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 Sujet du message : La Déploration du Christ
Message Publié : 26 Avr 2014 10:59 
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Hérodote
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Bonjour,

je dois faire une analyse d'un tableau de la Renaissance mais malheureusement je n'arrive pas à identifier tout les personnages.

Je sais que le personnage au centre est le Christ avec la Vierge Marie à sa droite, je pense également que le personnage à gauche agenouillé est Niccolo Bellogio (vue son habit)

Mais je n'arrive pas à identifier laquelle est son épouse et quels sont ses saints autours d'eux.

Image

Aidez moi s'il vous plait.


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 Sujet du message : Re: La Déploration du Christ
Message Publié : 26 Avr 2014 13:44 
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Pierre de L'Estoile
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Saint Jean soutient le Christ par les aisselles, Marie passe un bras sous celui de son fils. Une sainte femme est en prière, Marie Madeleine écarte les mains de stupeur. A gauche, le donateur, Nicolas Bellogio, en prière, à droite son épouse tenant un bréviaire, veillés par leurs saints patrons, saint Nicolas de Tolentino, à gauche, et sainte Claire, à droite, tenant un ostensoir.

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"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.


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 Sujet du message : Re: La Déploration du Christ
Message Publié : 27 Avr 2014 13:52 
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Merci beaucoup pour cette rapide réponse.


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 Sujet du message : Re: La Déploration du Christ
Message Publié : 28 Avr 2014 14:32 
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Eginhard
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Dans quel cadre recherchez-vous ces infos. Il me semble que la charte du forum exclue "l'aide aux devoirs" ?
Jean-Mic

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Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes, ils n'ont pas fini de rigoler !


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 Sujet du message : Re: La Déploration du Christ
Message Publié : 28 Avr 2014 16:48 
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Il exclut l'aide aux devoir lorsqu'elle est posté sous la forme "faites mon boulot pour demain et qu'ça saute". Losqu'un élève a visiblement travaillé et coince, rien ne s'oppose à ce qu'on l'aide, sans pour autant lui faire son travail. Là, il n'aura pas un commentaire de fait avec juste l'identification des personnages.


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 Sujet du message : Re: La Déploration du Christ
Message Publié : 28 Avr 2014 19:42 
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Philippe de Commines
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jibe a écrit :
Saint Jean soutient le Christ par les aisselles, Marie passe un bras sous celui de son fils. Une sainte femme est en prière, Marie Madeleine écarte les mains de stupeur. A gauche, le donateur, Nicolas Bellogio, en prière, à droite son épouse tenant un bréviaire, veillés par leurs saints patrons, saint Nicolas de Tolentino, à gauche, et sainte Claire, à droite, tenant un ostensoir.

- http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=24144
J'ai trouvé ceci. Il était donc possible de commander un tableau et de choisir les personnages ?
Les "saintes femmes" sont Marthe et Marie (soeurs de Lazarre). En général elles sont associées. Il est donc possible de passer commande, d'ajouter des personnages -qui étaient absents lors de la descente de croix- le tout sans que l'Eglise "désapprouve" ?
Tous ces "saints tableaux" de la Renaissance, commandés, exécutés etc. Fallait-il -lors de la livraison- un rituel spécifique ? Comme une bénédiction du prêtre de la famille ou autre ? Une caution "spirituelle" en quelque sorte.
La question peut paraître naïve mais j'ai connu ceci, il fut un temps. Une famille achetait un tableau "sacré", le prêtre était invité à le bénir sinon ceci aurait pu être considéré comme une "nature morte" (si j'ose dire), rien de plus. Il en était de même avec les "images pieuses"... Il existait même une hiérarchie...

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


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 Sujet du message : Re: La Déploration du Christ
Message Publié : 28 Avr 2014 19:55 
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gaete59 a écrit :
jibe a écrit :
Saint Jean soutient le Christ par les aisselles, Marie passe un bras sous celui de son fils. Une sainte femme est en prière, Marie Madeleine écarte les mains de stupeur. A gauche, le donateur, Nicolas Bellogio, en prière, à droite son épouse tenant un bréviaire, veillés par leurs saints patrons, saint Nicolas de Tolentino, à gauche, et sainte Claire, à droite, tenant un ostensoir.

- http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=24144
J'ai trouvé ceci. Il était donc possible de commander un tableau et de choisir les personnages ?
Les "saintes femmes" sont Marthe et Marie (soeurs de Lazarre). En général elles sont associées. Il est donc possible de passer commande, d'ajouter des personnages -qui étaient absents lors de la descente de croix- le tout sans que l'Eglise "désapprouve" ?
Tous ces "saints tableaux" de la Renaissance, commandés, exécutés etc. Fallait-il -lors de la livraison- un rituel spécifique ? Comme une bénédiction du prêtre de la famille ou autre ? Une caution "spirituelle" en quelque sorte.
La question peut paraître naïve mais j'ai connu ceci, il fut un temps. Une famille achetait un tableau "sacré", le prêtre était invité à le bénir sinon ceci aurait pu être considéré comme une "nature morte" (si j'ose dire), rien de plus. Il en était de même avec les "images pieuses"... Il existait même une hiérarchie...


Pour ce que j'en sais, à certaines époques l’Église incitait même à faire de tels tableaux. C'était autant de tableaux profanes en moins.

Mais, de tout temps, un commanditaire peut demander à l'artisan (ne pas oublier qu'à l'époque ces grands artistes étaient considérés être des artisans comme les autres) le sujet qu'il désire. On oublie souvent que 90% des chefs d’œuvres présents dans nos musées et datant d'avant 1850 sont des commandes.

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 Sujet du message : Re: La Déploration du Christ
Message Publié : 28 Avr 2014 20:21 
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Philippe de Commines
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Merci pour cette réponse.
En effet j'étais totalement ignorante de ce pourcentage incroyable. Ceci fonctionne comment ? Les familles qui possèdent de tels tableaux font des dons aux musées (Louvre par exemple) ou le musée est obligé d'acheter aux familles ?
Pourquoi certaines oeuvres de grandes valeurs se retrouvent "sur le marché" et peuvent ainsi appartenir à des personnes ayant renchéri, les musées ne sont pas prioritaires ?
Dans un musée, tout un chacun peut admirer... quitte à mettre une plaque pour remercier le donateur. Qu'apportent des collections misent dans des pièces où simplement un très petits nombres de personnes peuvent les admirer, personne d'ailleurs qui parfois ne sont nullement intéressées, un peu comme "entasser pour posséder" ? :oops:

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 Sujet du message : Re: La Déploration du Christ
Message Publié : 28 Avr 2014 21:23 
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Au Moyen-Âge et à la Renaissance, les contrats sont parfois très précis quant aux personnages représentés, à la taille des oeuvres, à la participation du maître (qui doit souvent faire au moins les visages...). Le commanditaire paye un peu "au poids" ; il fournit aussi souvent les pigments les plus chers qu'il désire voir sur l'oeuvre (le bleu de lapis, notamment). Jean-Mic ou Cornelis en sauront sans doute davantage à ce sujet.
L'Eglise, à tous les niveaux (séculier et régulier), est un commanditaire particulièrement important ; le concile de Trente réaffirme d'ailleurs l'importance de l'art en tant que vecteur de propagation et d'expression de la foi.

En ce qui concerne les acquisitions, il y a plusieurs manières de faire pour un musée
- les collections anciennes ont pu se faire par des récupérations d'oeuvres, en particulier au moment de la révolution
- certains collectionneurs font des dons et legs aux musées. Le monde est souvent suffisamment petit pour que collectionneurs, marchands et conservateurs se connaissent et se côtoient.
- certains collectionneurs peuvent aussi vendre directement à un musée, ou un musée peut acheter à un galeriste
- enfin, il y a les ventes aux enchères ; les musées ont droit de préemption, c'est à dire d'acquérir au prix de la dernière enchère à la place de l'enchérisseur.

Certaines oeuvres (trésors nationaux) sont aussi protégées ; elles ne peuvent sortir définitivement de France sans une autorisation, et peuvent être rachetées par des musées au lieu de partir dans des collections étrangères... quand les musées ont des fonds suffisants.

Certaines collections privées sont très anciennes, et très bien fournies... Parfois, on peut les visiter : pensez aux collections de certains châteaux, par exemple (Cheverny, Chantilly...), ou à certaines fondations (Gulbenkian à Lisbonne,...). Une oeuvre d'art est un bien marchand comme les autres. Personnellement, j'aimerai bien avoir une ou deux peintures à exposer au lieu des affiches d'exposition... lol

Les msuées ne peuvent pas - et n'ont pas vocation à - conserver l'ensemble de l'art ; une oeuvre dans un musée, c'est une place en réserve, des interventions régulières de conservation préventive (dépoussiérage, vérification de l'absence d'infestation), un statut juridique particulier... Il arrive assez souvent qu'un musée refuse un don parce qu'il n'est pas utile à ses collections ou parce que la conservation dans de bonnes conditions est impossible.
Les choix d'acquisition se font en fonction de la qualité et de la rareté des pièces, de l'homogénéïté des collections (existence de séries, gros manques...), du prestige de la signature... et des fonds d'acquisition du musées, des mécènes, de l'occasion.


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 Sujet du message : Re: La Déploration du Christ
Message Publié : 28 Avr 2014 21:30 
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gaete59 a écrit :
En effet j'étais totalement ignorante de ce pourcentage incroyable. Ceci fonctionne comment ? Les familles qui possèdent de tels tableaux font des dons aux musées (Louvre par exemple) ou le musée est obligé d'acheter aux familles ?
Pourquoi certaines œuvres de grandes valeurs se retrouvent "sur le marché" et peuvent ainsi appartenir à des personnes ayant renchéri, les musées ne sont pas prioritaires ?
Dans un musée, tout un chacun peut admirer... quitte à mettre une plaque pour remercier le donateur. Qu'apportent des collections misent dans des pièces où simplement un très petits nombres de personnes peuvent les admirer, personne d'ailleurs qui parfois ne sont nullement intéressées, un peu comme "entasser pour posséder" ? :oops:


Pour bien répondre à la question, il conviendrait d'ouvrir un sujet spécifique. Mais, certains tableaux ont "atterri" dans des musés plusieurs siècles après qu'ils furent exécutés à la demande des commanditaires. Si on parle des tableaux comme la "Déploration du Christ" ont pouvait les trouver dans la chapelle particulière quand la famille était assez riche pour en avoir une, ou dans une chambre d'apparat pour montrer aux yeux du monde sa piété, dans une entrée, dans un salon de prière ... Sauf quand elle était dans un endroit passant, elle était réservé au cercle des intimes.
Mais, de grands tableaux tels que ceux-ci pouvaient aussi être donnés à des églises, des couvents, divers endroits religieux. Souvent, on offrait une certaine somme pour que le prêtre du lieu donne régulièrement des prières pour les familles donatrices. L’Église incitait souvent les généreux donateurs a faire de telles œuvres pour l'édification des gens et pour inciter les gens à venir dans ces lieux de prière. Comme elles demandait qu'on prie pour les généreux donateurs, les âmes de la famille pouvaient espérer le bénéfice des prières de toute la communauté. Dans certains cas, il s'agit d'ex-voto en remerciement d'une guérison, ou pour contrer des sorts funestes, ou pour se faire pardonner quelque chose de répréhensible. Je connais un calvaire situé dans la plaine alsacienne, il a été édifié vers 1780 suite à une rixe sur une route de campagne qui avait entrainé la mort de l'un des participants. Puisqu'il était sous l'emprise de la boisson au moment des faits, le responsable de la mort de cet homme a été condamné à quelques années de prisons, mais surtout à payer l'édification du calvaire qui a été élevé à l'endroit exact du meurtre. Si je me souviens bien, il y avait eu contestation, le prévenu trouvant que la famille érigeait un monument trop onéreux. Il y avait eu l'arbitrage d'un juge pour décider quelle somme il devait payer.

Les tableaux restés en possession d'une famille se retrouvent dans le domaine public au bout de temps plus ou moins long en fonction des vicissitudes des vies des familles. Tandis que ceux du domaine religieux se sont retrouvés dans le domaine public, soit à la suite de confiscations, soit suite à des ventes pour récolter de l'argent pour divers usages.

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 Sujet du message : Re: La Déploration du Christ
Message Publié : 28 Avr 2014 22:01 
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Eginhard
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Pour un essai d'analyse iconographique, voici quelques remarques issues d'une première lecture du tableau, ou plutôt de la photo.

Pour les personnages : la lecture de tels œuvres est toujours la même :
    de part et d'autre, les donateurs et leurs saints patrons, comme d'habitude.
      - à droite, vous savez déjà qu'il s'agit de Nicolas Bellogio, c'est un point de départ,
      - le saint qui le désigne ne peut être que son saint patron, donc un saint Nicolas, mais lequel ? Merci à jibé d'avoir mentionné Nicolas de Tolentino, ce n'est ni le plus connu des saints portant ce nom, ni le plus facile à reconnaître. On peut quand même voir à son habit qu'il s'agit sans doute d'un membre d'une ordre mendiant : ni brun, ce n'est pas un franciscain ; ni blanc et noir, ce n'est pas un dominicain ; il ne reste donc que l'ordre des augustins ...
      - à gauche en face, son épouse : elle ne peut être prénommé autrement que Claire (à vous de trouver son nom exact) ...
      - ... puisqu'elle nous est présentée par sainte Claire, aisément reconnaissable au vêtement de l'ordre qu'elle a fondé (les clarisses) et surtout à l'ostensoir qu'elle porte (c'est l'iconographie habituelle de sainte Claire). On note que l'épouse du donateur tient un livre d'heures ce qui, au passage, s'accorde bien avec la vocation contemplative de sa sainte patronne, sainte Claire.

    au centre de la composition, la scène principale, la déploration du Christ :
      - le Christ évidemment,
      - et sa mère Marie : le geste de l'enlacement des bras est sans doute significatif de l'union spirituelle intime de la "mère de Dieu" avec le "Dieu fait homme" (mais pour l'instant, mort !),
      - logiquement (évangiles à l'appui), on trouve :
        - saint Jean, jeune et sans barbe (c'est le seul des apôtres représenté non barbu) : ici, il porte le Christ ; plus souvent, c'est Marie qu'il soutient en référence à la demande de Jésus ("fils, voici ta mère ; mère, voici ton fils"),
        - Marie-Madeleine, reconnaissable à sa coiffure "en cheveu" (sans voile, à la différence de toutes les autres femmes) et à sa robe particulièrement riche (selon la tradition -mais non selon l'Evangile- elle est souvent représentée en courtisane),
        - le dernier personnage est l'une des "saintes femmes" : l'iconographie en montre souvent deux, et associe fréquemment deux autres personnages, ici absents (Joseph d'Arimathie et Nicodème).

Maintenant, il faut regarder les détails et les fonds de la scène ; exemples :
    dans la scène principale :
      - le vêtement de la Vierge : noir et bleu, manifestations du deuil et de l'appartenance de la Vierge (déjà) au ciel plus qu'au "monde",
      - le vêtement de saint Jean : ici le rouge apporte une note sanglante en même temps qu'il forme un fond valorisant le linceul blanc et le corps du Christ mort,
      - sous le corps du Christ, le drap blanc préfigure le linceul de l'ensevelissement, mais il forme lui aussi un fond qui met en valeur, outre le Christ lui-même, trois éléments intéressants :
        - un plat avec une éponge et du vinaigre (cf. l'évangile de votre choix) ; on note au passage que c'est le seul "instrument de la passion" présent dans le tableau,
        - un crâne pour rappeler que la crucifixion a eu lieu au "Golgotha", mot hébreu signifiant "crâne". Selon une tradition, non retenue par les textes bibliques mais largement présente dans l'iconographie, ce serait aussi le lieu de la sépulture d'Adam (d'où les deux autres os),
          - on retrouve dans presque toutes les icônes orthodoxes ou chrétiennes d'Orient le crâne au pied de la croix,
          - référence aux textes : la mort et le péché sont venus par un homme, Adam ; la résurrection et le salut sont venus par un homme, le Christ,
        - trois brins de graminées, bien détachés sur le fond blanc du linceul : évocation discrète mais sans ambiguïté de la Trinité,

    sur les fonds et les décors :
      - tout d'abord, on remarque que, contre toute attente, la scène ne se déroule pas au pied de la croix,
      - ... mais à proximité d'un arbre, certes modeste, mais faisant quasiment partie de la scène principale : évocation subtile de la croix comme "arbre de vie",
      - dans le quart en haut à gauche, on reconnaît :
        - le calvaire (mot latin du Golgotha), où les croix sont vides et où reste appuyée l'échelle qui a permis de décrocher les corps,
        - le tombeau : étonnamment, cette scène est redondante avec la scène principale avec les mêmes personnages plus un (Joseph d'Arimathie ?)
        - très discrètement, tout à gauche, deux biches, échos du psaume 42 : "comme une biche languit après l'eau vive, mon âme a soif de toi, Seigneur",
      - barrant le paysage, la ville de Jérusalem (toujours librement représentée) :
        - difficile de dire lequel des bâtiments représente le Temple ; peut-être le grand bâtiment rond derrière la tête de la Madeleine ?
        - mais le plus intéressant se passe peut-être devant les portes et sur les chemins : il faudrait voir plus serré sur une meilleure photo :
          - sont-ils de simples détails de décor ou des éléments de la narration ?
          - s'ils participent de la narration, les personnages entrent-ils ou sortent-ils de la ville ? (départ des disciples en route vers Emmaüs ?)
          - que se passe-t-il exactement devant la porte de la ville ? (arrivée de Jésus à Jérusalem ?)
      - dans le quart de droite,
        - le chemin et l'auberge ne seraient-ils pas ceux d'Emmaüs ? (où les deux disciples qui fuient après la mort du Christ reconnaissent ce même Christ -cette fois ressuscité- lorsqu'il partage le pain "à la fraction du pain")
        - dans ce cas, la présence de cette auberge dans le creux du bras de sainte Claire, et la proximité de l'ostensoir et de l'hostie, apporterait la touche finale à la composition : l'annonce de la résurrection, fondement de la foi chrétienne et source de l'eucharistie !

Espérant avoir fait avancer le schmilblick
Jean-Mic

PS / Une trop courte recherche sur internet m'a conduit à ce lien : http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=24144
Du coup, ce qui me frappe (et que je n'avais pas exprimé plus haut), c'est la relative discrétion des plaies du Christ alors que dans un contexte franciscain (c'est que dit la notice du musée du Louvre), on pourrait s'attendre à une plus grande visibilité de ces plaies que partagera saint François lors de sa stigmatisation (cf. la prédelle) ... Mais j'avoue que le XVI°s. est une période que je connais assez peu.

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 Sujet du message : Re: La Déploration du Christ
Message Publié : 28 Avr 2014 23:08 
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Philippe de Commines
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Merci Calame et Narduccio. Je suis totalement ignorante des tractations et très étonnée que des musées refusent des tableaux. 8-|
Jean-Mic a écrit :
le geste de l'enlacement des bras est sans doute significatif de l'union spirituelle intime de la "mère de Dieu" avec le "Dieu fait homme"

Je ne comprends pas le "significatif de l'union spirituelle intime" suivi de "mère de Dieu" et "Dieu fait homme"... :oops:
Citer :
[list]- saint Jean, jeune et sans barbe (c'est le seul des apôtres représenté non barbu) :

Là, on a dû vouloir faire plaisir à un familier car il est vieux alors que tout un chacun sait que c'est le disciple le plus jeune. C'est un peu vexant pour "Mère voici ton fils".
Citer :
associe fréquemment deux autres personnages, ici absents (Joseph d'Arimathie et Nicodème).

Sur quels tableaux par exemple ? Parce-que Nicodème est un personnage du Sanhedrin qui a refusé de lever la main lors du vote et Joseph celui qui propose le tombeau familial faute de temps et autre, vu shabbat. Dans les écritures ils ne sont pas mentionnés lors de la descente de croix. D'ailleurs Nicodème se doit à la préparation de shabbat au vu de son statut et du moment bien particulier (la Pâque) de la crucifixion. Il y a douze apôtres et il faut 11 hommes pour le Kaddish, comment se fait-il que simplement Jean soit présent ?
Citer :
- un plat avec une éponge et du vinaigre (cf. l'évangile de votre choix) ; on note au passage que c'est le seul "instrument de la passion" présent dans le tableau,

De la crucifixion. Il y a aussi les stigmates sur les pieds, les mains sont placées de telle sorte que l'on ne peut rien voir, le front montre une trace au milieu, la plaie au côté inexistante mais l'éponge et le vinaigre rappelle le geste. L'éponge fut placé au bout d'une "pique" (sans doute un pilum). Le visage est trop "petit" pour l'encombrer de traces fines d'épines mais derrière la tête est le rouge de la robe de Jean. On ne voit pas la croix mais la position des deux os la rappelle. C'est étrange, nulle affliction mais une sorte de constat. Déjà l'entourage est en prière, presque apaisé et comme dans l'évidence et l'attente de ce qui va suivre et doit être sans doute aucun.
Citer :
- un crâne pour rappeler que la crucifixion a eu lieu au "Golgotha", mot hébreu signifiant "crâne". Selon une tradition, non retenue par les textes bibliques mais largement présente dans l'iconographie, ce serait aussi le lieu de la sépulture d'Adam (d'où les deux autres os),

Les deux fémurs peuvent aussi rappeler aussi le combat de l'ange avec Jacob, la blessure à la cuisse et le nom d'Israël...
Citer :
- le tombeau : étonnamment, cette scène est redondante avec la scène principale avec les mêmes personnages plus un (Joseph d'Arimathie ?)

Peut être pour bien montrer le don. Joseph d'Arimathie est "riche" et fait bénéficier du tombeau familial le corps de Jésus. Ceci rappelle aussi qu'après la mort "les premiers seront les derniers" et vice et versa. Ceci rappelle aussi le message du Christ et le partage. Le tombeau est un bien et Joseph offre ce bien à moins nanti. Avec ce geste, Joseph s'assure une place sans avoir à justifier de sa fortune mais simplement par son geste. Geste qui est renouvelé par celui qui commande le tableau.
Citer :
- difficile de dire lequel des bâtiments représente le Temple ; peut-être le grand bâtiment rond derrière la tête de la Madeleine ?

Je crois que dans les écritures des indications ont été données pour la construction du temple comme d'ailleurs pour celle de l'arche d'alliance et de la tente. Autant qu'il m'en souvienne, ce ne peut être "rond".
Il n'y a (St Luc) que deux disciples sur la route d'Emmaüs. Il ne font pas partie des onze connus.
Saint Nicolas tient le lys, fleur mariale par excellence et symbole de la trinité et derrière, il y a une grotte où la "mise au tombeau" semble anticipée. Deux hommes à cheval et en armes sont devant la ville de Jérusalem. Peut être pour rappeler son statut du moment ?

Où peut-on apprendre ce que vous énoncez, les symboles dans les tableaux ?

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 Sujet du message : Re: La Déploration du Christ
Message Publié : 29 Avr 2014 8:00 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 18 Jan 2008 13:49
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Bonjour

Citer :
Là, on a dû vouloir faire plaisir à un familier car il est vieux alors que tout un chacun sait que c'est le disciple le plus jeune. C'est un peu vexant pour "Mère voici ton fils".


Jean (l'Évangéliste) est représenté jeune, au centre du tableau.

Citer :
C'est étrange, nulle affliction mais une sorte de constat. Déjà l'entourage est en prière, presque apaisé


La Vierge et Marie Madeleine sont clairement représentées en douleur, Jean affligé.

Citer :
Je crois que dans les écritures des indications ont été données pour la construction du temple comme d'ailleurs pour celle de l'arche d'alliance et de la tente. Autant qu'il m'en souvienne, ce ne peut être "rond".


C'est le premier Temple, détruit par les Babyloniens, pas le second Temple, celui d'Hérode. Ce dernier est souvent représenté rond en Occident, notamment à cause d'une confusion avec le Dôme du Rocher connu pendant les croisades sous le nom de Temple du Seigneur.

_________________
Ira principis mors est


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 Sujet du message : Re: La Déploration du Christ
Message Publié : 29 Avr 2014 8:10 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Aucune trace historique de Nicolas Bellogio (ou Nicola Belogio ?) en Italie. Probablement un notable local, et une épouse effectivement prénommée Clara. Mais le donateur n'a au fond aucune importance.

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 Sujet du message : Re: La Déploration du Christ
Message Publié : 29 Avr 2014 8:47 
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gaete59 a écrit :
Où peut-on apprendre ce que vous énoncez, les symboles dans les tableaux ?

Vous les trouverez, Gaete, dans le Dictionnaire des mythes et des symboles de James Hall (éditeur Gérard Montfort )
http://www.amazon.fr/Dictionnaire-mythe ... 2852265451.

C'est une mine d'or pour tout ce qui est symboles picturaux, particulièrement religieux.

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Il est beau de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant . André Gide .


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