Cette question m'ntéresse aussi, mais pour le moment, je ne suis pas encore parvenu à avoir une vision globale de ce sujet, juste quelques éléments que je vous livre maintenant, en attendant d'autres avis plus éclairés :
Description de l'homme politique de ce temps est le titre d'un essai en vers d'une dizaine de pages publié en 1588 à Paris, et à Lyon en 1591. Il y en a trois exemplaires consultables sur
http://gallica.bnf.fr . Il y est dit :
Description de l'homme politique a écrit :
L'Autheur & le patron de l'erreur politique,
Ce fust vn grand vieillard, maigre, aride & heticque [...]
Il s'agit de l'ex chancelier,
Michel de L'Hospital. Lire sa biographie par Denis Crouzet,
http://www.culture.gouv.fr/culture/actu ... spital.htm , qui se termine par
"C’est seulement en 1585 que paraissent les Michaelis Hospitalii epistolae seu sermonum libri sex, un corpus de textes qui, peut-être, servit de fil directeur à la pensée des politiques qui contribuèrent par leurs écrits à la victoire d’Henri IV.Description de l'homme politique a écrit :
Toutesfois ces messieurs les graues Politiques,
Ces colosses mondains, ces Coqs de Republiques,
Les politiques sont plutôt des
riches, bourgeois ou nobles.
Description de l'homme politique a écrit :
Aussi prests d'introduire au Royaume de France,
Mahomet que Caluin & auec l'Alcoran
[...] Telle est l'opinion du monstre Politique,
Qui ayme, qui cherit, qui soutient l'hereticque
Les politiques sont favorables à une
liberté religieuse, et certains sont peut-être
athées.
Description de l'homme politique a écrit :
[Ils] Se targuent de ce nom [du roi] de qui l'authorité,
Doibt estre le marteau de toute impieté.
Ainsi soubs vostre nom se r'enforce le vice,
Ainsi soubs vostre nom se gorge la Iustice,
Ainsi soubs vostre nom se pert la pieté,
Ainsi soubs votre noms regne l'iniquité.
[...] Il est vray qu'en leur bouche ils font bien apparence,
D'auoir le nom de Roy en quelque reuerence
Les politiques ont
soutenu Henri III, puis Henri IV.
Pierre de L'Estoile, qui était un homme modéré, fut accusé d'être un Politique comme il le raconte dans son journal en novembre 1591. Mais il se défend de cette accusation.
Guillaume Du Vair, qui était un autre parisen modéré, eut la même mésaventure :
Citer :
il se trouva un gantier des principaux chefs des séditieux, qui bravoit pour soutenir qu'ils étoient hommes de bien et appeloit Du Vair politique pour le perdre ; Du Vair le saisit au collet hardiment, le menaçant de le faire punir comme voleur
(source : Ludovic Lalanne, Anecdotes de l'histoire de France pendant les XVIème et XVIIème siècle, tirées de la bouche de M. le Garde des Sceaux du Vair et autres, recueillies probablement par Peiresc, Paris, 1858, page 241).
Ces deux anecdotes montrent que les Politiques n'étaient pas considérés comme étant des gens modérés, mais qu'ils étaient plutôt perçus comme étant des royalistes.
Arlette Jouana consacre plusieurs pages aux Politiques dans
La France du XVIe siècle, 1483-1598, PUF, 1996, 1997.
Arlette Jouana a écrit :
De 1560 jusqu'au lendemain de la Saint-Barthélemy, le mot Politique tend à devenir péjoratif : l'attitude qu'il évoque est en effet soupçonné (à tort) d'être le résultat de l'indifférence religieuse, voire de l'athéisme. [...] Le 16 novembre 1573, le premier président au Parlement de Rouen déclare devant les Etats de Normandie : "On a nouvellement introduit et interprété ce mot politique quasi : n'étant d'aucune religion"
[...] Après la Saint-Barthélemy s'ouvre une sceonde étape dans l'histoire des Politiques. [...] une nouvelle philosophie politique [...] Ce thème du châtiment préventif nécessaire figure dans la justification du massacre [de la Saint-Barthélemy] que Guy Du Faur de Pibrac rédige, sans doute sur l'ordre de la reine mère. [...] La notion de punition préventive est inspirée du Prince de Machiavel. [...] L'apologie de l'efficacité incline tout naturellement les lecteurs du Prince à valoriser le pouvoir d'un seul. L'ampleur de l'influence de cette lecture de Machiavel est révélée par la virulence de la réfutation qu'en donne, en 1576, Innocent Gentillet. [...] La lecture de Tacite alimente un deuxième courant qui conduit à la formulation de la raison d'Etat.
[...] Le combat des Politiques favorables à Henri IV. Les catholiques de tendance politique sont divisés [...] Des traits communs caractérisent leurs arguments, diffusés par de nombreux libelles et traités. Le premier est le gallicanisme qui les pousse à rejeter avec indignation l'ingérence pontificale dans les affaires de la France. [...] Un autre trait est [...] le patriotisme. La patrie est sans cesse invoquée dans les écrits des Politiques ; ils se présentent comme les seuls "bons patriotes" ou "bons François", par opposition aux Ligueurs, qui vendent leur pays à l'Espagne.