Alain.g a écrit :
Par ailleurs les ottomans se rendent compte d'un décollage technique et scientifique important de l'occident
Cette phrase m'interpelle : le fait que la science confère la puissance est une idée extrêmement récente, peut-être fin du XIXe siècle, voire autour de la seconde guerre mondiale. L'idée même de progrès date des Lumières. On peut difficilement dire que les Musulmans de la Renaissance la partagent.
Dans le domaine militaire par exemple, si les Ottomans constituent une importante artillerie, une bonne partie de leur armée, toujours en contact avec l'Asie centrale, repose toujours sur le cavalier-archer. La force militaire de ce dernier va diminuer très graduellement. Pour l'artillerie, du reste, les Ottomans et les potentats barbaresques trouveront toujours plus rentable d'embaucher ou de réduire en esclavage des artisans pour moderniser leur parc plutôt que de les former eux-mêmes.
Bernard Lewis, dans
Comment l'Islam a découvert l'Europe, montre au contraire que les musulmans érudits ont plutôt décrit l'Europe comme un monde exotique, qui peut intéresser, mais n'a pas à être imité, car irrémédiablement inférieur à l'Orient. Tout au plus remarquent-ils que les Chrétiens sont devenus très nombreux. L'Europe compte en 1500 entre 50 et 80 millions d'habitants, et les estimations donnent à l'empire ottoman entre 7.5 et 30 (!) millions d'habitants, auquel on peut rajouter 10 millions pour le Maghreb.
Si les Ottomans s'intéressent à l'Europe, n'est-ce pas plutôt pour suivre le chemin des peuples cavaliers, qui ont de tout temps progressé d'est en ouest ?
On peut peut-être penser également qu'ils profitent du déclin de l'Europe de l'est : alors que l'ouest se développe, dopé par la colonisation américaine, l'est stagne, voire régresse. Le déclin est visible en Pologne, par exemple.