Sur la carrière de Langlée en Espagne, voici un extrait d’un compte-rendu de l’ouvrage de Mousset que j’indique plus haut, par Henri Labrosse, dans
Bibliothèque de l'école des chartes. 1912, tome 73. l’article entier est
ici, pages 571-573
Citer :
[...] il fut nommé secrétaire de Saint-Gouard, ambassadeur de France à Madrid, auquel il rendit les plus grands services et qui conçut pour lui une très vive affection. Et, lorsqu’en 1582, ce diplomate résigna ses fonctions, ce fut Longlée que le roi chargea de le remplacer, en ne lui donnant toutefois que le titre de résident intérimaire. A la mort de Henri III, Longlée embrassa le parti du Béarnais et le crédit dont il avait joui jusqu’alors à la cour de Madrid fut ruiné du même coup ; sa situation devint intolérable ; sur sa demande, le roi lui adressa, en 1590, ses lettres de rappel [...]
Labrosse revient un peu plus loin sur les circonstances de ce rappel :
La défiance toujours courtoise dont Longlée fut l'objet, narrée en détail, s’empreignit d’une teinte d’hostilité marquée lorsque, rallié à la cause du Béarnais, ayant perdu tout caractère officiel, Longlée demeura à Madrid sur les instances de Henri IV [...] malgré une malveillance toujours croissante, Longlée sut rester jusqu’en 1590 dans un entourage hostile, sans avoir à en subir aucune humiliation.
Donc, je verrais les choses ainsi : Longlée déjà diplomate à Madrid depuis plusieurs années remplace en 1582 son supérieur et sert Henri III (avec des relations déjà difficiles avec Philippe II, comme le dit ce texte et aussi Châtillon plus haut:
"Henri III est en guerre froide contre Philippe II depuis le début des années 1580"), puis Henri IV le confirme en août 1589 ; mais il perd alors logiquement son accréditation, l’Espagne se trouvant du côté de la Ligue ; le roi l’utilise alors comme une sorte d’espion, puis le rappelle en 1590 quand sa situation devient si intenable que sa présence est inutile.
La présence de Longlée comme représentant de la France en Espagne est aussi attestée par I. Cloulas qui le cite à deux reprises dans son
Philippe II (Fayard, page 438: en 1583 et page 460: le 30 avril 1588)
Le "mois" d'activité dont parle votre source doit donc concerner la courte période entre l'annonce de la mort de Henri III à Madrid et le maintien dans ses fonctions par Henri IV, et sa perte d'accréditation; mais il était là longtemps avant et restera encore un peu après.