Pouzet a écrit :
En 1558 'joachim" du bellay' pouvait écrire un poème dans lequel il disait "France mère des arts, des armes et des lois".
Lorsque ce poème fut écrit, le but était loin de s'inscrire dans la poésie laudative. Pour s'en assurer, il suffit de le lire entièrement.
Depuis l'Antiquité, la poésie obéit à des codes, des normes.
-
http://users.skynet.be/fralica/refer/th ... versif.htmCe poème est tiré d'un recueil : "Les Regrets". Ce recueil a été écrit à partir de 1555. De nos jours, nous avons la version "retapissée" ; généralement il n'y avait pas de titre et les titres furent mis en fonction du premier vers. Les poètes avaient plutôt tendance à numéroter.
"Les Regrets" contient 191 sonnets. Si la forme du "sonnet" est choisie, ce n'est pas au hasard.
Ces poèmes ont été écrits pour la plupart en Italie. Quelques uns font allusion au voyage de retour, les derniers (environ 40) ont sans doute été rédigés en France.
L'auteur souligne le caractère nouveau du recueil. Il renonce à la grande inspiration philosophique (Ronsard), à l'imitation des Grecs, d'Horace ou de Pétrarque : il a déjà utilisé cette veine.
Les souffrances d'un séjour à Rome lui font découvrir la "
poésie personnelle". Il faut voir "Regrets" comme un carnet de voyage, voyage douloureux où du Bellay voit la fin de ses ambitions, l'amertume qu'il en conçoit, l'ennui de cette vie et l'envie du retour.
Cette douleur et cette sincérité exprimées font de du Bellay le poète le plus "
moderne" de la Pléiade.
L'oncle du poète est Jean du Bellay, ambassadeur à Rome dès 1534. Il connaît des heures de disgrâce au début du règne d'Henri II. En 1553, le roi entre en guerre contre Charles Quint et recourt à Jean du Bellay pour négocier avec le pape Jules III. Jean du Bellay s'attache alors son neveu Joachim en 1553.
Investi d'une mission de confiance (il discutera des "capitulations" signées sous Sélim II avec l'Empire ottoman et se verra chargé d'en atténuer l'impact auprès de certains ambassadeurs de diverses cours d'Europe), le poète est déçu dans ses ambitions. Chargé de l'intendance de Jean du Bellay, ces occupations s'avèrent vite ennuyeuses : "
Je suis né pour la Muse, on me fait mesnager" (sonnet XXXIX), puis vient la nostalgie : "
La France et mon Anjou dont le désir me point..." (XXV). Il a plusieurs fois le désir de retour : toujours "
la flatteuse espérance" le retient auprès de son maître et de quelques exilés comme lui.
C'est le spectacle des mœurs romaines qui attise sa verve satirique : "Les vieux singes de Cour...", "Lorsque je vois ces Messieurs...".
Avec "
France... " (IX), tourné vers sa lointaine patrie, il souffre et pour exprimer cette détresse, du Bellay trouve l'image de l'agneau égaré. Dans la "chute", le poète pointe l'injustice de son sort ou "
si" est renforcé par "
pourtant" :
"Entre les loups cruels, j'erre parmi la plaine … / Las, tes autres agneaux …. /Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure / Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau."
A son retour en France, tout a changé. Il retrouve Paris "
sans pair". Repris par sa surdité un temps calmée en Italie, il publie les "Antiquités de Rome", "Poemata", "Jeux rustiques" et "Regrets".
Au décès d'Henri II, tout est à refaire et il se voit contraint -pour une pension- de devenir le "
poète courtisan" de François II. Pour les œuvres de ce moment, à l'exemple de Mellin de Saint-Gelais, du Bellay se gardera de les publier afin d'échapper à la critique.
"Tu seras bien venu entre les grands seigneurs, / Desquels tu recevras les biens et les honneurs / Et non la pauvreté, des Muses l'héritage, / Laquelle est à ceux-là réservée en partage, / Qui, dédaignant la Cour, fâcheux et mal plaisants, /Pour rallonger leur gloire accourcissent leurs ans." Du Bellay n'atteindra pas 40 ans.
Comme l'Histoire, un poème s'analyse de manière rigoureuse et sortir un vers de son contexte afin d'amener un questionnement peut parfois s'avérer périlleux.
Aussi est-il toujours bon de connaitre la biographie d'un écrivain et le contexte de l'écriture. Jean-Marc Labbat en fait la démonstration avec son exemple.
Charles d'Orléans sera prisonnier des Anglais pendant la Guerre de Cent ans, il passera vingt années dans les geôles anglaises sans que sa rançon ne soit payée. C'est là qu'il écrira l'essentiel de son oeuvre. Le contexte explique le poème : une laudation extrême de la France et puis une chute qui fait comprendre toute l'amertume du prisonnier, se voyant oublié : où sont donc les valeurs d'antan ?
bourbilly21 a écrit :
... çà ne vous rappelle rien ?
Du Bellay a écrit "Vision" concernant Rome.
-
http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassi ... ocher.htmlChâtillon a écrit :
Tout comme Louis XIV et Napoléon ont eux-même forcé la main au pape...
Philippe IV "le Bel" l'a fait en son temps, Charles Quint le fera...
Ici, il s'agit de la France mais je pense que n'importe quel endroit aurait donné autant d'arguments historiques (Florence, le Saint Empire, l'Autriche, l'Espagne, l'Empire ottoman...) concernant arts, armes et lois.
Narduccio a écrit :
Bref, il ne faut pas faire dire à un texte du Moyen-Age ce qu'il ne veut pas dire ...
Vous avez la définition philosophique : "Dans l'Antiquité, l'Art visait à exprimer la beauté"
-
https://fr.wikipedia.org/wiki/ArtAvec du Bellay, nous avons un peu dépassé le Moyen-Âge :
-
https://fr.wikipedia.org/wiki/Po%C3%A9s ... %C3%A7aisePouzet a écrit :
... qun avaient par exemple conquis l'amerique
Vous auriez pu poser cette question et prendre comme "appui" : "Heureux qui comme Ulysse...", tiré aussi de "Les Regrets". On peut y voir le bonheur des voyages et de la découverte mais la suite, là encore, montre la tristesse de l'éloignement et le besoin du retour.
http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassi ... oyage.html-