Merci à vous pour votre intervention sur ce sujet qui m'intéresse aussi.
Les Barberini était une famille riche et intellectuelle. J'avais surtout retenu que Francesco était sans doute le plus brillant. Mais vous avez raison, je ne devrais pas sous-estimer l'oncle Maffeo.
Citer :
"L'espoir renaît en 1632. Galilée se sent encouragé à reprendre son oeuvre de philosophe, de pédagogue et de polémiste, lorsque Maffeo Barberini est élu pape sous le nom d'Urbain VIII. Cet homme l'admirait, l'avait soutenu publiquement et le soutiendrait certainement encore. Galilée lui dédie son Essayeur et s'entretient personnellement avec lui à Rome en 1624.
[...]
Le pape avait imposé certaines conditions (note : Dans sa lettre du 24 mai 1631 à son confrère inquisiteur de Florence, le père Riccardi, maître du Sacré Palais, le dit explicitement : "Je vous rapelle que Notre Maître pense que le titre et le sujet ne doivent pas se rapporter au flux et reflux mais simplement (assolutamente) à un examen mathématique de la position de Copernic sur le mouvement de la Terre, en vue de prouver que, si l'on ne tient pas compte de la révélation de Dieu et de la doctrine sacrée, on pourrait sauver les apparences avec cette supposition" (Ed. naz., t. XIX p. 327))"
(Source : Texte de présentation par François de Gandt et René Fréreux en 1992, au livre de Galilée, Dialogue sur les deux systèmes du monde, éditions du Seuil, pages 63-65)
Donc, vous avez raison, Maffeo s'est entretenu directement avec Galilée (en 1624). Je ne sais pas ce qu'ils se sont dit.
Ensuite, il se sont peut-être écrit. On pourrait le savoir grâce à l'
Opere di Galileo Galilei qui recence toutes les lettres de Galilée (téléchargeables sur gallica).
La lettre concernant les restrictions n'a pas été envoyée directement du pape à Galilée, mais d'un écclésiastique à un autre. Nicolo Riccardi dit que les contraintes viennent de "Nostro Signore". Gandt et Fréreux supposent qu'il s'agit du pape. J'ai un doute, mais admettons que ce soit bien cela. Est-ce que Riccardi dit la vérité ? Est-ce que vraiment Maffeo s'intéresse de si près au livre de Galilée pour fixer ces instructions précises, ou ne serait-ce pas plutôt Riccadi qui inventerait cela pour donner plus de poids à sa lettre ? Je ne sais pas.
J'ai un petit doute parce qu'un précédent maître du Sacré Palais avait, de son propre chef, voulu interdire le livre de Copernic. L'affaire est racontée en détails par Edward Rosen dans un article du
Journal of the History of Ideas, no 36 (1975), pages 531-542, réimprimé en 1995 par Erna Hilfstein et Cambridge University Press, dans
Copernicus and his successors, pages 149 à 160. Ce maître s'appelait Bartolomeo Spina. Il avait été convaincu de l'inacceptabilité de la théorie copernicienne par un ami dominicain, Giovanni Maria Tolosani, qui connaissait bien l'astronomie, et qui est l'inspirateur principal de notre calendrier grégorien. Donc, cela ne m'étonnerait pas outre mesure que Riccardi écrivit sa lettre pour limiter Galilée sans nécessairement en avoir discuté précisément avec le pape.
Je ne sais pas si Galilée a écrit son Dialogue "sous la férule" de Matteo Barberini. Je penserais plutôt que c'est parce qu'il avait ce projet en tête depuis qu'il avait crû (à tort), que le phénomène des marées donnerait la preuve du mouvement de la terre. Je rejoins là Gandt et Fréreux qui pensent cela dans la présentation du Dialogue.