Sur le chemin de la prise du pouvoir, la mémoire d’Henri IV fut en effet souvent au côté de Louis XVIIII.

Dès 1795, le maréchal de Castries lui confiait :
« Un politique habile consiste à saisir le moment. Henri IV a été obligé de faire des sacrifices pour monter sur le trône de ses pères et cependant il avait gagné des batailles et conquis Paris. Malgré cela, il a fallu qu’il composa avec ses droits »

Le 8 décembre 1815, alors que le projet de loi sur l’amnistie générale était déposé devant la Chambre, Richelieu proclamait sous les applaudissements et les cris de Vive le Roi ! :
« Cette amnistie n’est pas nouvelle dans nos annales ; Henri IV, dont nous aimons tant à retracer la mémoire, en donna une à peu près semblable en 1594, et la France fut sauvée ! »

Le 25 août 1818, à l’occasion de l’inauguration de la statue équestre d’Henri IV, Barbé-Marbois tint ce discours :
« La France est en proie a des discordes civiles et religieuses. Des factions rivales se disputent t'autorité. Un parti tantôt vaincu, tantôt caressé, appelle Henri pour s'autoriser de son nom et combattre sous ses drapeaux. Jeune et sans expérience, il est précipité par sa mère dans cette funeste arène. Laissons à la fidélité de l'histoire ces temps infortunés: qu'elle dise et les erreurs et les crimes de cette longue et désastreuse époque, les pièges, les séductions, les dangers dont Henri fut environné; qu'elle dise ses succès, ses revers, qu'il a également déplorés, et tous ces jours qu'il croit perdus pour lui, parce qu'il les croit perdus pour la France. Non, ils ne furent point perdus. Les vertus de Henri brillèrent dans ces jours de malheur. Il épargna le sang des Français; il fit respecter les propriétés; il fit respecter les autels et la liberté des cultes ; il conquit les cœurs, et il obtint l'estime de Rome même.
Le dernier des Valois a laissé à Henri un trône sanglant, environné d'écueils et d'ennemis; sa valeur, sa prudence, sa bonté surtout, triomphent de tous les obstacles. Il oublie les injures faites au Roi de Navarre, et va prendre Jeanin et Villeroi dans les conseils de la Ligue. Depuis longtemps il avait deviné Sully ; Sully, qui lui fait connaître l'amitié, ses douceurs, et même son utile sévérité. Mais sa pensée est toujours plus haute que celle de ses ministres ; il protège avec Sully l'agriculture ; il protège contre lui les manufactures et les arts. Les soins du gouvernement le suivent jusqu'au sein des plaisirs et des amusements. Au dedans il a calmé les dissensions, et, par un acte de la plus haute sagesse, il a réconcilié les familles et satisfait les consciences. Au dehors il a fait la paix de la France. Il médite une paix plus générale encore, celle de l'Europe entière, et il veut en assurer la durée par toutes les précautions qui dépendent de la prudence humaine, par sa modération , son désintéressement, sa justice, et surtout par le bonheur de la France.
[…]
Que cette statue soit au milieu de cette grande cité comme un génie tutélaire ; qu'à l'aspect de ce monument national et patriotique les discordes se taisent, et que nos neveux puissent toujours dire, comme nous le disons aujourd'hui : Les descendants de Henri IV ont ses vertus et son cœur; ils aiment la France comme Henri l'aima. »

Louis XVIII répondit alors en ces termes :
« Je suis sensible aux sentiments que vous m'exprimez : j'accepte avec une bien vive reconnaissance le présent du peuple français, ce monument élevé par l'offrande du riche et le denier de la veuve; en contemplant cette image, les Français diront : Il nous aimait, et ses enfants nous aiment aussi. Les descendants du bon Roi diront à leur tour : Méritons d'être aimés comme lui. On y verra le gage de la réunion de tous les partis, de l'oubli de toutes les erreurs ; on y verra le présage du bonheur de la France. Puisse le Ciel exaucer ces vœux qui sont les plus chers à mon cœur! »

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)