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Message Publié : 20 Mai 2007 18:03 
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Salluste
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Bonjour,


Je m'intéresse à Dante depuis un certain temps, et notament à l'histoire des guelfes et des gibelins. Dante était de famille guelfe et guelfe notoire lui-même (guelfe blanc condamné à mort par les guelfes noirs), ce qui ne l'empêche pas de se montrer favorable à la cause des gibelins au travers de son traité "De monarchia" (monarchie).


Je pensais simplement que les gibelins (les tenants de l'empire, par opposition aux guelfes tenants de la papauté) étaient des précurseurs du protestantisme, seulement wiki nous dit que "au moment de la Réforme, les Gibelins devinrent les champions de la cause catholique contre des Guelfes devenus protestants". Je trouve ça vraiment étrange et je souhaiterais bien des détails, si vous en avez, sur la chose !

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Message Publié : 05 Juin 2007 0:53 
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Je pensais simplement que les gibelins (les tenants de l'empire, par opposition aux guelfes tenants de la papauté)


Faites extrêment attention à ces qualificatifs, ces cases dans lesquelles ont fait rentrer les gens : dire que guelfes = partisans de la ppauté et gibelins = partisans du l'empereur signifie qu'il y aurait alors deux camps bien définis qui s'opposent, qui se combattent. Or, ce que l'on constate c'est qu'il n'y a pas du tout de camps bien définis!

Une cité A est alliée au pape parce que B est avec l'empereur mais si B rejoint le pape, alors A, pour rester dans l'adversité va rejoindre l'empereur. Inversement pour le cas d'une alliance!
La politique des cités italiennes est très compliquée (au Moyen-Age, la moitié des villes de la Chrétienté se concentrait en Italie du Nord) et fait intervenir beaucoup de paramètres. :violent: :rocket: . Méfiance pour les termes tout faits!!!


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Message Publié : 05 Juin 2007 8:27 
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Grégoire de Tours
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Alcibiade a écrit :
Je pensais simplement que les gibelins (les tenants de l'empire, par opposition aux guelfes tenants de la papauté) étaient des précurseurs du protestantisme, seulement wiki nous dit que "au moment de la Réforme, les Gibelins devinrent les champions de la cause catholique contre des Guelfes devenus protestants". Je trouve ça vraiment étrange et je souhaiterais bien des détails, si vous en avez, sur la chose !


C'est à mon avis un anachronisme, d'autant que la Réforme n'a pas eu un énorme succès en Italie.
Comme l'a signalé Polycrate de Samos, la situation politique des cités italiennes est très complexe, et pas seulement pendant le Moyen-Age. La Renaissance de ce point de vue n'est pas en reste.
En tout cas, la question de la religion ne s'est pas posée avec autant d'accuité que dans d'autres pays d'Europe.

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Message Publié : 06 Juin 2007 8:26 
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Salluste
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Inscription : 02 Juil 2006 20:33
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Merci pour les réactions.

Je me suis rendu compte de la difficulté de la question (ou des réponses, en fait) après l'avoir posée. Certainement mal posée, elle vire à l'absurde (un peu comme la question des partis politique en Grèce).

Cela dit, ma première réaction, à l'étude de Dante, était de recouper des choses de l'attitude et des textes dantesques à la Réforme. Par exemple, Dante devient poète italien dans l'optique de combattre la scolastique elle-même fille du latin. Ensuite, il s'engage dans l'amour courtois : attitude qui fait d'Amour un roi ou un Dieu devant lequel on s'incline respectueusement, et duquel on est fervant serviteur (avant ça, on n'était serviteur que de Dieu). Et puis son traité "De Monarchia" qui est un traité d'un tenant de l'empire (qu'on oppose aux guelfes, dans un clivage, je vous le concède, certainement facile et grossier).

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Message Publié : 06 Juin 2007 9:10 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 13 Jan 2007 20:12
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Vous avez raison en ce qui concerne la critique que fait Dante d'une Eglise qui ressemble au Temple et à ses marchands, dont les richesses scandalisent quand tant de chrétiens meurent de faim, de guerres, enfin dans la violence. Et aussi dans la critique d'une scolastique qui sclérose la pensée religieuse et se focalise sur des points de droit qui passent pour des "querelles byzantines", en perdant de vue le message essentiel, qui est de l'ordre de la foi. Bref, l'Eglise oublie sa mission première : celle de perpétuer le message du Christ.
Mais ce ne sont pas des critiques nouvelles.
Cependant, en ce sens, Dante rejoint la Réforme dont l'idéal est d'abord un retour au christianisme primitif. La différence essentielle me parait être dans le sens politique que les réformés donnent aussi à la religion : il y a refondation du dogme chrétien et de l'organisation du clergé. Si Dante critique la corruption des hommes d'église, il ne remet pas fondamentalement en cause son fonctionnement, il lui reproche surtout de s'occuper davantage du temporel que du spirituel.
Et il y a aussi le soucis de donner ses lettres de noblesse à la langue vernaculaire. mais là, je le vois plutôt comme un héritier et un admirateur de la culture "française" (d'oil et d'oc), très prolifique en matière poétique dans les langues parlées couramment.
Le recours à Virgile comme guide ne me semble pas innocent non plus : si Virgile écrit en latin, c'est, dans l'esprit de Dante, un latin vivant, parlé par les contemporains de Virgile, non une langue morte figée dans des figures de styles et la rhétorique de la scolastique. Dante oppose délibérément le latin authentique au latin artificiel d'église.

On peut donc dire que Dante appartient à un courant de pensée dont un des aboutissements sera la Réforme, mais d'une part ce n'est pas le seul aboutissement, et au XIVe siècle il n'avait rien d'inéluctable (car on peut aussi bien dire que la séparation du temporel et du spirituel aboutit plus tardivement à la séparation des eglises et de l'état !).

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Message Publié : 06 Juin 2007 10:26 
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Thucydide
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Il faut avoir en tête que la réforme de l'Eglise est un vieux serpent de mer auquel on fait référence tout au long du Moyen Age, et que cette notion ne recouvre pas dans son contenu, celle qu'à partir de Luther on appellera la "Réforme"...


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Message Publié : 07 Juin 2007 20:41 
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Salluste
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Aspasie mineure a écrit :
[...]La différence essentielle me parait être dans le sens politique que les réformés donnent aussi à la religion : il y a refondation du dogme chrétien et de l'organisation du clergé. Si Dante critique la corruption des hommes d'église, il ne remet pas fondamentalement en cause son fonctionnement, il lui reproche surtout de s'occuper davantage du temporel que du spirituel.
Et il y a aussi le soucis de donner ses lettres de noblesse à la langue vernaculaire. mais là, je le vois plutôt comme un héritier et un admirateur de la culture "française" (d'oil et d'oc), très prolifique en matière poétique dans les langues parlées couramment.

Cela étant dit, son usage de la langue vulgaire met la théologie (ou sa théologie) à portée du vulgaire (justement). D'une certaine manière, on peut peut-être rapprocher cet état de fait du sacerdoce universel qui veut que tous les fidèles soient rois. Et le sacerdoce universel est un des six piliers du protestantisme, c'est lui qui remet fondamentalement en cause l'organisation du clergé.

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Message Publié : 17 Juin 2007 15:07 
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Aspasie mineure a écrit :
Vous avez raison en ce qui concerne la critique que fait Dante d'une Eglise qui ressemble au Temple et à ses marchands, dont les richesses scandalisent quand tant de chrétiens meurent de faim, de guerres, enfin dans la violence.

Paradoxalement, Dante aurait sinon fait partie de la Fede Santa ou des Fideli d'Amore, eu quelques échanges sympathiques avec eux (nottament avec Guido Cavalcanti). Et il me semble que ces deux tendances (Fede Santa, Fideli d'Amore) sont obtenu d'une scission de l'ordre du Temple.

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Message Publié : 17 Juin 2007 15:32 
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Salluste
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Zut que je n'y aie pas pensé en écrivant le message précédent mais on peut même assimiler la Divine Comédie à un récit initiatique (comme l'a fait Gérard de Sède, historien auquel je n'accorde plus beaucoup de crédit, cela dit). Ou on verrait l'âme de Dante se transmuer en or.
Ce serait une touche de la Tradition Primordiale (celle qui anima l'ordre du Temple, la Fede Santa, les Fidèles d'Amour, la franc-maçonnerie, les rose-croix - bien qu'on aie tendance à dire, ces dernières années, que "rose-croix" n'est pas un ordre mais un rang d'initié).


Cette lecture n'enlève rien aux autres (celle qui veut que la Comedia soit un récit de conversion, par exemple) ni à la doctrine des quatre sens selon lesquels on peut lire Dante.

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