Jean-Claude a écrit :
Mais dès les années des Guerres de religion (donc avant Henri II, je vous le concède), des systèmes de paix de religion et des serments civiques interconfessionnels sont mis en place. L'édit de Nantes n'est pas une nouveauté, ce n'est que l'aboutissement d'un processus initié dès 1561 au moins.
Mais je pense toujours que le fait que politique et religion soient peu à peu séparées montre bien que le calvinisme peut ne pas être révolutionnaire politiquement.
Ouh la ! On voit que c'est le retour de vacances et que les devoirs sur la plage ont été bâclés. Mais ce n'est pas une raison pour faire une bouillie historique.
Les guerres de religion ne débutent qu'après le massacre de Wassy, soit en 1562. Henri II est déjà mort, enterré, et même son fils François II a suivi le même chemin. Paix à leurs âmes.
Nous avons donc un roi enfant, Charles IX, et une régence en la personne de sa mère. Ces guerres vont se poursuivrent jusqu'à la reconquête du royaume et de Paris par Henri IV. L'Edit de Nantes, en 1598 (donc complètement à la fin du XVI ème siècle !) va sceller une certaine liberté de culte et d'accès de tout un chacun à toutes les fonctions du pays et de l'état (en simplifiant à l'extrême). Cet édit est l'aboutissement d'une longue lignée d'édits, dits de pacification, qui étaient censés régler ou au moins faire cesser les conflits religieux.
Nous voyons bien que ce processus est une longue marche et qu'il aboutit (tout à fait provisoirement car il est impossible de dire que Nantes est une fin, j'en avais parlé plus haut) à un réglement du problème qui a ensanglanté la seconde moitié du siècle.
Mais en fait, cela montre qu'un pouvoir royal peut exister avec deux religions et non plus avec une seule assise d'ordre métaphysique. Henri IV l'avait compris depuis longtemps, et je crois que Catherine de Médicis et ses fils aussi mais que toutes les conditions pour arriver à cette conclusion n'étaient pas réunies dans le pays, et notamment à cause des conservatismes tels que ceux des Guise et autres seigneurs ultra catholiques , du clergé. Pour moi, la Saint-Barthélemy s'inscrit ici car, sans le massacre, le mariage de Navarre aurait pu faire avancer les choses de près de 30 ans. Après Saint-Germain et son édit, cette alliance aurait du marquer la réconciliation des communautés avec un seul roi pour les guider. Il y eut l'attentat....
La fin des Valois et l'arrivée d'un Bourbon protestant bouleversera la situation et les positions. Le roi est huguenot. Cela est vraiment inédit et incroyable quand on se situe à l'époque. Même après, je n'ai pas souvenir que cela soit arrivé souvent, je dirais même: jamais. Evidemment, Henri IV a l'intelligence de se convertir et cela est un coup de maître. Tout le monde est content même s'il le paiera de sa vie, fruit d'un fanatique et de gens qui veulent toujours revenir au chaos pour convenance personnelle. Le pouvoir s'est réconcilié avec sa religion fondamentale, mais une autre cohabite, et la France sait que la liaison entre exécutif et confessionnel n'est plus aussi "évident" qu'auparavant...
La Réforme est à l'origine de ce mouvement. Aussi étrange que cela puisse paraître quand on connaît la rigueur et la rigidité morale protestante, elle doit être considérée comme une force de progrès à cette époque. Elle contribue à faire vaciller les pouvoirs en place, tant politiques que religieux, qui, j'insiste, se confondent et défendent les mêmes intérêts. Elle modifie l'ordre des choses établies jusque là et cela est "révolutionnaire", dans le sens de cassure avec l'existant. Et pour les adeptes eux-mêmes, vous imaginez ce que cela représente une nouvelle religion ? De nouvelles références, un autre clergé ? Evoquer même la notion de "république" ? En 1565 et suivant, ça devait paraître vraiment très "progressiste", pour ne pas reprendre toujours le même mot....