Bon, commençons par le commencement.
Un saint patron est un saint, dont vous portez le nom et qui, depuis votre baptême jusque dans l'éternité, assure votre protection par sa médiation de prière dans le ciel.
Ainsi, le donateur Nicolas Bellogio est sous la protection, visible dans le tableau, de (saint) Nicolas de Tolentino, le saint patron que lui ont donné ses parents, parrains et marraines lors de son baptême. Notez qu'ils auraient pu aussi bien choisir saint Nicolas de Bari (LE saint Nicolas, fêté en décembre), mais non ! ils avaient choisi saint Nicolas de Tolentino.
Pour la même raison, on peut déduire que sa femme s'appelait Claire, puisqu'elle est sous la protection de sainte Claire, aisément reconnaissable pour qui connaît les codes et attributs des différents saints du calendrier (comme dit plus haut : par sa tenue de clarisse et par l'ostensoir qu'elle tient).
cliloux a écrit :
Et si j'ai bien compris la scène se déroule juste après qu'on est enlevé le Christ de la croix mais alors a quoi sert l'éponge et le vinaigre ?
Relisez ce qui a été écrit, vous y trouverez la réponse.
Concernant le représentation des donateurs, à droite et à gauche de la scène principale mais en faisant quasiment partie, il faut vous reporter à ce qui se fait dans la plupart des œuvres et relire ce qu'a écrit Calame au sujet de la commande des œuvres de l'époque ...
Quant au "sens" de l'œuvre, ça se complique sérieusement sans connaissance préalable des thèmes religieux
...
On pourrait dire que dès le XIII° et l'avènement de la spiritualité franciscaine (= de saint François d'Assise), les œuvres religieuses deviennent plus naturalistes dans les expressions
(mais pas dans les représentations, cf. la liberté de traitement des fonds et des décors, et les anachronismes évidents des vêtements, sans compter -comme vous l'avez fait remarquer- la représentation simultanée des donateurs, et de leurs saints patrons, dans la scène principale, explicitement religieuse). Ce naturalisme (inconnu de l'art médiéval) tend notamment à montrer (de manière existentielle, dirait-on avec les mots d'aujourd'hui) que le Christ, vrai dieu et vrai homme, a connu tout des souffrances humaines, et ce afin de faire participer tous les hommes au salut divin ...
En gros, et au risque d'être vraiment caricatural, on pourrait traduire ce tableau par ceci :
1/ Nous (Nicolas Bellogio et ma femme Claire) nous associons aux souffrances du Christ et à la douleur de Marie sa mère ...
2/ ... pour être associé à sa résurrection et à la vie éternelle que Lui, le Christ, nous a ouvert par sa résurrection.
3/ Nous en témoignons par le don de ce tableau qui perpétuera notre prière ...
4/ ... et, puisque ce tableau est destiné à un monastère, les moines ou les moniales rediront notre prière
5/ ... dans les siècles des siècles. Amen !
J'espère que les spécialistes et connaisseurs ne m'en voudront pas de ce raccourci facile
.
Jean-Mic