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La bonne image de Louis XII sous l'Ancien Régime
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Auteur :  Helios [ 21 Oct 2010 18:03 ]
Sujet du message :  La bonne image de Louis XII sous l'Ancien Régime
Dans les cahiers de doléances du Tiers-Etat en 1789, on voit souvent revenir, comme modèle du bon roi, Louis XII (roi de 1498 à 1515)

Ainsi, dans le cahier de Lauris : "O Louis XVI! héritier du sceptre et des vertus de Louis IX, Louis XII et Henri IV"
et dans celui de Barcelonnette : "Si Louis XII et Henri IV sont encore aujourd'hui les idoles des Français à cause de leurs bienfais, louis XVI le bienfaisant est le Dieu des Français".

D'où vient cette bonne image de Louis XII auprès des Français de 1789?

La chose m'a d'autant plus frappé qu'aujourd'hui, Louis XII est un roi complètement méconnu. De cette période, on connaît tous Louis XI et ses cages de fer, François Ier évidemment, et certains savent que Charles VIII a malheureusement oublié de baisser la tête. Mais Louis XII, qui le connaît? Hormis l'aile du château de Blois et le mariage avec Anne de Bretagne, je serais bien incapable de citer de tête un fait marquant de son règne.

Comment se fait-il que celui qui était cité, il y a deux siècles, comme le modèle du bon roi, au point d'éclipser Louis IX et de se ranger au côté d'Henri IV dans le panthéon national, ait-il été complètement oublié par la suite?
Louis XII est-il un personnage, non pas réhabiliter car il n'a pas d'image noire, mais à redécouvrir?
Auteur :  Mécène [ 21 Oct 2010 19:02 ]
Sujet du message :  Re: La bonne image de Louis XII sous l'Ancien Régime
Citer :
Mais Louis XII, qui le connaît? Hormis l'aile du château de Blois et le mariage avec Anne de Bretagne, je serais bien incapable de citer de tête un fait marquant de son règne.


La continuation de la politique italienne de Charles VIII est un des faits importants de son règne. Son surnom, qui lui a été donné en 1506, de "Père du peuple" a dû jouer dans la perpétuation de sa mémoire. Quant à l'oubli de sa personne, peut-être que François Ier, en raison de l'envergure qu'il a donnée à la politique italienne et aux arts, l'a éclipsé.
Auteur :  Polycarpe de M. [ 21 Oct 2010 19:04 ]
Sujet du message :  Re: La bonne image de Louis XII sous l'Ancien Régime
Un article de Laurent Avezou de 2003 sur la question : http://www.cairn.info/revue-historique- ... age-95.htm
Auteur :  Helios [ 21 Oct 2010 21:41 ]
Sujet du message :  Re: La bonne image de Louis XII sous l'Ancien Régime
Merci Polycarpe, pour cet article qui répond complètement à ma question.

Si j'essaie d'en faire une synthèse, je dirais que, selon l'auteur, la raison qui explique sa popularité à l'époque moderne est la même que celle qui explique son oubli au XIXe siècle : ce qu'il appelle au début de l'article la "médiocrité", et que je préfère appeler la consensualité.
Parce que c'est un roi consensuel, sans remous, qui a laissé une fiscalité assez basse, il a été utilisé comme modèle, dans le cadre d'un régime monarchique, pour toutes les revendications contre la tendance grandissante à l'absolutisme royal, et notamment au XVIIIe siècle.
Mais quand les conditions politiques ont changé, après la Révolution, quand le peuple devient un acteur politique majeur, et non un mineur ayant besoin d'un papa, où l'on n'a plus besoin d'un modèle surrané de dirigeant affable, le caractère consensuel de Louis XII l'a fait tomber dans l'oubli, sort que n'a pas subi le Vert-Galant, que ses frasques rendent sympathique et intéressant.
Auteur :  A 25 [ 22 Oct 2010 22:40 ]
Sujet du message :  Re: La bonne image de Louis XII sous l'Ancien Régime
je croyais que le bonne image de ce roi venait de l'extrême modération de sa politique fiscale : il aurait été le dernier souverain à se financer par les revenus du domaine laissant les impôts - la taille en particulier - à un très bas niveau, conformément aux doctrines médiévales. Au-delà de ce choix (peut-être conjoncturel) il y aurait peut-être aussi une question "idéologique" : après lui, François Ier et ses successeurs, imbus de principes romains, respecteront moins les droits de leurs sujets ...
Auteur :  Liber censualis [ 29 Oct 2010 22:26 ]
Sujet du message :  Re: La bonne image de Louis XII sous l'Ancien Régime
Sur la "bonne image" de LOUIS XII, lire la bio de Didier Le Fur, il developpe toute la propagande mise en oeuvre par les auteurs de l'époque pour justifier tant les réformes interieures que les pérégrinations italiennes.
Auteur :  adrienf1 [ 20 Déc 2010 19:43 ]
Sujet du message :  Re: La bonne image de Louis XII sous l'Ancien Régime
Est-ce vrai qu'il avait tellement une bonne image que son tombeau à St Denis n'a pas été profané durant la Révolution. J'ai été un peu surpris en apprenant ça car le tombeau du "bon roi Henri IV" a été profané (en même temps, Henri IV est devenu populaire en raison de son assassinat par Ravaillac).

Autre citation au sujet de Louis XII au début du règne de Louis XVI qui était alors très populaire : "Louis XII + Henri IV = Louis XVI"
Auteur :  Polycarpe de M. [ 09 Mars 2013 19:28 ]
Sujet du message :  Re: La bonne image de Louis XII sous l'Ancien Régime
Un avis supplémentaire est que Louis XII a été suivi d'un roi qui a laissé une trace :
François Ier considéré (à tort parce que ces prédécesseurs avaient initié cette politique) comme LE roi de la Renaissance et du XVIème siècle.

Il faut dire aussi que les images d'Epinal de l'histoire officielle de la Troisième république avec son fameux 1515 Marignan, qui a au demeurant jeté un éclat lumineux sur ce règne débutant, malgré les soucis ultérieurs.
Auteur :  Jérémy76 [ 08 Juin 2013 11:33 ]
Sujet du message :  Re: La bonne image de Louis XII sous l'Ancien Régime
Louis XII est en fait un roi de la "tradition féodale" de l'époque: c'est à dire un roi qui vit sur la vision de la "tradition féodale" des aristocrates de l'époque. Ainsi, le seigneur idéal vit sur ses terres et ses revenus. Dans ce principe, Louis baisse les impôts extraordinaires créés pendant la Guerre de Cent ans, et il s'interdit officiellement à la vénalité des offices (il faudra attendre Henri III pour que la ligne officielle change, même si François Ier contourne cette interdiction pour pouvoir remplir les caisses). Néanmoins cette baisse des impôts à une conséquence dramatique puisque les guerres en Italie sont une source de dépenses assez importante: le roi s'endette, et le phénomène s'accentue sous François Ier et Henri II, et la dette dérape très dangereusement pendant les Guerres de Religion, et il faut attendre Sully pour résoudre la crise par des augmentation d'impôts (en réalité les impôts ont déjà étaient fortement augmentés par Henri III), des aliénations temporaire des propriétés de la Couronne, et une banqueroute déguisée (en ne remboursant pas les "dettes illégitimes", et en disant à des créanciers qu'ils ne seront pas remboursés en totalité); cette politique très impopulaire (qui a contribué au grand mécontentement du peuple contre Henri IV) à néanmoins sauvé les finances royales.

La politique fiscale de Louis XII est le principale vecteur de sa popularité, et les Etats-Généraux qui décernent le titre officiel de "Père du Peuple" en est la conséquence. Mais, sans se titre officiel, au Moyen-Âge et jusqu'à la Révolution, le roi à l'image d'un Père, qui pacifie le peuple et qui lui prodigue ses bienfaits. La monarchie moderne continue de jouer sur cette image mais beaucoup moins qu'au début de la Renaissance: cette image a été évacué notamment par Henri III. L'idée était de dire "si le roi n'arrive pas a avoir ses enfants, sa famille, comment peut-il se prétendre être le père du peuple?"; l'image du père était donc moins développé par la suite, mais il continue d'exister, mais on préfère d'autres images: le roi pacificateur est un Hercule ou Mars (Henri IV), c'est un grand militaire (portraits équestres de Louis XIII et XIV).
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