J'ai quand même payé le lot de lettres au moins 12 Euros. J'aurais dû négocier !

Pour plus de lisibilité, vous pouvez accéder à des photos en haute résolution : https://www.dropbox.com/sh/cs2vazqp481o33k/j4X-7DJ8AG

Bonjour, je suis très intéressé par cette lettre pour notre fond d'archive, êtes-vous vendeur?

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie

1. La lettre ne provient définitivement pas de Henri IV, qui n était alors que le roi de Navarre. Il signait toujours Henry - tout court - étant roi/fils de roi. Aussi - le sceau manque les chaines de Navarre - il n y a que les lys de France & l ordre de Saint - Michel.
2. Son cousin germain, Henri de Condé, fils de Louis I de Condé, par contre signait Henry de Bourbon, cf tome 1 du duc d Aumale sur les princes Condé.
3. La note - en haut à gauche - est postérieure et incorrecte. Par ex, les crayons de Clouet - provennant de Catherine de Medici - ont quelque fois des annotations similaires incorrectes.
4. Je crois que c est un manifeste/circulaire du temps de la guerre des Malcontents. Il n y a presque pas eu de guerre, Henri III a tout accordé pour éviter un grand engagement militaire.

Henri de Condé s évade tôt de la cour de Henri III - en jul. 1574. Il y a eu un synode protestant à Milhau avec Condé déclaré chef du parti protestant. Il a déjà publié un manifeste le 12 jul. 1574.

Sep 1575, François d Alençon frère cadet de Henri II part à son tour. Il y a un tiers parti de protestants & Malcontents - autour d Alençon.

Henri IV est un des derniers à abandonner Henri III, son évasion de la cour est fév. 1576. Henri IV se réfugie quasi tranquillement en Navarre - il n a pas pris un rôle de premier plan dans cette révolte des Malcontents, il a laissé faire à son cousin et Alençon.

Donc avril 1576 - du temps de la lettre - Henri de Condé s était déjà trouvé un rôle considérable chez les Malcontents. Ce parti s apprêtait à faire la guerre à Henri III. C est l evasion de Henri IV qui a basculé les choses en faveur d Alençon qui bénéficie de la paix de Monsieur en mai 1576.

Le cognomen de Condé - premier élu ...- est assez grandiose qu on puisse comprendre que c est lui qui essaie de activement marginaliser Henri IV

Merci pour ces précisions !

Etant un peu connaisseur de la période, cette lettre est passionnante. A mon avis aussi, le "1526" en haut à gauche est un rajout postérieur au 16e siècle. Il s'agit bien de 1576. Vous en avez d'autres comme ça? (12 euros c'est dérisoire!) Ce serait vraiment bon pour l'histoire et les historiens que cette lettre rejoigne un fonds d'archives!

En principe, les services d'archives (Archives nationales, départementales et communales) font une veille systématique de ce qui est vendu en salle de ventes. En principe.
Chaque année, il se vend des lettres très précieuses de personnalités illustres (Catherine de Médicis, Henri IV, etc.) qui se perdent entre les mains des collectionneurs, ou d'autres qui intéressent fortement l'histoire locale.

La difficulté, c'est qu'on ne peut rien faire avec des documents vendus dans des vide-greniers. Les personnes qui en sont propriétaires n'ont pas toujours conscience de la valeur historique de ce qu'ils achètent, vendent, voire jettent à la poubelle.. Le mieux serait que la lettre soit recensée dans une liste et que son contenu soit recopié. Pour ce qui est du document lui-même, peu importe au final le propriétaire.

C'est triste que ce droit de l'Etat ne soit pas utilisé plus souvent (comme pour les manuscrits de Robespierre), car comme tu le dis, au final peu importe le document, mais sans y avoir accès, le contenu y est souvent inconnu des chercheurs...
comme pour cette lettre par exemple: http://www.dailymotion.com/video/xpwm9l ... XwJbrUvlXk

Je pense à une lettre d'Henri I de Bourbon Condé.
Qu'avez-vous réussi à déchiffrer ? Je souhaiterais pouvoir combler les 7 lignes.
Manifestement ceci a été rédigé au camp de Briance (?) le pas avril car les "i" sont pointés, août (?) 1576
Au tout début est énuméré les "... gens d'armes..." et puis il semble y avoir une consigne de prudence ainsi que des comportements à éviter "... afin nul ne puisse..." etc.
Il est fait mention d'éviter "les souffrances" etc. Un ordre "militaire" peut être. Je crois que c'est la période de la 5ème guerre de religion.
J'ai lu que malgré le retour peu glorieux d'Henri de Navarre au protestantisme, Bourbon-Condé s'est radicalisé comme le note Châtillon mais les deux hommes sauront faire taire leurs divergences pour s'allier lors de la 8ème guerre de religion (bataille de Courtras).

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)

Je viens enfin de trouver le "truc" pour agrandir... le camp non de Briance mais de Briare est évoqué, quant à la date, ce n'est pas le mois d'août...

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)

Voilà ma meilleure version actuelle (encore incomplète) :

Le prince de Condé duc danguien (d'Enghien) pair de France chef esleu (élu) des eglises reformees de France et lieutenant général de monseigneur fils et frère du Roy
A tous coulonnels Mareschaulx de camp capitaines generaulx et commissaires des vivres et minitions conducteurs des gens de guerre tant à cheval que à pied francois alamands souisses et autres de quelque nation quils soient et tous Autres ausquels les présente seront montrées salut
Nous vous prions et requierons et (neantissons ?) en vertu du pouvoir a nous donne tres expressement enjoignons que vous nayez a loger ou souffrir loger ny prendre aucuns vivres munitions ou autres choses ni faire ou souffrir ? faicts aucun (torts ?) ? ou dommage au Sieur (Sire?) .................;Appartenant à la personne (biens duquel ?) nous avons prise sous notre protection et sauvegarde en cigne dequoy nous lui avons promis dafficher les pannonceaux de nos armes au plus hault des (arments ?) ? que bon luy semblera afin que nul ne puisse prétendre cause dignorance faicts au camp de Briare ce jr daout 1576
henrydebourbon

Tout apport sera apprécié !

Jusqu'à "... Salut", il semble que les destinataires soient désignés.
Pour "commissaires des vivres et munitions", le mot "munitions" est écrit de nouveau plus bas.
Si le mot "vivres" (qui apparait deux fois) est écrit de façon similaire, j'ai un doute pour "munitions". Le mot semble juste lors du second emploi mais j'ai un doute pour "commissaires aux munitions".
J'ai cherché s'il existait ce genre d'attribution, je n'ai rien trouvé pour l'époque. L'avis de Châtillon serait le bienvenu.
Je vois un début de phrase avec ".../ La personne des biens duquel..."
Je pense que le mot avant "...que bon lui semblera..." est "lieu"... mais bon...
Je suis dubitative pour le "néantissons" quoique le mot "néant" ou "séant" semble présent.
"En vertu du pouvoir etc." est un début de phrase, apparaissent ensuite les recommandations et ordres.
Je lis aussi "Sieur" plutôt que "Sire". Le dommage n'est pas bien grand car le synonyme donné est "Sire".
Vous avez tout décrypté... Bravo, j'y suis restée jusqu'à plus de 2H15 ce matin...
Ce qui est étrange est comment un tenant de l'église réformée puisse s'adresser à des personnes désignées par le pouvoir royal tels les commissaires et plus encore des cadres d'armée ? ? ?
Cette lettre semble être une requête voire une exigence faite aux cadres de l'armée qui semble en temps de friction dans un lieu donné.
Tout soldat tenant de l'armée royale est tenu d'éviter dommages sur les possessions d'un "Sieur" qui semble "sous protection" puisqu'il peut se revendiquer des armes de Bourbon.
La "réquisition" pour vivres et logements est à bannir ("souffrir loger" CAD estimer le logement comme un dû et l'exiger), il n'est pas même la peine d'y songer.
On peut déduire avec ceci que chaque seigneurie ou place choisit son camp, hausse les armoiries du protecteur face aux soldats royaux et ceci semble d'une banalité incroyable, une sorte d'échange de politesse...
"...Voilà, vous êtes prévenus, alors prière d'avoir un minimum de courtoisie, de vous nourrir et loger ailleurs que chez le Sieur qui est de notre côté. D'ailleurs, il sait qu'il n'a rien à vous devoir car nous lui avons promis aide et protection..."
C'est assez incroyable.
Il existe donc manifestement des échanges de chaque côté afin que les nuisances civiles soient endiguées.

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)

Voici le texte avec quelques corrections en rouge. Je garde un doute sur le néantmoings. Il reste également à découvrir les noms du site et du personnage protégé par le prince ! La photo n'est pas assez grande pour le dire

Le prince de Condé duc d'Anguien (d'Enghien), pair de France, chef esleu (élu) des
eglises reformées de France et lieutenant général de Monseigneur, fils
et frère de Roy

A tous conlonnels, mareschaulx de camp, capitaines, generaulx et commissaires des vivres et
munitions, conducteurs des gents de guerre tant à cheval que à pied francoys alemands souisses et
aultres de quelque nation qu'ilz soient et tous autres ausquels les présentes [lettres] seront montrées, salut.

Nous vous prions et requerons et neantmoings en vertu du pouvoir à nous donné très expressément
enioignons (enjoignons) que vous n'ayez à loger ny souffrir loger ny prendre aucuns vivres munitions ou autres
choses, ny faire ou souffrir estre faict aucun tort [....] ou dommage au lieu de [....] de [.....]
appartenant au sieur de [.....]. La personne et biens duquel nous avons prins et prenons
en notre protection et sauvegarde, en cigne dequoy nous luy avons promis d'afficher les pennonceaulx de nos armes
au plus hault et éminent lieu que bon luy semblera afin que nul ne puisse prétendre
cause d'gnorance. Faict au camp de Briare ce jour d'aoust 1576.

Henry de Bourbon


Les penonnceaulx désignent les pennons, ces étendards en forme de queue d'oiseau que portent les chevaliers au bout de leur lance. Le prince de Condé autorise donc le personnage à arborer ses propres armoiries (celles des Condé) sur son étendard afin que sur le champ de bataille, on sache de quel côté il se trouve.

Vu que Condé est un chef rebelle, j'ai du mal à penser que la lettre s'adresse à l'armée royale. Ne serait-ce pas plutôt à l'armée des Malcontents que commande personnellement François d'Alençon. Le prince de Condé (protestant) est l'un de ses principaux lieutenants avec Turenne (qui est sur le point de se convertir au protestantisme) et les frères Montmorency (catholiques). C'est une armée hétéroclite composé de catholiques et de protestants.

Reste que la paix a été signée en mai 1576...

Magnifique et grand merci, Châtillon !

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)