Bonjour à tous,

Malgré toutes les recherches que j'ai pu effectuer à ce jour sur le sujet, je n'ai pas trouvé beaucoup d'informations.
J'ai vu dans un roman qu'on l'appelait la contrada, mais dans "Venise, une invention de la ville", Elisabeth Crouzet-Pavan" mentionne, dans son glossaire, qu'une contrada est une sous-division du sestier (quartier), une circonscription administrative de base.
L'un d'entre vous en sait-il davantage concernant les forces de police de l'époque, s'il vous plaît ?
Merci d'avance.

La "république" de Venise était en fait une quasi dictature, celle du Conseil des Dix dont le bras armé était la magistrature secrète des trois Inquisiteurs d'Etat, véritable Gestapo installée dans la partie arrière du Palais des Doges, près des prisons et salles de tortures des "Plombs", destinées aux prisonniers importants.

Toute une piétaille d'espions et d'auxiliaires (les capi-contrada et les inquisitori die sestieri) exécutaient leurs ordres ou décisions, pris en application d'une législation également secrète. Enlèvements nocturnes, détentions secrètes, assassinats sans bruit, exécutions publiques entre les deux colonnes de la place Saint-Marc ou pendaisons sous les arcades du Palais étaient les aboutissements sanglants de cette politique de soupçon et de dénonciation généralisée qui a duré trois siècles. Elle fut surtout révélée à l'"Europe des Lumières" quand, en 1755, Casanova s'évada des "Plombs" après 3 mois de détention.

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"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.

Les modes de dénonciations anonymes étaient modernes puisqu'elles faisaient appel à des boites aux lettres que les Dix avaient fait installer (une par quartier, souvent sur la façade de l'église locale) sous la forme de "bouches de lion" ou dites comme telles (elles avaient été inventées par les Romains). Sur la fin, devant l'abondance des dénonciations infondées, on exigea qu'elles soient accompagnées du nom de deux témoins.

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"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.

Merci pour vos réponses.
Et concernant ce que l'on pourrait comparer à notre police municipale, de quoi s'agissait-il ? D'un guet ? De rondes effectuées par des soldats ?
Merci.

D'une manière générale et jusqu'au 19ème siècle, dans cette république du soupçon, de la délation et de l'arbitraire, le pouvoir vénitien (doges et Conseil des Dix) se méfiait comme la peste de toute force armée, redoutant complots et coups d'état : même les équipages des galères en cours d'armement (jusqu'à 30 000 soldats au total) étaient cantonnés au Lido, loin de la ville.

Pour les patrouilles ou arrestations (en gondole), les Dix ne se reposaient donc pas sur une "force de police" constituée (elle n'exista qu'à partir de l'occupation autrichienne puis française) mais sur des civils armés recrutés dans les quartiers, des sortes d'"exempts" politiquement sûrs, épaulés par quelques arquebusiers.

De même, à l'Arsenal, cœur de l'activité vénitienne où bagarres et vols pouvaient compromettre le travail des 3 000 artisans et des centaines d'ouvriers-ouvrières, la police interne était assurée par les "arsenalotti" eux-mêmes.

Ne voyez pas Venise avec les yeux de la légende : une ville de fêtes, d'art, de musique et de danse, une cité des plaisirs. Mais plutôt comme une salle des coffres regorgeant de richesses dont la protection était assurée par un véritable régime fasciste et ses "chemises noires" (en l'occurrence des capes noires).

L'organisation par Mussolini de son grand conseil et de ses ligues s'est plus tard inspirée de l'exemple vénitien. Et, de même, le nazisme débutant a reposé sur une force "civile" (non militaire), les SS.

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Léon Tolstoï.

Je suis quelque peu interpellé par ce point. En quoi le gouvernement vénitien de la renaissance est-il fasciste ? Cela me semble anachronique.

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"I do not know with what weapons World War III will be fought, but World War IV will be fought with sticks and stones."

Albert Einstein

Bien sûr, ce n'étaie qu'une image. Mais la population vivait dans la terreur, le gouvernement dans l'enfermement du pouvoir absolu et du secret, ainsi que dans la peur depuis le complot de 1354 qui aboutit à la condamnation à mort d'un doge octogénaire et à la pendaison de ses complices.

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"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.

Merci pour votre réponse.

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Albert Einstein

Les allusions à la Gestapo et au fascisme mussolinien en évoquant Venise à la Renaissance ressortent du fantasme.
Cette république de marchands, qui était gouvernée par un régime oligarchique, était encore très riche à la renaissance et elle avait mis au point un régime de surveillance qui tenait aux grands dangers courus par la cité qui était un port international d'une splendeur inégalée.
Casanova dans histoire de ma vie ne décrit pas un régime si noir puisqu'il jouissait de protections en ville et qu'il y reviendra après son périple européen car il ne pouvait se passer de la ville merveilleuse en son temps qu'il aimait passionnément.
Autant on connait bien le régime oligarchique de Venise au 18è siècle, avec ses grandes familles toutes puissantes, sa police et ses dénonciations, autant la vie politique à la Renaissance l'est moins d'après ce que j'ai pu en lire.
Mussolini ne s'est pas inspiré à ma connaissance de Venise pour son fascisme mais de Rome et de son Sénat, de son empereur et pas du Doge et de tout un esthétisme romain. Il a emprunté au moyen âge les corporations et voulu revenir à avant la démocratie européenne.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Pouvez-vous nous en dire + sur ce complot ?

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Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
Epitaphe trouvée dans un cimetière des Alpes

La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
Proverbe Albanais

C'est le complot du doge Marino Faliero, le seul dont le portrait ne figure pas au palais des doges et a été remplacé par un voile noir. Si vous faites des recherches sur ce nom, vous trouverez tous les détails.

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Léon Tolstoï.

ok merci

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Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
Epitaphe trouvée dans un cimetière des Alpes

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Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
Proverbe Albanais

Merci à tous pour vos réponses et participations.