L'une des raisons de son passage en Italie, qui rallonge sa route, est l'hostilité de l'Allemagne à son égard. Certains allemands, solidaires des protestants français, n'étaient pas favorable à ce monarque catholique. D'autres allemands avaient été choqués que le français se soit porté candidat au trône de Pologne et ait finalement emporté l'élection au détriment de leur candidat, l'archiduc Ernest.
Une autre raison est l'attrait de l'Italie. C'était un pays avancé et riche, que souhaitaient visiter beaucoup de touristes. Justement en 1574, l'un des voyageurs français en Italie fut Jacques-Auguste de Thou, dont les mémoires rapportent ceci :
Citer :
Le pape Grégoire avait dépêché le cardinal Buoncompagnon, son neveu, en qualité de légat, pour saluer le nouveau roi de France, qu'on disoit être arrivé de Pologne sur les frontiere de l'état de Venise. [De Foix et sa suite dans laquelle se trouve De Thou se rendent aussi à Venise pour le saluer]. Là [à Venise] s'étant joints à du Ferrier, ils vinrent ensemble par le Frioul saluer le nouveau Roi dans la Dalmatie. Bellievre et Pibrac venoit d'échapper d'un grand péril qui fut le sujet d'un long entretien. De là on se rendit à Venise : l'histoire a pris soin d'écrire la reception qu'on y fit au Roi, aussi bien que dans tous les lieux de son passage en Italie. [...] De Venise toute la Cour se rendit à Ferrare, d'où le Roi dépêcha de Foix à Rome, pour remercier le Pape de l'ambassade honorable qu'il lui avoit envoyée. [...] De Foix s'étant acquitté de sa commission en peu de jours, partit de Rome pour revenir trouver le Roi. [...] il arriva dans l'état de Gênes. Il vit Gênes et se rendit en Piémont, où le Roi étoit déjà arrivé.
Ce récit montre que le nouveau roi de France ne resta pas très longtemps en Italie, puisque de Foix et de Thou n'ont à peine le temps de faire un petit voyage à Rome, que déjà le roi se trouve à la porte de la France. Les dates confirment cela, puisque Henri III arrive à Venise le 18 juillet (selon Pierre de Lestoile), à Turin le 11 août (selon Lestoile), et à Chambéry le 2 septembre.
Et comme Henri III n'est même pas allé saluer le grand duc à Florence, ni le pape à Rome, je ne crois pas qu'Henri III ait eu un dessein politique particulier en passant par l'Italie. Je ne crois pas non plus que ce voyage d'un ou deux mois ait eu beaucoup de conséquences car il y avait déjà par ailleurs de nombreuses relations entre la France et l'Italie. Jean-François Dubost dans
La France italienne. XVIe - XVIIe siècle montre que les italiens installés en France venaient principalement de Toscane et du Milanais plutôt que de Venise et de Turin où Henri III s'est un tout petit peu attardé.