Voici un autre témoignage sur la rareté des carrosses à Paris à la fin du 16e siècle.
Citer :
Il donnoit pour modéle d'une modération qu'on ne pouvoit trop recommander, la premiere Présidente de Thou, qui en qualité de femme du premier Magistrat, auroit pu se servir comme les principales Dames de la Cour, d'une litiere ou d'un carosse, dont l'usage étoit encore fort rare en ce temps-là : que cependant cette Dame n'alloit jamais par la ville qu'en croupe derriere un domestique, pour servir par sa modestie de régle & d'exemple aux autres femmes.
[...]
Jean de Laval Boisdauphin homme de qualité, a été le premier sur la fin du Regne de François I qui se soit servi d'un carosse à cause de son embonpoint, qui ne lui permettoit pas de monter à cheval. Il n'y en avoit alors à la Cour que deux, dont l'usage étoit venu d'Italie, l'un pour la Reine, l'autre pour Diane, fille naturelle de Henri II. Dans la ville, Christofle de Thou fut le premier qui en eut un, apres qu'il eut été nommé premier Président ; cependant il ne s'en servoit jamais, ni pour aller au Palais [de justice], ni pour aller au Louvre, quand le Roy l'y mandoit ; (car les magistrats gardoient encore religieusement cette loüable coûtume de n'aller jamais à la Cour, que par ordre du Roi). Sa femme en usoit de même, &, comme on le vient de le dire, n'alloit qu'en croupe quand elle rendoit ses visites à ses parentes ou à ses amies ; l'un & l'autre ne se servoient de leur carosse que pour aller à la campagne : ce qui fut cause qu'on fut long-temps sans en voir à Paris.
(Source : Collection universelle des mémoires particuliers relatifs à l'histoire de France, tomme LIII, contenant les Mémoires Jacques Auguste de Thou, Londres, 1789. Pages 297-298. Année 1588.)