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 Sujet du message : Machiavel
Message Publié : 13 Août 2003 11:11 
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Plutarque
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LES DISCOURS DU PRINCE
NICOLAS MACHIAVEL (1469-1527)

A la fin du 15e siècle, l'Italie, le berceau de la Renaissance et du capitalisme commerçant, était divisée en une multitude de principautés qui se querellaient sans cesse, malgré qu'elles fussent trop faibles pour s'opposer aux visées expansionnistes des royaumes de France et d'Espagne et du Saint Empire. L'instabilité caractérisait la vie politique, car les gouvernements de ces petits Etats changeaient au gré des insurrections populaires ou des intrigues ourdies par les grandes familles, les retournements d'alliance entre principautés étaient fréquents, enfin les vaincus ou les plus faibles faisaient souvent appel aux puissances étrangères qui convoitaient les territoires italiens.

La carrière diplomatique

C'est dans ce pays riche mais déchiré que naquit Nicolas Machiavel, en 1469. En ce temps, Laurent de Médicis, dit le Magnifique, un monarque esthète et protecteur des arts, régnait sur Florence. Son falot successeur, Pierre II, fut chassé de la ville en 1494, parce qu'il avait négocié avec le roi Charles VIII au détriment des libertés de la ville. L'instigateur de la révolte, le moine fanatique Savonarole, instaura une théocratie, mais il fut à son tour renversé et exécuté en 1498. Les insurgés rétablirent l'ancienne république et, la même année, Machiavel entrait à son service.
Il prit d'abord la fonction de secrétaire à la Seconde Chancellerie qui traitait des affaires intérieures. Très vite, les autorités reconnurent son érudition et sa vivacité d'esprit et il passa au Conseil des Dix qui lui se chargeait des affaires étrangères et des questions militaires. Au cours des quatorze années suivantes, le gouvernement lui confiera de nombreuses missions diplomatiques, il rencontra ainsi la plupart des personnalités politiques de son temps, comme César Borgia, Louis XII ou l'empereur Maximilien Ier (le grand père de Charles Quint).
Dans les mêmes fonctions, il tâta des arts militaires. A l'époque, la plupart des Etats ne possédaient pas d'armée permanente, ils louaient les services de mercenaires, les Condottieri qui commandaient leurs troupes privées. Les Condottieri s'avéraient souvent peu fiables, ils agissaient en fonction de leurs intérêts personnels, ils changeaient parfois de camps ou ils cessaient une campagne lorsque la solde ne suivait pas. Pour remédier à ce problème, Machiavel proposait de constituer une armée nationale. Suivant ses conseils, le gouvernement leva une milice dont Machiavel devint le secrétaire en 1506. Pendant trois ans, il arpenta le territoire de Florence pour recruter et organiser la nouvelle armée. En 1509, il assista au long siège de Pise que l'armée florentine avait investi.
Mais les événements allaient bientôt mettre un terme à la carrière de Machiavel. Le pape Jules II s'allia avec l'empereur Maximilien et le roi d'Espagne contre Louis XII afin de bouter les Français hors d'Italie. Or Florence soutenait le roi de France et le sort des armes ne lui fut pas favorable. La victoire de la Sainte Ligue entraîna le retour des Médicis au pouvoir à Florence et, malgré les efforts qu'il déploya pour les séduire, Machiavel entra en disgrâce. Pire, il fut impliqué dans un complot et jeté en prison, mais en il sortit à la faveur d'une amnistie décrétée pour fêter l'accession au pontificat de Jean de Médicis sous le nom de Léon X en 1513.

L'œuvre littéraire

Exilé, il se retira dans sa petite propriété de San Casciano. A maintes reprises, mais en vain, il sollicita un poste à la Seigneurie des Médicis. Jusqu'alors, il avait surtout écrit des rapports diplomatiques dont la clarté et la pénétration étaient appréciées en haut lieu. il avait également versé avec bonheur dans l'art épistolaire. Ses lettres de jeunesse nous font découvrir un personnage jouisseur et farceur que l'écrivain Somerset Maugham a mis en scène, avec un humour très britannique, dans son joyeux roman "La Mandragore".
Dans sa retraite, il entreprit la rédaction de ses "Discours sur la première décade de Tite Live", un commentaire des dix premiers livres de son histoire de Rome de l'auteur antique qui couvre la période allant de la fondation de Rome à l'an 9 av. JC et comprenait 142 livres dont 35 seulement nous sont parvenus.
En 1513, il interrompit son travail d'exégèse pour rédiger d'un jet la première version de son œuvre la plus célèbre, "Le Prince", qu'il dédicaça à Laurent II de Médicis dans l'espoir de rentrer en grâce. Il acheva ensuite les "Discours", puis repris et peaufina "Le Prince" en 1519. De son vivant, les deux œuvres ne circuleront que sous la forme de manuscrits et elles ne furent imprimées qu'après sa mort. "Le Prince" fut inscrit à l'index des livres proscrits par l'Eglise en 1559 et le Concile de Trente, qui relança la Sainte Inquisition, ordonna de brûler les livres sulfureux de Machiavel.
De 1520 à 1526, il rédigea une monumentale "Histoire de Florence" que Jules de Médicis, le futur pape Clément VII, lui avait commandée. Dans le métier d'historien, il innova par son approche rationnelle et critique qui refusait tout recours aux explications miraculeuses ou magiques des événements. Par ailleurs, il écrivit des posies et du théâtre, dont "La Mandragore", sa meilleure pièce, qui inspirera le "Malade imaginaire" de Molière.

Deux livres à mettre en regard

"Le Prince" et "Les Discours" doivent se lire en parallèle, l'un ne se comprend pas sans référence à l'autre, bien qu'il s'agisse d'ouvrages de facture fort différentes. Il importe de lire de concert "Le Prince" qui est une sorte de manuel pour l'homme d'Etat et "Les Discours" qui présentent la politique du point de vue du peuple.
"Le Prince", auquel Machiavel doit sa notoriété, séduit parce qu'il est d'une lecture aisée, le style en est concis et limpide, l'auteur enchaîne les hypothèses et raisonnements en les illustrant d'exemples tirés de l'histoire antique et de son expérience personnelle. Ce petit livre est subdivisé en vingt six chapitres aux intitulés clairs. Dans un premier temps, l'auteur présente les différentes manières d'acquérir et de conserver une principauté. Ensuite, il analyse les principes fondamentaux de la politique intérieure et extérieure. Puis, il décrit la figure du Prince, l'homme d'Etat idéal. Enfin, dans le dernier chapitre, il appelle à la venue d'un Prince qui réunisse les Italiens l'Italie sous son autorité.
Au contraire, "Les Discours" constituent un ouvrage nettement plus long et touffu, il semble au premier abord difficile de suivre le cours sinueux des subtiles pensées de Machiavel. Souvent aussi, la lecture de cette somme rebute l'homme contemporain par ses références récurrentes à la culture classique. La plupart des chapitres se terminent, à l'instar des fables, par une sorte de leçon politique. Machiavel ne nous livre pas une simple apologie des institutions romaines, il recourt sans cesse à des comparaisons avec de événements contemporains et il établit que la grandeur de Rome résulta de le constante conflit entre les patriciens et la plèbe.

Aperçu de la pensée machiavélienne

Selon Machiavel, la politique consiste avant tout à fonder un ordre nouveau et ensuite à conserver le nouvel Etat., de sorte qu'elle se réduit au pouvoir et à son exercice.
En cela, Machiavel innove radicalement et il rompt avec l'école qui s'inspirait des théories d'Aristote dont on avait redécouvert l'œuvre aux alentours de 1300. Dans l'esprit des aristotéliciens, la vie s'interprète en termes de "fins" et de biens" hiérarchisés. Autrement dit, la politique est un moyen de réaliser un idéal. L'homme, cet "animal rationnel", s'épanouit au sein de la cité en pratiquant des vertus qui sont à la fois civiques et morales. Toute l'activité politique tend vers un bien supérieur, qu'il soit naturel ou révélé. "La Cité" de Platon ou "L'Utopie" de Thomas Moore offrent deux beaux exemples de cette conception du politique, dans les deux cas, un philosophe rêve un univers dont la perfection fait par contraste ressortir les défauts de la société réelle. Par ce truchement, ils critiquaient leur monde respectif, le premier la démocratie athénienne décadente, le second l'Angleterre de son temps. De son côté, l'Eglise se servait du discours aristotélicien pour justifier ses prétentions sur la souveraineté terrestre. En effet, dans un monde christianisé, la fin supérieure ne pouvait être que l'accomplissement du message divin.
En décrétant que la politique est avant tout un ensemble de pratiques, Machiavel déplace la question morale. Autrement dit, il affirme que le bien ou la fin ne peut naître que du mal appliqué avec raison, discernement et pondération. En effet, il ne s'agit plus de réaliser un idéal, mais bien de fonder un nouvel Etat. Pour ce faire, le Prince a besoin d'autres qualités que l'homme vertueux. Il utilise selon les circonstances la loi ou la force, la crainte ou la séduction, la vérité ou le mensonge. D'où la fameuse citation tronquée "La fin justifie les moyens" signifiant que pour parvenir à créer un bien (le nouvel Etat), le Prince devra souvent user de méthodes réprouvées par la morale.
Pour autant, Machiavel n'est ni ammoral ou immoral, il refoule la question en dehors de l'action et la situe au niveau des objectifs, car ce qui motive l'action du Prince est la fondation d'un Etat et l'institution de lois bonnes pour la multitude, lui-même est au-delà de la morale et on ne peut le juger que sur le résultat de son action. "Quand l'acte accuse, le résultat excuse" affirme-t-il dans "Les Discours" !
Le Prince veut soulager le peuple en le délivrant de l'oppression. La fondation d'un ordre nouveau, entreprise ô combien périlleuse, car l'homme craint et résiste au changement, passe par l'alliance du Prince et du Peuple contre les Grands et l'Etranger. Dans cette lutte, le Prince incarne le principe actif, il apporte et suscite le changement, alors que le rôle du peuple est de maintenir et conserver le nouvel ordre établi. Ici aussi, Machiavel introduit une nouveauté en faisant du peuple un acteur de la politique, alors qu'auparavant il n'en était que le spectateur et la victime.
Contrairement à ce que pourrait faire croire une lecture unilatérale du Prince, Machiavel opte pour la république, qu'il a d'ailleurs servie pendant toute sa carrière. L'avantage de la république sur la monarchie réside dans le fait que, une fois bien établies, les lois, permettent à l'Etat de se maintenir, même s'il n'a plus d'homme exceptionnel à sa tête. Au contraire, les monarchies déclinent ou s'éteignent quand leurs dirigeants manquent de caractère.

De la vertu et de la fortune du Prince

Le Prince possède deux qualités essentielles: la vertu et la fortune.
La vertu renvoie à l'initiative et au discernement dont il doit faire preuve dans l'action. Elle reste équivoque car elle oscille sans cesse entre la justice et la force. Elle se manifeste à la fois comme puissance et légitimité. Mais les modèles de vertu ne sont jamais parfaits et chaque héros est différent, car les événements et les situations historiques étant dissemblables, les princes se distinguent parce qu'ils ne vivent pas les mêmes circonstances et n'affrontent pas les mêmes situations. Seul demeure la figure de l'homme d'Etat qui regarde la réalité en face et s'y adapte pour vaincre, quitte au sacrifice de ses propres convictions. (Quand Henri IV abjure le protestantisme pour devenir roi, il fait acte de machiavélisme).
Quant à la fortune, elle ne signifie pas seulement la chance, mais plutôt la situation historique qui favorise plus ou moins les projets du Prince. L'homme d'Etat évalue les forces en présence, juge du moment opportun de l'action, il combat la nécessité. Lorsqu'il agit, il exploite par sa vertu la marge de liberté que lui offre la fortune. Machiavel a donc une vision volontariste de l'histoire, mais il ne nie pas pour autant les contraintes matérielles, estimant que le Prince maîtrise environ la moitié des faits et de leurs causes.
Bien que Machiavel consacre de nombreuses pages à la force militaire, la ruse n'en demeure pas moins l'arme principale du Prince qui "doit savoir bien user de la bête, il en doit choisir le renard et le lion; car le lion ne se peut défendre des rets, le renard des loups; il faut donc être renard pour connaître les filets, et lion pour faire peur aux loups. Ceux qui veulent simplement faire les lions, ils n'y entendent rien."
Machiavel aspirait à la venue d'un héros rédempteur qui unifiât l'Italie. Cette union devait reposer sur l'alliance du Prince au peuple contre les Grands, c'est-à-dire les seigneurs féodaux. Avec Machiavel, nous assistons à la naissance de l'Etat moderne. En effet, le Prince n'incarne plus la souveraineté divine comme les rois du Moyen Âge, il exerce une fonction en tant qu'égal du peuple, sans le toiser ni le dédaigner.

La postérité rouge et noire de Machiavel

On sait que "Le Prince" fut souvent commenté et encore plus souvent décrié. Un des cas les plus célèbres est "L'antimachiavel" écrit par le jeune roi Frédéric II qui pourtant appliqua durant son règne une politique des plus machiavéliques. En ce sens, il suivait les préceptes du Prince qui doit paraître bon, malgré ses actes. Comme nous ne pouvons passer en revue le flot d'écrits suscités par l'oeuvre de Machiavel, nous nous intéresserons ici à la lecture qu'en ont faite les penseurs communistes et fascistes.
Les socialistes citent peu souvent Machiavel et leurs jugements sur ses écrits sont divergeants. Un Proudhon dans sa "Philosophie de la misère" traite Machiavel de "théoricien du despotisme" et considère que le florentin n'avait envisagé la société que sous l'angle de "l'inégalité et de l'antagonisme". En revanche, dans "L'idéologie allemande", Marx le place aux côtés d'auteurs anciens, tels que Hobbes et Spinoza, qui présentaient la force comme fondement du droit. De cette manière, la politique devenait une sphère autonome qui devait être analysée en dehors des considérations morales. Quant à Lénine, curieusement, il ne s'intéressait pas à Machiavel.
Sans doute, Antonio Gramsci, le fondateur du parti communiste italien, fut le marxiste qui étudia le plus l'œuvre du florentin. Il faut dire qu'il avait du temps libre, puisqu'il rédigea ses "Notes sur Machiavel, la politique et l'Etat modernes" dans les prisons de Mussolini. Gramsci considère non sans raison que "Le Prince" n'est pas un traité théorique mais un manuel pour l'homme d'action. Machiavel a souvent été détesté parce qu'il dévoile le secret du pouvoir, met à nu ses mécanismes, enlève le masque des politiciens qui cachent leurs actions sous le couvert de mobiles moraux ou religieux. Et les leçons de Machiavel peuvent servir tant aux gouvernants qu'au prolétariat, car le Prince nouveau auquel Machiavel aspire n'est pas un quelconque tyran, mais bien le peuple qui devra se choisir un chef. Ainsi agiront les masses jacobines puis bolcheviques qui sacrifieront les intérêts individuels au bien commun de la révolution populaire. Sous sa plume, Machiavel devient le "premier penseur à formuler l'idée de la nation italienne, le théoricien de la classe dominée, qui lui enseigne les conditions de son émancipation, et le fondateur du réalisme scientifique jugé en son essence révolutionnaire"!
Celui qui avait jeté Gramsci en prison admirait aussi Machiavel, mais ne l'interprétait pas de la même manière… Dans sa jeunesse, Mussolini avait soutenu une thèse sur Machiavel et, en 1924, préfaçant une réédition de ses œuvres, il le transforma en écrivain préfasciste. Comme le florentin, le Duce croyait les hommes versatiles et méchants, mais il voyait dans le Prince une figure de l'Etat qui seul représente l'intérêt général et l'ordre harmonieux. Le peuple, cette masse d'égoïstes indisciplinés, ne possédait pas la souveraineté et la volonté populaire n'était qu'une farce. Dans l'esprit de Mussolini, le Prince nouveau incarne l'Etat et l'Etat, c'est le Duce.
Autant dire, qu'il n'a pas compris un élément fondamental des écrits de Machiavel: le Prince ne s'identifie pas à l'Etat, il exerce ses fonctions en son sein, au profit du peuple, tout en (re)connaissant et utilisant les défauts intrinsèques aux hommes. Certes, leur nature ne changera pas, mais l'organisation de la société (la Loi) peut en partie remédier à leur imperfection et favoriser le développement de leurs qualités. A son tour, une grande nation engendrera de nouveaux Princes ou un Prince collectif.

Que pensez-vous du personnage ? Il nous a laissé un vilain adjectif dans le dictionnaire. Certains osent dire qu'il n'était pas un humaniste... :evil:

Frédéric


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Message Publié : 13 Août 2003 21:35 
bon nombre de chef d'état Italien Mussolini et recemment Berlosconi ecrit une thése sur machiavel!

j'ai acheté le prince et compte le lire en septembre je vous en dirais plus!
mais étant d'origine toscane: miam!


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Message Publié : 14 Août 2003 8:24 
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J'ai un excellent souvenir de la lecture du Prince. L'art de la guerre et le discours sur la seconde décade de Tite Live m'ont moins marqué.
Dans l'édition commentée du Prince que j'ai lu, le commentateur a une très jolie phrase pour résumé le malentendu "machiavélique" : "Le nombre de machiavéliques qui n'ont point lu un traître mot de Machiavel dépasse assurément et c'est peut dire le nombre de marxistes qui n'ont point lu Marx." Je ne sais plus quel grand écrivain français du XVIIIe ( Diderot ? Rousseau) disait qu'en voulant donner une leçon aux princes Machiavel en à dpnner une aux Républicains.

Malheureusement, citer Machiavel est devenu synonyme de cynisme. Quelle plume alerte et ciselée pourtant ! Quelle belle étude sociologique et humaine que le Prince !

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"Lisez, éclairez-vous, ce n'est que par la lecture qu'on fortifie son âme." - Voltaire
"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron


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Message Publié : 14 Août 2003 10:43 
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Grégoire de Tours
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Clio a écrit :
Je ne sais plus quel grand écrivain français du XVIIIe ( Diderot ? Rousseau) disait qu'en voulant donner une leçon aux princes Machiavel en à dpnner une aux Républicains.
Il me semble qu'il s'agissait de Rousseau


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Message Publié : 14 Août 2003 13:33 
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Thucydide
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Ce qui me semble remarquable chez Machiavel, c'est sa vision unie de l'Italie sous un prince unique, capable de fédérer les forces vives pour établir l'ordre. A une époque oû les particularismes italiques prévalaient, sa vision est en avance de trois siècles.

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"et nous les frapperons à la tête avec des bouteilles de bière, car c'est là tout ce que nous possédons vraiment" (Winston Churchill, le 4 juin 1940)


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Message Publié : 14 Août 2003 14:39 
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Grégoire de Tours
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Fabien de Stenay a écrit :
Il me semble qu'il s'agissait de Rousseau
ça m'apprendra à parler à la légère, tiens.
En fait, c'est Diderot qui, à l'article machiavélisme de l'Encyclopédie, écrit :
" Cet homme n'apprend rien aux tyrans, ils ne savent que trop bien ce qu'ils ont à faire ; mais il instruit les peuples de ce qu'ils ont à redouter. "
(cité par Joël Gayraud dans sa postface à l'édition du Prince en "Mille et une nuits" (1999))

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Message Publié : 16 Août 2003 17:25 
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Grégoire de Tours
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Pour moi, il était clairement un pur génie tant politique qu'intellectuel. De plus son ironie cynique est un régal.

Celui qui dit qu'il n'est pas un humaniste, je l'attend ici. :wink:

Mais ce qui fait sa force est réellement comme l'a dit Guarnier sa vision a long terme sur l'Italie et ses vues perçantes de sociologue et de politologue. Et que dire sur son avis concernant les mercenaires :?:

En conclusion,une des plus grandes figure de l'humanismeet de la Renaissance sans oublier de la pensée mondiale.


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Message Publié : 17 Août 2003 9:46 
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Grégoire de Tours
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Rousseau pensait que le Prince avait été écrit pour avertir le peuple du danger despotique

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Message Publié : 17 Août 2003 10:03 
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Pour Fabien de Stenay et Durallo :

J.-J. Rousseau a écrit :
En feignant de donner des leçons aux rois, il en a donné de grandes aux peuples. Le Prince de Machiavel est le livre des républicains.

Cité en postface de l'édition 1983 au Livre de Poche. Comme quoi l'ouvrage ne laissa indifférent ni Diderot, ni Rousseau apparament.

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Message Publié : 27 Août 2003 16:48 
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Plutarque
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Il me semble que Machiavel préconisait pour le souverain la mise à mort des concurrents du royaume, une fois le pouvoir lui serait acquit afin de garantir la stabilité du royaume. Parlant de cynisme, c’est un peu inactuel et peu orthodoxe pour un guide politique moderne. Je crois que les turcs pratiquaient un tel rituel à la même période ou Machiavel écrivit son prince !
Machiavel était enfant de son époque et il ne faudrait point voir ses thèses comme des recettes politiques pour tous les temps.

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Message Publié : 27 Août 2003 17:30 
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Salluste
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Citer :
Machiavel était enfant de son époque et il ne faudrait point voir ses thèses comme des recettes politiques pour tous les temps.


Bien sûr que si que la pensée politique de Machiavel est toujours valable, elle est éternelle tout comme la stratégie de Sun Tzu, ce sont des ouvrages qui dépasse le cadre le cadre géographique et temporel.


Citer :
Parlant de cynisme, c’est un peu inactuel et peu orthodoxe pour un guide politique moderne.


N'est-ce pas cynique de se servir du 11 septembre pour déclencher une guerre contre l'Irak prévue de longue date par les faucons de Washington ?

N'est-ce pas cynique de servir de la lutte anti-terrorisme pour laisser aller ses penchants impérialistes ?

N'est-ce pas cynique de se servir de l'aide humanitaire et des famines pour permettre à l'agriculture américaine de surproduire ? Car les dons récoltés aux USA doivent impérativement être dépensés aux USA ; les associations humanitaires doivent acheter de la nourriture, acheter des cartons, des conditionnements, de la peinture américaine... Plus il y a de famine, plus l'agriculture et l'industrie américaine vont bien.

Notre monde est cynique sauf qu'on l'emballe dans de politiquement correct et de bons sentiments.


Citer :
Il me semble que Machiavel préconisait pour le souverain la mise à mort des concurrents du royaume, une fois le pouvoir lui serait acquit afin de garantir la stabilité du royaume.


Pas forcément la mise à mort, au moins l'affaiblissement, écraser ses voisins pour grandir, devenir plus puissant, prendre l'hégémonie. C'est d'actualité.

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Le sage n'affirme rien qu'il ne puisse prouver. proverbe latin


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 Sujet du message : Machiavel
Message Publié : 27 Août 2003 17:50 
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Plutarque
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N'oubliez pas cher Angkor42 que c’est un forum consacré à la renaissance ! Il vous faudra chercher des arguments et des exemples tirés de cette période pour être plus persuasif.

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Message Publié : 27 Août 2003 18:01 
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Salluste
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Oui, mais c'est vous qui avez élargit le débat en disant que Machiavel n'est plus valable aujourd'hui, que sa pensée politique se limite à la renaissance, j'essaye de prouver le contraire, donc mes argument doivent forcément sortir de la période.

Citer :
Parlant de cynisme, c’est un peu inactuel et peu orthodoxe pour un guide politique moderne.


N'ouvrez pas des portes si vous ne voulez pas que je les franchissent.

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Le sage n'affirme rien qu'il ne puisse prouver. proverbe latin


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 Sujet du message : Machiavel
Message Publié : 27 Août 2003 22:11 
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Plutarque
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Je ne pense pas que le mot « cynisme » est pas du tout approprié dans une analyse de la pensée machiavélique. Cela fut un mythe fabriqué de toutes pièces puisque le petit livre du prince accumule des maximes anciennes, qui furent utilisées par les rois et les empereurs antiques et qui le moins que l’on puisse dire ne constituent point une forme de cynisme mais au contraire de la sagesse.

Par ailleurs, il ne faut pas confondre la pensée politique de Machiavel avec la raison d’état qui elle fut inventée par Richelieu au 17ème siècle, car l’environnement de Machiavel est parsemé de principautés et de seigneuries qui formaient le paysage politique de l’Italie depuis des siècles. La raison d’état fut l’apanage surtout des états. Richelieu voyait l’état et disait « l’âme est immortelle, son salut c’est dans l’au-delà. Les Etats sont mortels, leur salut c’est maintenant ou jamais ». Une telle entité (l’état) n’existait pas à l’époque de Machiavel, notamment dans son univers italien bien qu’il voulut que l’Italie puisse imiter les autres nations européennes. Pour approfondir plus, le monde impitoyable peint par Machiavel et qui entourait son prince imposait les maximes qu’ils édifia mais se sont des maximes inapplicables pour des états souverains. On fait, « le prince » est un manuel politique pour régner et non pas pour diriger l’avenir d’un état dans les relations entre puissances. La raison d’état permet de voir dans un monde marqué par un équilibre des forces rigides entres puissances européennes et qui fut la donne principale du 16ème jusqu’au 19ème siècles. En fait, il faut distinguer deux éléments :

- Les sagesses anciennes connus des philosophes antiques depuis Périclès et la rationalité du moyen âge (de Saint Thomas d’Aquin par exemple). Ces sagesses furent reprises par Machiavel et donc il fut leur inventeur.

- Les règles de relations entre les puissances européennes du 16ème et 17ème siècles marquant le début de l’équilibre des forces (invention de Richelieu). Des règles inexistantes dans le livre de notre philosophe.

Quant au comportement des Etats Unis sur la scène internationale, je ne pense pas qu’on puisse les qualifier de cyniques car elles sont le résultat de la rupture de l’équilibre des forces entraînée par la disparition de l’URSS. Ils sont donc explicables et logiques. De toutes façons, il ne relèvent pas de la pensée de Machiavel mais d’une politique extérieure planifiée par une administration nouvelles soucieuse d’assurer ses approvisionnements énergétiques et d’assurer une sécurité projetée sur l’extérieur. Mais je pense que ces sujets ont été déjà abordés dans le forum "histoire contemporaine" -notion d'universalisme -destruction de l'union soviétique auquel cas vous pouvez vous y associer.

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Message Publié : 27 Août 2003 22:25 
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Eginhard
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Je suis un ignorant: quelqu'un pourrait-il m'expliquer très courtement et clairement le machiavelisme?
Merci,
Fialin


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