Alfred Teckel a écrit :
Mouais, c'est surtout qu'ils n'en avaient pas besoin... Quand on tient tout le sud de la Méditerranée, plus la péninsule arabique et les deux mers qui la borde, plus l'Asie centrale jusqu'à l'Inde, quel besoin a-t-on de s'enquiquiner à vouloir contourner l'Afrique? A quel besoin aurait répondu une telle aventure? L'Islam, comme vous le présentez, avait accès à tous les mondes: Chine, Inde, Europe, Afrique, Asie centrale... Je ne vois pas pourquoi ils auraient été cherché l'aventure au coeur du continent noir... Pour quelques rhinocéros de plus?
Vous partagez une hypothèse de Daniel Boorstin dans ses
Découvreurs :
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Si donc l’Afrique n’était qu’une vaste péninsule, si l’on pouvait passer de l’Atlantique dans l’océan Indien, alors – c’est une lapalissade – le même chemin pouvait se faire en sens inverse. Les Arabes qui vivaient en bordure ouest et nord-ouest de l’océan Indien étaient au moins aussi avancés que les Européens dans les sciences de la mer, astronomie, géographie, mathématiques, art de la navigation. Pourquoi, alors, n’ont-ils pas pris la route maritime vers l’Ouest ?
À cette question, une réponse possible pourrait être celle donnée par cette Bostonienne de vieille souche à qui l’on demandait pourquoi elle ne voyageait jamais : « Pourquoi voyagerais-je, répondit-elle, je suis déjà arrivée ! »
Alain.g a écrit :
Les effets du contournement de l' Afrique ont probablement échappé longtemps aux pays d'islam, qui ne s'étaient pas préparés à naviguer autour de l' Afrique, restant autour de la côte orientale sans continuer vers le sud. Il y a certainement des raisons à ce manque de curiosité, tenant peut-être à un retard au 15è siècle des techniques de navigation arabes ? Une supposition!
La marine arabe semblait pourtant alors efficace et comptait d'excellent marin.
Un effet majeur du contournement de l'Afrique par le Portugal est l'écrasement de la navigation arabe dans l'océan Indien. Le comble est que la présence portugaise a été facilitée par un grand marin arabe, Ibn Majid :
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La plus brillante incarnation en fut Ibn Majid, fils et petit-fils de grands navigateurs, et qui s’était surnommé « le lion de la mer en furie ». Il avait la renommée d’être celui qui connaissait le mieux la navigation dans la mer Rouge tant redoutée et dans l’océan Indien. (Daniel Boorstin, Les découvreurs)
La Providence devait veiller sur Vasco de Gama au cours de son premier voyage. Par une surprenante coïncidence, en effet, lorsque finalement, à Malindi, il réussit à dénicher un pilote arabe compétent et loyal pour le guider à travers l’océan Indien, ce pilote n’était autre que Ibn Majid en personne. Le capitaine portugais ne connaissait pas sa chance. Pas plus, du reste, que Ibn Majid ne pouvait se douter, à leur arrivée conjointe à Calicut, que tous deux étaient les acteurs de l’une des grandes ironies de l’histoire : le grand maître arabe de la navigation était, à son insu, en train de participer à la liquidation de la présence maritime arabe dans l’océan Indien. (Daniel Boorstin, Les découvreurs)