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Message Publié : 27 Fév 2016 18:19 
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des Protestants ?

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Message Publié : 27 Fév 2016 18:22 
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J'ai l'impression que ça date des Romantiques.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 27 Fév 2016 18:37 
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Polybe
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LibiusPerseus a écrit :
"Charly 9" (quel titre grotesque!)

Oui, tout à fait grotesque.



LibiusPerseus a écrit :
C'est (...) une bonne façon d'illustrer cette fameuse légende noire des derniers Valois.

Tout à fait d'accord avec vous.



LibiusPerseus a écrit :
Pour "Charly 9" (...), c'est un roman et non une biographie. Il n'y a donc pas de raison de se fier à son contenu.

Si Jean Teulé avait fait un bon roman, avec un minimum de sérieux, on aurait pu se fier à son contenu. Rien n'interdit à un romancier d'étudier sérieusement l'histoire de France au XVIe siècle. Rien n'interdit à un romancier d'étudier les travaux de Crouzet, Jouanna, Knecht, etc.
Le roman de Teulé aurait-il eu le même succès s'il n'était pas le reflet de la légende noire des derniers Valois ? Probablement pas !


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Message Publié : 27 Fév 2016 19:48 
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Pierre de L'Estoile
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LibiusPerseus a écrit :
Je me suis toujours demandé d'où cette légende venait.
Des Bourbons désireux de glorifier leur ancêtre Henri IV?
Des révolutionnaires désireux de diaboliser la monarchie et les Catholiques?

- Dans son livre La Saint-Barthélemy. Les mystères d'un crime d'Etat, Arlette Jouanna consacre tout un chapitre sur la réaction des protestants après le massacre et comment en quelques mois se rédigent et se diffusent les premiers récits des évènements. Il s'agit d'abord d'une collecte d'information ; on dresse des listes de victime et on les fait partager par devoir de mémoire. Puis, les récits servent à appuyer les revendications politiques des monarchomaques contre le régime. C'est à partir de ces récits clairement orientés contre le pouvoir, que les Malcontents vont tenter de soulever le pays (complots de 1573 et 1574) et que les protestants vont constituer une "confédération" au sein du royaume (ce sont les Provinces de l'Union).
L'image d'un Charles IX transpirant de sang, date de cette époque. Arlette Jouanna montre comment les récits, recopiés d'ouvrage en ouvrage, évoluent. Au départ, il n'y a que son mouchoir qui est tâché de sang (tuberculose) et pour des effets de dramaturgie et d'analogie avec les massacres, cela devient Charles IX transpirait du sang... Parmi les pamphlets de l'époque, on trouve le fameux : Discours merveilleux de la vie, actions et deportements de Catherine de Médicis.

Après, on peut distinguer plusieurs grandes étapes dans l'élaboration de cette légende noire :

- L'acharnement des catholiques ligueurs contre Henri III, qui vont reprendre les thèses monachomaques des protestants pour les retourner contre eux.

- La glorification des Bourbon aux dépends des Valois, avec en tête de proue, l' Histoire du roy Henry le Grand (1661) écrit par l'archevêque de Paris, Hardouin de Péréfixe, qui n'est rien d'autre que le précepteur et le confesseur de Louis XIV.

- Les Lumières qui vont faire une lecture très orientée des guerres de religion. Le fanatisme du XVIe siècle servira de prétexte pour remettre en cause l’Église catholique et en premier lieu Voltaire qui s'est montré très mauvais historien, et qui a laissé plusieurs textes sur le sujet dont le fameux poème de 4300 alexandrins appelé La Henriade. Un siècle plus tard, Michelet (qui est protestant) et les historiens de son époque vont rester prisonnier de ce filtre.


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Message Publié : 27 Fév 2016 20:39 
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Polybe
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Merci de ces réponses, en particulier Châtillon.

Je suis bien sûr au courant de l’opposition que les Valois ont rencontré et des inepties que les Protestants, les Malcontents et les Ligueurs ont raconté à leur sujet (si je me souviens bien, l’histoire de l’inceste entre Henri III et Marguerite vient d’un pamphlet écrit par des Protestants en 1574) mais je doute que ce soit la raison profonde de leur légende noire ou, en tout cas, de la pérennité de leur légende noire.
Après tout, de son vivant, Henri IV fut aussi haï qu’eux si ce n’est plus. Pourtant, par la suite…

Je ne connaissais pas cette Histoire du roy Henry le Grand. Vous m’apprenez quelque chose.

Si j’en juge par ce que vous me dîtes, c’est grosso modo ce que je soupçonnais. D’un côté, les Bourbons qui veulent glorifier leur ancêtre. De l’autre, les philosophes du XVIIIème et les Républicains du XIXème qui veulent diaboliser la monarchie et/ou le Catholicisme.


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Message Publié : 28 Fév 2016 1:03 
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Polybe
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Châtillon a écrit :
Le fanatisme du XVIe siècle servira de prétexte pour remettre en cause l’Église catholique et en premier lieu Voltaire qui s'est montré très mauvais historien (...) Un siècle plus tard, Michelet (qui est protestant) et les historiens de son époque vont rester prisonnier de ce filtre.

Je propose que l'on regarde comment Michelet a exprimé sa vision calomnieuse des Guise et de Catherine de Médicis.

Dans "L’histoire de France" de Michelet, le Tome IX est consacré aux "Guerres de religion". Il est composé de 38 chapitres comme indiqué dans cette table des matières :

Citer :
Chapitre Ier. — Henri II. — La cour et la France. — Jarnac (1547)

Chapitre II. — Le coup de Jarnac (10 juillet 1517)

Chapitre III. — Diane. — Catherine. — Les Guises (1547-1550)

Chapitre IV. — L’intrigue espagnole

Chapitre V. — Les Martyrs

Chapitre VI. — L’école des martyrs

Chapitre VII. — Politique des Guises. — La guerre. — Metz (1548-1552)

Chapitre VIII. — Ronsard. — Marie-la-Sanglante. – Saint-Quentin (1553-1558)

Chapitre IX. — Persécution. — Mort d’Henri II (1558-1559)

Chapitre X. — Royauté des Guises sous François II (1559-1560)

Chapitre XI. — Terrorisme des Guises. — La Renaudie (1560)

Chapitre XII. — Mort de François II et chute des Guises (1560)

Chapitre XIII. — Charles IX. — Le Triumvirat. — Poissy et Pontoise (1561)

Chapitre XIV. — Intrigue des Guises en Allemagne (1562)

Chapitre XV. — Massacre de Vassy (1562)

Chapitre XVI. — Première guerre de religion (1562-1563)

Chapitre XVII. — La paix et point de paix (1563-1564)

Chapitre XVIII. — Le duc d’Albe. — La seconde guerre civile (1564-1567)

Chapitre XIX. — Suite. — Conquête de la liberté religieuse (1568-1570)

Chapitre XX. — Charles IX contre Philippe II (1570-1572)

Chapitre XXI. — Coligny à Paris. — Occasion de la Saint-Barthélemy (1572)

Chapitre XXII. — Les Noces vermeilles (août 1572)

Chapitre XXIII. — Blessure de Coligny. — Charles IX consent à sa mort (22-23 août 1572)

Chapitre XXIV. — Mort de Coligny et massacre du Louvre (22-26 août 1572)

Chapitre XXV. — Quelle part Paris prit au massacre (août 1572)

Chapitre XXVI. — Suite (août, septembre, octobre 1572)

Chapitre XXVII. — Le lendemain de la Saint-Barthélemy. — Triomphe de Char-les IX (1572-1574)

Chapitre XXVIII. — Fin de Charles IX (1573-1574)

Chapitre XIX. — Des sciences avant la Saint-Barthélemy

Chapitre XXX. — Décadence du siècle. — Triomphe de la mort

Chapitre XXXI. — Henri III (1574-1576)

Chapitre XXXII. — La Ligue (1576)

Chapitre XXXIII. — La Ligue échoue aux États de Blois (1576-1577)

Chapitre XXXIV. — Le vieux parti échoue dans l’intrigue de Don Juan (1577-1578)

Chapitre XXXV. — Le Gesù. — Premier assassinat du prince d’Orange (1579-1582)

Chapitre XXXVI. — La Ligue éclate (1585-1586)

Chapitre XXXVII. — Les conspirations de Reims. — Mort de Marie Stuart (1584-1587)

Chapitre XXXVIII. — Henri III est forcé de s’anéantir lui-même (1587)




Les chapitres XXII et XXIII relatent l'attentat manqué contre Coligny. Catherine de Médicis et les Guise ont soigneusement préparé le guet-apens. Les Guise fournirent l’assassin. Ils fournirent le logis d’où Maurevert devait tirer. Ils fournirent le cheval qui devait sauver l’assassin.

Citer :
Chapitre XXII
(...)
Dès le commencement d’août, sous le prétexte des noces prochaines, l’armée des Guises est entrée dans Paris, je veux dire les bandes nombreuses que cette riche maison, du revenu de ses quinze évêchés, et dans ses terres, ses fiefs, ses innombrables seigneuries, nourrissait et gardait en armes. Quelques-uns étaient des bravi comme Maurevert et Attin, pensionnés pour tuer Coligny et son frère. La grande masse étaient de pauvres gentilshommes, gueux nobles et mendiants bien nés que les cardinaux de Lorraine et de Guise, les princes de la famille, Henri de Guise, Aumale, Elbeuf, etc., tenaient en meutes, avec leurs dogues, pour les lâcher au jour utile.
(...)
Elle [Catherine] alla jusqu’à leur faire faire la démarche qui autrement leur eût ôté la plus antipathique, une alliance avec les Guises. Ceux-ci avaient besoin extrêmement de l’assassinat. Pourquoi ? Parce que, Henri de Guise, leur héros, ayant tellement échoué à la guerre, il leur fallait un coup pour se relever. Le crime fut débattu entre deux femmes. Catherine fit venir la veuve de François de Guise (alors duchesse de Nemours), la mère de Henri de Guise. Il n’y eut, avec le duc d’Anjou, que deux témoins, probablement Gondi (Retz) et Birague. On demanda à la veuve de Guise si elle ne voulait pas, ayant si belle occasion, exécuter enfin cette vengeance dont elle faisait bruit, qu’elle affichait depuis dix ans. Mais maintenant que la question était vue de si près, la mère de Henri de Guise eût bien voulu que l’affaire se fit par les hommes du roi, ou de Henri d’Anjou. Elle proposa un Gascon, épée connue et sûre. On le fit venir et causer. Mais le duc d’Anjou n’eut garde de le prendre. Il insista pour que cette vengeance de famille se fit par la famille, par l’homme qu’elle nourrissait exprès, l’assassin patenté, Maurevert. En d’autres termes, sa prudence laissait tout sur le dos des Guises. Ceux-ci réfléchirent qu’après tout, ayant à commandement, outre leurs bandes personnelles, cette grosse ville, sa milice de cinquante à soixante mille hommes contre les six cents gentilshommes de Coligny ; ayant, par le duc d’Anjou, lieutenant général du roi, les Suisses royaux, tous catholiques, et la garde royale, ils étaient plus de cent contre un ; que d’ailleurs, très probablement, il n’y aurait point de bataille ; que, Coligny tué, tout se disperserait. Donc ils prirent tout sur eux ; ils fournirent l’assassin ; ils fournirent le logis d’où l’on devait tirer ; ils fournirent le cheval qui devait sauver l’assassin. L’intendant de Guise, Chailly, alla chercher Maurevert et le logea chez le chanoine Villemur, ex-précepteur de Guise, au cloître Saint-Germain-l’Auxerrois. Ce fut des écuries des Guises qu’on tira un cheval d’Espagne, qui, sellé, bridé, attendit dans l’arrière-cour, près de la porte de derrière. Trois jours durant, derrière un treillis de fenêtre masqué de vieux drapeaux, se tint patiemment l’assassin, l’arquebuse chargée de balles de cuivre, appuyée et couchant en joue.
(...)
Chapitre XXIII
(...)
Au moment où l’assassin attendait déjà Coligny, la reine mère est si convaincue de l’indifférence d’Élisabeth à cet événement, qu’elle suit avec confiance l’affaire du mariage (...) Le vendredi 22 août, comme il rentrait lentement chez lui, revenant du conseil et lisant une requête, il passe devant la fenêtre fatale, il est tiré... Une balle lui emporte l’index de la main droite, une autre traverse le bras gauche. Maurevert avait tiré, comme Poltrot, de manière à blesser son homme, lors même qu’il serait cuirassé. Son arme était appuyée et pouvait tirer bien mieux. Mais la main du fanatique était restée ferme, et la main du coquin trembla. Sans s’émouvoir, Coligny montre la fenêtre d’où l’on a tiré, et dit : « Avertissez le roi. » (...) L’illustre chirurgien Ambroise Paré coupa le doigt blessé et fit à l’autre bras de profondes incisions. Ses amis pleuraient. Lui, merveilleusement patient : « Ce sont là des bienfaits de Dieu. » (...) D’autre part, malgré tant de vraisemblances, de preuves même et d’aveux des gens de la maison fatale, comme on parlait des coupables, il [Coligny] dit : « Je n’ai d’ennemis que MM. de Guise. Toutefois je n’affirme point qu’ils aient fait le coup. » Quelques hommes déterminés offrirent à l’amiral d’aller poignarder les Guises à la tête de leurs bandes. Mais il le leur défendit.


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Message Publié : 28 Fév 2016 16:06 
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Polybe
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Pendant longtemps les historiens et les romanciers ont diabolisé Catherine de Médicis et Charles IX.

Prosper Mérimée est l'auteur d'un roman historique : "Chronique du règne de Charles IX".

J'ai noté cette petite phrase dans la préface de "Charles IX" de Michel Simonin :
Citer :
(...) ce roi ne saurait être réduit à l'image d'Epinal, popularisée par Michelet et Mérimée


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Message Publié : 02 Mars 2016 0:55 
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Polybe
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Merci pour le texte de Michelet, Tivoli.
La profusion de détails rend le récit peu crédible.
Même en supposant que Catherine de Médicis et Henri d'Anjou aient rencontré Anne d'Este, comment imaginer que le déroulement de l'entrevue ne soit pas resté entre les personnes présentes?


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Message Publié : 28 Août 2022 23:38 
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Thucydide
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Hélas ! la légende noire des derniers Valois est encore à la mode. Une biographie récente d'Henri IV par Jean-Paul Desprat reste fidèle à cette légende.

Citer :
Dernier pas de danse à l'aube du vendredi 22 août et c'est à la fin de la matinée qu'a lieu l'attentat de Maurevert qui, s'il avait réussi, aurait peut-être circonscrit le massacre à la seule personne de l'amiral. Ce dernier, qui, très tôt, a assisté au Conseil, raccompagne le roi jusqu'à l'entrée du tripot où doivent s'affronter à la paume Guise et Téligny, son gendre. Il rentre chez lui à cheval et, pénétrant dans sa rue, essuie deux tirs d'arquebuse dont le premier brise le majeur de sa main droite et le second lui fracasse l'épaule.
Il est établi que le tueur, Louviers, seigneur de Maurevert, avait été recruté par le duc d'Aumale — un Lorrain — sur ordre de la reine mère ; et que l'arme provenait de l'armurerie du duc d'Anjou. Charles IX, effaré, ordonne immédiatement une enquête dont les concepteurs du complot savent pertinemment qu'elle va remonter jusqu'à eux. La panique les gagne. C'est l'attentat manqué qui va déclencher le massacre. [...] La reine mère, ordonnant l'exécution de l'amiral, suivant en cela l'avis de Gondi-Retz qui l'a persuadé que « s'en prendre au seul amiral, laisserait l'honneur du roi sauf », n'avait à ce moment aucunement l'idée de revenir sur l'édit de Saint-Germain de 1570, ni sur aucun des édits de pacification antérieurs. L'attentat manqué change brusquement tout le fond du théâtre. Le spectre de l'amiral devenu martyr décuple le péril protestant, augmente le risque de déclencher la colère de l'Espagne si le roi, par compassion pour l'amiral, décidait d'intervenir aux Pays-Bas. Il y avait péril, nécessité d'exercer une justice d'exception, au nom de la raison d'Etat.
A l'aube du massacre, il s'agissait sans doute encore, dans l'esprit de Catherine de Médicis, de circonscrire l'opération à quelques têtes, en se limitant à l'amiral et aux plus influentes figures du parti. Conception toute italienne, toute machiavélienne, et il n'est pas neutre de savoir que les Gondi-Retz étaient à cette heure les principaux conseillers de la reine mère. Pour Tavannes, la décision du coup de force aurait été prise dans un conseil restreint, le 16 août.
Navarre et Condé avaient été mis en garde, mais, écrit Agrippa, « [ces avis] furent reçus avec le plus grand mépris par ceux qui les suivaient ». Le mémorialiste incrimine en particulier Goulard, le gouverneur d'Henri : « Ces advertisseurs ne reçurent qu'injures : c'étaient des resveries, c'estaient des vieux fols, peureux, malicieux, turbulents et ennemis de l'Etat. »
[...] Dans son logis, à deux pas du Louvres, l'amiral endurait la douleur avec courage. Le fameux Ambroise Paré lui avait coupé le doigt blessé que menaçait la gangrène. [...] La chambre du blessé était devenue le sanctuaire par lequel étaient passés les deux rois, celui de Navarre et celui de France, ce dernier en pleurs, proposant à l'amiral de le ramener avec lui au Louvre pour le placer sous sa protection. Quand on avait annoncé l'attentat à Charles IX, il jouait à la paume. De rage, il avait cassé sa raquette : « N'aurais-je jamais de patience ? » Marque, s'il en était besoin, qu'il ne savait rien de ce qui se tramait.


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Message Publié : 29 Août 2022 12:54 
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Déjà Pierre de l'Etoile avait écrit une épitaphe de Catherine de Médicis:

Citer :
La reine qui ci-gît fut un diable et un ange,
Toute pleine de blâme et pleine de louange:
Elle soutint l’Etat, et l’Etat mis à bas;
Elle fit maints accords et pas moins de débats;
Elle enfanta trois rois et cinq guerres civiles,
Fit bâtir des châteaux et ruiner des villes,
Fit bien de bonnes lois et de mauvais édits.
Souhaite-lui, passant, Enfer et Paradis.

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Message Publié : 03 Sep 2022 11:43 
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Ontario a écrit :
Hélas ! la légende noire des derniers Valois est encore à la mode. Une biographie récente d'Henri IV par Jean-Paul Desprat reste fidèle à cette légende.

On se demande surtout en quoi c'est une conception italienne ? et machiavélienne ? Qu'est-ce que veut dire machiavélien ? L'emploi de ces deux mots est-il justifié ?
Pour le reste l'auteur s'en tient à une tradition historiographique un peu datée (l'auteur mentionne Retz et Tavannes, mais pas Montpensier et Nevers).

Jean-Marc Labat a écrit :
Déjà Pierre de l'Etoile avait écrit une épitaphe de Catherine de Médicis:

A priori, cet épitaphe devait faire partie de la collection de Pierre de l'Estoile qui avait pour passion d'acheter (voire échanger et revendre) tous les pamphlets, gravures et autres papiers relatifs à son époque. Lui-même mentionne dans ses mémoires combien la mort de la reine mère a été accueillie de façon indifférente par les Français. Conflit de génération. Catherine de Médicis appartenait à une génération datée, celle qui avait mordu à la réforme...


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Message Publié : 03 Sep 2022 13:52 
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Robert Merle, dans sa série "Fortune de France" fait dire à Henry IV (ci-devant roi de Navarre, et d'ailleurs il n'est pas encore couronné, il est en train d'assiéger Paris) au cours d'une visite à Saint-Denis, où il s'arrête devant le gisant de Catherine de Médicis :"Oh, comme elle est bien là !". :mrgreen:

Je suppose qu'il rapporte un propos peut-être apocryphe, mais qui a sûrement couru à l'époque.

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Message Publié : 03 Sep 2022 20:48 
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Tout en sachant que son corps était resté à l'église Saint-Saveur à Blois où elle était décédé. Des ligueurs ayant menacé de jeter son corps dans la Seine, et Henri IV ne l’appréciant guère, son cercueil n'a rejoint Saint-Denis que 22 ans après sa mort.


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Message Publié : 03 Sep 2022 20:55 
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Châtillon a écrit :
Tout en sachant que son corps était resté à l'église Saint-Saveur à Blois où elle était décédé. Des ligueurs ayant menacé de jeté son corps dans la Seine, et Henri IV ne l’appréciant guère, son cercueil n'a rejoint Saint-Denis que 22 ans après sa mort.

Merci pour l'information. (Curieux que Robert Merle ait fait une erreur aussi grossière, d'autant qu'il montre Catherine de Médicis déjà très mal en point à Blois.)

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Message Publié : 03 Sep 2022 21:34 
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Ontario a écrit :
Hélas ! la légende noire des derniers Valois est encore à la mode. Une biographie récente d'Henri IV par Jean-Paul Desprat reste fidèle à cette légende.

Ce livre est passé entre mes mains aujourd'hui. En page 165, on retrouve à nouveau le mot machiavélique associé à Catherine de Médicis. Ceci peut s'expliquer que son auteur n'est pas un universitaire mais un romancier. On pourrait se demander quelle différence ?

Il suffit de voir quelle sont les sources utilisées : Jean-Paul Desprat utilise et cite beaucoup les mémorialistes de cette époque ; ce sont les classiques, utilisés abondamment par le XIXe siècle, mais aujourd'hui délaissés car datés, orientés, complotistes ou compilateurs de fake news :
- Aubigné
- De Thou
- Brantôme

Bref, le romancier historien opère comme au XIXe siècle, quand on écrivait l'histoire à partir des témoignages. Contrairement aux chercheurs universitaires, il ne confronte pas ces témoignages aux sources écrites, manuscrites : lettres et autres documents d'archives.

Pierma a écrit :
(Curieux que Robert Merle ait fait une erreur aussi grossière, d'autant qu'il montre Catherine de Médicis déjà très mal en point à Blois.).
Robert Merle ne fait pas un travail d'historien et colle un peu trop aux textes qui l'inspirent (Montaigne, Pierre de l'Estoile, Jean Héroard). Sa vision reste manichéenne et (à l'instar du héros) ses personnages n'évoluent pas. Dans Paris, ma bonne ville, le jeune Henri de Navarre est déjà le Henri IV de la légende, ... Henri d'Anjou est déjà le Henri III qui déguise sa pensée en matière religieuse. Sa vision de Catherine de Médicis et de Marguerite de Valois est complètement obsolète (il reprend notamment la légende de la reine Margot qui collectionne les coeurs de ses amants et les conserve en relique dans sa robe 8-| ). Sa vision de Louis XIII est plus travaillée, mais c'est parce qu'il avait une source exceptionnelle à sa disposition : le journal de Jean Héroard son médecin.


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