens accordent à Guillaume de Pisseleu, le père d'Anne plus de trente enfants !

Pour son deuxième mariage avec Anne Sanguin (mère d'Anne), je ne lui ai trouvé que quatre enfants :
- François qui sera évèque d'Amiens (mort en 1564 et enterré à Compiègne).
- Péronne, soeur préférée de Anne.
- Anne duchesse d'Etampes.
- Marie qui sera religieuse à Poissy.

Cette Jeanne Chabot qui deviendra l'héritière de Anne de Pisseleu est la fille de la demi-soeur d'Anne de Pisseleu, nommée Louise de Pisseleu (fille de Guillaume de Pisseleu et de sa troisième femme Madeleine de Laval).
Louise de Pisseleu (dite aussi Léonore) avait épousé Guy Chabot comte de Jarnac et eut deux fils et une fille, Jeanne Chabot, qui épousera en deuxième noces Claude de la Chatre seigneur de Maisonfort, maréchal de France (qui mourra en 1614).
Cette Jeanne Chabot sera désignée héritière de Anne de Pisseleu qui décèdera semble t'il en septembre 1580 à Heilly (près de Corbie dans la Somme).

Maintenant où fut enterrée la duchesse d'Etampes ? Etant protestante, je ne sais pas si elle a voulu que le lieu de son décès soit sobre ou spectaculaire.
La logique voudrait qu'elle ait voulu être enterrée près de ses proches. J'écarte la Bretagne qu'elle devait avoir en horreur !
Je sais que son frère François de Pisseleu est enterré à l'abbaye de St Corneille de Compiègne, que sa soeur Péronne fut enterrée dans le mausolée des Barbançon à Ourscamps.
Quant à la ville de Heilly, elle fut durement touchée par la Première Guerre Mondiale. Le chateau fut incendié en 1553 et 1636 pour être détruit en 1649. Un autre chateau prit place sur ses ruines en 1650.

Il lui reste ses affinités avec deux de ses nièces (Marie de Barbançon qui réside dans le Berri) et Jeanne Chabot (qui réside à la Chatre).
Fut elle enterrée à Heilly (si c'est bien là son lieu de décès) ou chez son héritière potentielle si son décès est survenu lors d'un déplacement chez Jeanne Chabot.
Le silence entourant cet évènement est plutôt troublant.. et reste encore un mystère à élucider...

A titre indicatif, voici une référence sur la favorite :

"Anne de Pisseleu, duchesse d'Etampes et François Ier" de Desjardins E./Paris/1909

Cette référence est extraite de :
"La vie quotidienne des femmes du roi, d'Agnes Sorel à Marie-Antoinette" de Guy Chaussinand-Nogaret aux éditions Hachette.

D'autre part, tous vos renseignements sur la vie de la favorite déchue de François Ier sont fort intéressants La Fouine... Mais j'ai une petite question intéressée : pouvez-vous divulguer vos sources ?

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Dominique Poulin

mes sources (entre autres)... :

généalogie :
- dictionnaire de la maison de France du Père Anselme (volume VIII et IV)

sur ses terres et possessions :
- "anecdotes historiques sur la ville de Limours" manuscrit 14.441 (bibliothèque nationale).
- Heilly (quid).
- http://www.amisdestange.fr (sur le chateau de Challuau).
- et aussi site internet de Beynes, Limours, Claye sous bois, etc...

sur la duchesse d'Etampes :
- "les favorites des rois de france", de Paule lejeune.
- "les dames de la Loire - reines et maitresse autour du trone de lys" de Sylvia Jurewitz Freischmidt (en allemand).
- http://www.renaissance-amboise.com
- "les cotillons célèbres" de Emile Gaboriau.
- "art patronage and women in the orbit of Francis 1er" 2002, Renaissance studios (en anglais).

sur sa soeur Péronne :
- http:/varesnes.paysnoyonnais.fr
- "catalogue des seigneurs de Cany et de Varesnes" (sur le site internet de Senlis).

sur son frère François :
- "armorial des évèques d'Amiens", 1865, par M. A. Demarsy.

encore un petit chapitre sur la duchesse d'Etampes après la mort de François 1er :

J'ai toujours cru qu'en 1547, date de son exil, était aussi la date clé où Diane de Poitiers allait exercer sa vengeance sur l'ancienne favorite et récupérer toutes les terres que celle-ci avaient reçu de la couronne...

ce ne fut pas le cas, la récupération des terres de l'ancienne favorite par la nouvelle va se faire sur dix ans...

En 1552 (soit 5 ans après la mort de François 1er), la première des terres dont va se séparer la duchesse d'Etampes va être Meudon (or celle-ci ne fut pas un don de son royal amant, mais une terre que son oncle Antoine Sanguin, frère de sa mère, lui avait donné en 1527, un an avant qu'elle ne devienne la favorite officielle du roi). Le chateau renaissance de Meudon fut terminé en 1540 seulement.
Elle le vendit au cardinal Charles de Lorraine.
Jean de Brosse l'ayant consigné en Bretagne, la duchesse d'Etampes avait très certainement besoin d'argent.

En 1553, Diane de Poitiers va définitivement entamer sa période de dépossession de l'ancienne favorite. Henri II lui fait don du duché d'Etampes, contenant aussi Dourdan et la Ferté-Aleps.
(ce duché avait été donné en 1537 à la favorite, et avait d'abord été en 1534 un comté).
La même année, Diane de Poitiers récupèrent les terres de Grignon et de Limours (accordés en 1545 à la duchesse d'Etampes).

En 1555, Diane de Poitiers obtient les terres de Beynes (près de Thoiry) anciennes possessions du chancelier Guillaume Payet, abbé de Bardonet, qui furent donner à la duchesse d'Etampes en 1545.

en 1556, Diane de Poitiers obtient les terres de Claye sous Bois et de Bures sur Yvette (donné à la duchesse d'Etampes en 1546).

En 1565, à la mort de Jean de Brosse, il ne reste à Anne de Pisseleu que :
- les terres d'Egreville (que François 1er lui avait donné en 1540),
- d'Angervilliers.
- et son cher chateau de Challuau situé sur la commune de Villecerf (canton de Moret), (les terres furent données à Anne en 1532 qui y fit batirent le chateau renaissance de 1543 à 1546 en suivant les dessins d'Androuet du Cerceau).
C'est dans ce chateau qu'elle recevra les chefs protestants car Anne de Pisseleu comme beaucoup de Picards avait été séduite par les idées de la Réforme et au temps de son influence avait protégé Marot, Rabelais, Calvin et Dolet.
Il ne faut pas non plus oublier qu'elle était très amie avec Marguerite de Navarre (soeur de François 1er) qui était aussi une protestante convaincue.
A la mort de la duchesse d'Etampes, c'est Jeanne Chabot (son héritière) qui en sera propriétaire.

Et enfin une dernière petite anecdote illustrant sans aucun doute la haine que son mari devait lui porter ; lorsque celui-ci mourut en janvier 1565 dans son chateau d'Apremont (en Vendée), il fit de son légataire universelle, non pas sa femme, mais le connétable Anne de Montmorency (ami de Diane de Poitiers).

La deuxième partie de la vie de la duchesse d'Etampes a été évoquée par notre menbre La Fouine, mais qu'en est-il de sa période splendeur ?
Demoiselle du service d'honneur de Louise de Savoie, mère de François 1er, elle devint la maîtresse du roi au lendemain de la fin de sa captivité en Espagne.

- Existe-t-il des textes contemporains de son époque qui décrivent sa physionomie ? Quel était son caractère ?

- Quelle fut sa part vis-à-vis des affaires de l'Etat ? Joua-t-elle activement un rôle politique ? Etait-elle à la tête d'un clan ? Trouva-t-elle des appuis au sein de la famille royale ?

- Mérite-t-elle sa réputation de mécène des arts et des lettres ?

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Dominique Poulin